Mumlava est une charmante petite rivière qui coule dans les monts des Géants, chaîne de montagne située au nord-est de la Bohême. La rivière Mumlava est connue, surtout, pour son fabuleux saut atteignant près de dix mètres de haut. Le courant d'eau passe sur des rochers en granit cachant des cheminées, atteignants parfois jusqu'à dix mètres de profondeur. Non loin du saut, se trouve la petite ville de Harrachov, jouissant d'une tradition de tissage et de verrerie, aujourd'hui, centre renommé de sports d'hiver et lieu recherché par les randonneurs.
Mumlava
Dans une maisonnette croulante, au bord de la forêt, vivait une malheureuse jeune veuve. Son mari, un brave tisserand, fut surpris par une tempête de neige, alors qu'il revenait de Harrachov où il est allé vendre le fruit de son travail. Il perdit son chemin et trouva la mort au fond d'un ravin. Sa fille Lidka mourut d'une pleurésie, à l'âge de cinq ans. La jeune femme resta seule, abandonnée et très pauvre. Sa seule ressource de vie était le tissage et la cueillette de fruits des bois. Mais, cela ne lui rapportait qu'une risible somme d'argent. De plus, le destin n'avait pas trop flatté son visage, plutôt terne et insignifiant. La jeune veuve, qui avait perdu tout espoir, perdit aussi le goût de vivre.
Mumlava, photo: Pavel Pacovský
Un soir d'été, elle décida de mettre fin à ses jours. Elle s'en alla vers le saut de Mumlava pour se jeter dans les eaux réconfortantes. Une fois arrivée, elle s'assit au bord de l'eau et regarda l'eau couler. Soudain, elle aperçut de frêles jeunes filles danser entre les flots du saut. Les belles créatures étaient vêtues de robes transparentes de couleurs vertes, bleues, grises et jaunes. Elles lui souriaient et tendaient vers elle leurs fines mains, lui faisant signe de les rejoindre. La jeune femme n'hésita pas, se leva et entra dans l'eau. Elle avançait lentement. L'eau lui arrivait à mi-cuisse. Soudain, elle perdit pieds et son corps plongea. La jeune femme venait de sombrer dans une des cheminées de la Mumlava. La tête lui tournait, elle voyait des bulles blanches et étouffait. Puis, elle perdit conscience. Lorsqu'elle se réveilla, elle était couchée sur un lit de mousse, entourée des belles nymphes souriantes qu'elle avait vu danser sur les eaux du saut. Elles lui firent signe de se lever. Surprise, elle vit qu'elle était habillée d'une tunique transparente d'un bleu turquoise. L'une des nymphes lui tendit un miroir. La jeune femme vit le reflet de son visage changé. Il était radieux. Sa peau était devenue fine et blanche. Ses yeux avaient un éclat mystérieux, les lèvres avaient pris la couleur des fraises que, jadis, elle cueillait avec tant d'effort. La jeune femme insignifiante était devenue belle.
Evidemment, la jeune femme était morte noyée. Mais, tout comme la petite fille aux allumettes de Hans Christian Andersen, elle avait trouvé refuge dans le monde de l'au-delà. Un monde meilleur et réconfortant pour une femme sans futur et sans espoir, dans le monde dur et cruel de la réalité.