Le roi Michel Ier en visite en République tchèque pour honorer la mémoire des soldats roumains
Michel Ier, l'ancien roi de Roumanie, est une personnalité qui a joué un rôle très important dans la libération de la Tchécoslovaquie. A partir de 1944, il a pris la tête de l'armée roumaine pour chasser la Wehrmacht de son pays, puis a poursuivi l'offensive sur le front ouest jusqu'au territoire tchécoslovaque. A 83 ans, le roi, accompagné par son épouse Anne et son gendre, le prince Radu, a honoré ces jours-ci la mémoire des milliers de soldats roumains tombés et disparus dans la région, notamment en Moravie, dans les villes de Kromeriz et de Brno. Michel Ier, dont la visite était en partie organisée par la Prague Society, a répondu aux questions de Radio Prague en français.
Comment avez vous été accueilli à Kromeriz et à Brno ces jours-ci ?
« Cela aussi a été émouvant, car il y a un nouveau monument à Brno pour nos soldats. J'ai remercié l'Etat-major tchèque qui a beaucoup fait pour que ce monument existe. C'est enfin une reconnaissance de ce que l'on a pu faire, nous, pendant la guerre. »
Ce genre de geste permet-il une meilleure entente entre la Roumanie et la République tchèque ?« De ce que j'ai pu voir en Slovaquie et ici, les populations locales sont très favorables à la Roumanie, parce qu'il y a aussi une chose importante qui est que nos troupes se sont comportées peut-être bien différemment des autres. Avec humanité, les soldats roumains ont fait ce qu'ils ont pu pour faciliter les choses dans une situation difficile. »
Le gendre du roi, le prince Radu, a quant à lui insisté sur l'ancienneté et la profondeur des liens qui ont unit et unissent encore Prague et Bucarest :
« C'est une sorte de continuité dont je voudrais parler absolument parce que cela fait partie de toutes les valeurs que nos pays - la France, l'Allemagne, la République tchèque, la Roumanie - désirent partager dans la nouvelle famille européenne. L'exemple de la continuité des relations exceptionnelles entre la République tchèque et la Roumanie est peut-être pratiquement un modèle d'exemple. A partir de l'indépendance de l'Etat tchécoslovaque jusqu'à aujourd'hui, chaque génération a renouvelé et confirmé cette amitié. Tout au début, le père du roi - le roi Charles II - avait des relations excellentes avec le premier président T.G. Masaryk. Après, le roi a maintenu ces relations à son tour avec le président Benes. En 1944, la Roumanie a perdu 15 000 soldats roumains - seulement sur le territoire tchécoslovaque - et 66 000 de nos soldats ont été blessés ou ont disparu.
Et puis n'oublions pas 1968. Dans un système politique qui était mauvais, les Roumains ont tout de même refusé de faire partie de cet épisode qui reste de nos jours comme une tragédie. Naturellement, la sympathie du peuple roumain - non seulement des leaders qui ont décidé de ne pas participer mais aussi les masses populaires chez qui régnait presque une émotion générale en faveur des Tchécoslovaques - est quelque chose dont même moi qui était enfant à l'époque, je me rappelle sans failles.
Après, le soutien qu'a donné la République tchèque à la Roumanie pour l'OTAN et maintenant pour l'UE, et ce dernier geste très symbolique du chef de l'Etat-major, le général Stefka, qui a personnellement aidé pour l'accomplissement de ce monument parle de lui-même de près d'un siècle de relations très amicales et très européennes au centre de l'Europe. »