Le siècle de Meda Mládková, grande promotrice de la culture tchèque
Ce dimanche, Meda Mládková a atteint l’âge plus que respectable de 100 ans. Respectée, cette grande dame l’est déjà depuis plusieurs décennies, notamment en raison du travail qu’elle a accompli pour la culture tchèque et les arts décoratifs en particulier. Pour les Pragois, Meda rime avec Kampa, l’île de la capitale sur laquelle elle a fait construire le musée du même nom. Meda rime également avec Kupka, l’un des plus grands peintres tchèques qu’elle a contribué à rendre célèbre.
Pour Radio Prague, Meda Mládková a eu la gentillesse de répondre en français à plusieurs reprises et notamment en 2006, à la question de savoir comment reconnaître si un tableau était réussi :
« On ne peut pas se poser la question comme ça. Je crois qu'il faut acheter ce que l'on aime. Si vous aimez vraiment, vous allez accrocher, aller dans des musées et galeries... La musique, c'est pareil. On ne peut pas tout de suite aimer Cage, par exemple, ou un autre compositeur contemporain. Ce n'est pas possible. Il faut y aller lentement. Puis, vous aller commencer à aimer ce que vous n'aviez pas compris au début. C'est une évolution.»
La musique et la peinture, deux formes d’art parfois indissociables pour Meda Mládková, notamment quand elle parle de l’œuvre de František Kupka :
« J'étais assise des heures et des heures devant un de ces tableaux abstraits, je tremblais, je ne pouvais pas dormir. C'était la première fois dans ma vie qu'une chose pareille m'arrivait. Et j'avais l'impression d'entendre la musique de Dvořák, ses Danses slaves. Des années plus tard, après avoir étudié Kupka et l'art abstrait au Musée d'Art moderne de New York, j'ai enfin compris ! Ce tableau représentait en effet une fille en train de danser ! Peut-être même que Kupka écoutait Dvořák quand il travaillait dessus. C'est possible, car il écoutait toujours de la musique en peignant. »« Il y a deux hommes dans ma vie : mon mari et Kupka », nous a dit Meda Mládková. En 2012, elle nous racontait sa découverte pour la première fois de l’atelier de František Kupka à Puteaux, dans la banlieue parisienne :
« Je suis arrivée chez lui, un vieux monsieur est venu ouvrir la porte, et j’ai dit : ‘Je suis Tchèque, étudiante en art, je suis exilée et j’aimerais beaucoup voir vos tableaux’. Il était très heureux, parce que personne ne lui rendait visite à cette époque, les Tchèques ne pouvaient pas et les Français s’en fichaient. »
« Nous sommes montés dans son atelier et j’ai vu les tableaux… J’étais complètement folle! J’ai dit : ‘C’est magnifique, c’est beau, c’est formidable !’. Je voulais acheter un tableau, j’en ai choisi un et il me l’a laissé pour l’équivalent de 50 dollars, parce que madame Kupka le voulait. Lui m’aurait donné tout son atelier tellement il était heureux, ce pauvre Kupka … »
Meda Mládková, la nouvelle centenaire, devrait devenir très bientôt nouvelle citoyenne d’honneur de la ville de Prague, en même temps que le célèbre cinéaste Jiří Menzel.