Bientôt, le retour des crèches en République tchèque ?
La République tchèque fait partie des plus mauvais élèves européens en termes d’accessibilité et de disponibilité des structures d’accueil des enfants en bas âge. C’est en tout cas le constat du dernier rapport de la Commission européenne sur le développement de ces structures en vue d'accroître la participation des femmes au marché du travail. La ministre tchèque du Travail et des Affaires sociales projette justement de réintroduire les crèches en République tchèque.
En Tchécoslovaquie, sous le régime communiste, les crèches d’Etat, à destination des plus jeunes enfants, ont été introduites dès les années 1950 afin de permettre aux femmes de retourner au travail. Un acquis social, dans un régime par ailleurs inique, qui a en grande partie été balayé après la révolution de Velours.
Aujourd’hui, faute de structures d’accueil des enfants en bas âge ou d’accessibilité à celles-ci, il n’est pas rare de voir les femmes tchèques rester trois, quatre voire six ans d’affilée à la maison, dans le cas où elles ont deux enfants à la suite. Bénéficiant de prestations familiales sous forme d’un forfait de 220 000 couronnes (8 500 euros), répartissable selon la durée du congé parental, les femmes s’occupent le plus souvent de leur rejetons jusqu’à leurs trois ans, soit l’âge, garanti par la loi, auquel ceux-ci peuvent entrer en école maternelle.
Une situation qui contribue à la précarisation des femmes dans la société et qui explique aussi l’immense gouffre salarial entre celles-ci et les hommes : selon les derniers chiffres de 2018, les femmes touchent des salaires inférieurs de 22 % à ceux des hommes, soit le deuxième pire écart au sein de l'Union européenne. Pour la ministre tchèque du Travail et des Affaires sociales Jana Maláčová, les crèches sont une des clés pour rééquilibrer cette situation :« Nous voulons que la norme devienne : des crèches jusqu’à trois ans et l’école maternelle à partir de trois ans. Il existe à l’heure actuelle un millier de groupes d’enfants en République tchèque que nous voulons transformer en crèches. Sur le modèle des écoles maternelle, nous souhaitons leur octroyer un financement stable, changer leur nom, et augmenter leur niveau de qualité. Ces crèches doivent aussi être responsabilisées : si le niveau de qualité n’est pas assuré, les subventions seront stoppées. L’idée, c’est que les gens qui veulent combiner vie familiale et professionnelle en aient la possibilité. »
A l’heure actuelle ce millier de groupes existants prend en charge quelque 16 000 enfants à travers la République tchèque. Leur fonctionnement est en partie financé par le biais de subventions européennes, une dotation qui doit prendre fin en 2022. Il n’en reste pas moins que ces groupes d’enfants restent relativement peu abordables pour les parents : le plus souvent, après avoir calculé combien elles débourseraient pour placer leurs enfants dans une structure d’accueil, par rapport à leur salaire, les femmes tchèques finissent par opter pour le congé parental.
Le nouveau système proposé par Jana Maláčová table sur une somme mensuelle déboursée par les parents qui ne devrait pas excéder un tiers du salaire minimum, soit 4 450 couronnes. Pour la ministre, celles-ci pourraient être couverte par les prestations familiales liées au congé parental. D’après le projet de loi qu’elle doit présenter sous peu en conseil des ministres, mairies et employeurs pourraient, potentiellement, également participer au financement de ces crèches.