Le festival de Cannes vu par la presse tchèque

Jean-Pierre et Luc Dardenne, photo: CTK
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Le festival de Cannes qui vient de se terminer, a été suivi avec attention par les médias tchèques. Tandis que la presse française se montre assez critique vis-à-vis du niveau artistique du festival, la presse tchèque, elle, trouve en général que les organisateurs de ce festival ont réussi à réunir une collection de bons films sans avoir déniché, cependant, une oeuvre qui serait indiscutablement supérieure à toutes les autres. Quant aux tendances thématiques, on constate que ce sont les films sur la vie des artistes et le sort des migrants qui prédominent dans cette sélection.

Jean-Pierre et Luc Dardenne,  photo: CTK
Evidemment la presse évoque le film belge "L'Enfant", des frères Jean-Pierre et Luc Dardenne qui a remporté la Palme d'or, mais elle manifeste en général encore plus de sympathies pour le lauréat du Grand prix, le film de Jim Jarmusch "Broken flowers", et apprécie notamment l'humour et l'intelligence du réalisateur. A noter dans ce contexte que le sujet de l'oeuvre couronnée "L'Enfant", rappelle celui du film tchèque de Jan Hrebejk, intitulé Horem padem (Open down), considéré comme un des plus grands succès du cinéma tchèque de ces dernières années. De quoi raviver le ressentiment des cinéastes tchèques dont la production n'a pas été jugée digne d'être représentée au festival. Pour ne pas passer complètement inaperçus, les producteurs et les cinéastes tchèques se sont associés avec la Slovaquie et la Pologne et ont ouvert à Cannes un centre d'information sur leur production.

La vedette de ce centre a été sans conteste le réalisateur tchèque, Jiri Menzel, qui a présenté son projet d'adaptation du roman de Bohumil Hrabal "Moi qui ai servi le roi d'Angleterre". On n'a pas encore oublié que Jiri Menzel avait décroché un Oscar avec une adaptation d'un autre sujet hrabalien "Les trains étroitement surveillés" et on espère maintenant que son nouveau projet pourrait permettre au cinéma tchèque, dans le proche avenir, de prendre cette forteresse qu'est le festival de Cannes et de percer dans la sélection officielle. Le tournage du film doit commencer à l'automne. En février dernier, Jiri Menzel a présenté son projet à la presse tout en soulignant son caractère tchèque : "Je crois que Hrabal est un grand humaniste dont le point de vue est de regarder des gens comme des bêtes souriantes. Cela doit être un film tchèque, je n'aime pas les grandes coproductions avec des vedettes etc. Je n'aime pas les grands films. Je crois qu'il faut faire le film en tchèque avec des acteurs tchèques, mais probablement il y aura des rôles pour lesquels il faudra engager des acteurs allemands."

Dans la presse tchèque, on trouve aussi des considérations plus générales sur le festival de Cannes. La journaliste du quotidien Lidove noviny, Darina Krivankova, constate que le festival de Cannes est, je cite, "le plus grand, le plus prestigieux et le plus suivi par les médias" et qu'il jouit d'un grand respect parmi les cinéastes y compris ceux des Etats-Unis. Elle apprécie également l'attitude de la France par rapport à la production cinématographique : "Bien qu'aucun film français ne figure parmi les films couronnés, constate-t-elle, la France a coproduit, à l'exception d'une seule, toutes les oeuvres qui figurent au palmarès. Et même les films américains. La France attire aussi les talents qui sont à l'étroit chez eux. Bref, les Français savent manier le cinéma, y investissent et en tirent non seulement le succès, mais aussi un profit financier," conclue la journaliste tchèque.