Les plus beaux livres tchèques de 2018
Le livre est un objet qui fait partie de notre vie. Il nous instruit, nous amuse, nous subjugue ou nous laisse indifférents. Il y a de bons et de mauvais livres et il y a aussi des livres qui sont beaux, d’autres qui le sont moins ou qui sont franchement laids. Souvent nous ne nous rendons pas compte combien est important pour la relation qui se crée entre le livre et son lecteur, l’aspect graphique du volume, sa couverture, ses illustrations, son impression et même la qualité de son papier.
Les candidats en lice
Tous les ans les livres tchèques peuvent participer à une espèce de concours de beauté organisé par le ministère tchèque de la Culture et le Musée de la littérature nationale. La compétition est intitulée Les plus beaux livres tchèques de l’année. Eliška Boumová est secrétaire de ce concours largement ouvert à différentes catégories de participants :« Chaque année des éditeurs, des auteurs, des graphistes, et même des étudiants et des écoles peuvent présenter à ce concours des ouvrages parus au cours de l’année écoulée. Les livres ne peuvent participer qu’à condition qu’ils soient publiés par un éditeur tchèque et imprimés par une imprimerie tchèque. Par contre, il n’est pas exigé que le livre soit écrit en langue tchèque. Ce qui est important, c’est le niveau graphique et le design mais les jurys examinent évidemment aussi dans quelle mesure le contenu du livre correspond à sa réalisation graphique, aux illustrations, etc. Nous avons eu dans le concours aussi des livres en langues étrangères, pas seulement des livres tchèques. »
264 livres repartis en huit catégories
Cette année, c’était déjà la 54e édition de ce concours organisé par le ministère tchèque de la Culture et le Musée de la littérature nationale. Eliška Boumová précise :« Annuellement plus de 200 livres participent à ce concours et cette année la participation a été encore plus élevée – 264 livres répartis en huit catégories. Les membres des commissions qui devaient choisir les vainqueurs ont discuté vivement et passionnément sur les aspects les plus importants des beaux livres, sans parvenir à se mettre d’accord pour savoir s’il s’agit des illustrations, de la polygraphie ou de la typographie. Les résultats des meilleurs livres que les jurés ont placés en tête du classement, ont été très serrés. »
Dans chaque catégorie les jurés ont distingué trois meilleurs livres dont le vainqueur absolu. Dans la catégorie de la littérature spécialisée, c’est l’ouvrage intitulé Co je designér : věci, místa, sdělení - Qu’est-ce qu’un designer : choses, lieux, messages. Son auteur Norman Potter, designer britannique renommé, examine dans cet ouvrage le rôle du design et les problèmes de l’enseignement dans les écoles artistiques. Le jury a apprécié la présentation graphique du livre signé par Kateřina Šuterová. Dans la catégorie des belles lettres la victoire a été remportée par le livre Moc a vzdor - Le pouvoir et la résistance d’Ilja Trojanow dont la réalisation graphique a été confiée à Juraj Horváth. Le livre est considéré par les jurés comme un exemple parfait de ce que devrait être un ouvrage littéraire, je cite, « un objet discret et pratique que vous avez envie de prendre dans les mains ».Quand le livre devient aussi un jouet
Dans la catégorie du livre pour enfants, le jury a attribué la première place au livre intitulé Bydlíme - Nous habitons de Jiří Dvořák. L’auteur invite les jeunes lecteurs à jouer avec ce livre dont les images peuvent apparaître ou disparaître grâce à une trouvaille technique astucieuse. Parmi les admirateurs de cet ouvrage étonnant il y a entre autres le directeur du Musée de la littérature nationale Zdeněk Freisleben :
« C’est un livre excellent. Il saisit la problématique de l’habitation dans toute son ampleur. Il explique et démontre comment on habite et y ajoute aussi l’aspect social parce qu’il présente aussi parmi les exemples d’habitation les gens dépourvus de domicile, les SDF. Les auteurs ont donc fait preuve d’une riche invention et ont créé un livre accompli aussi bien au niveau du texte qu’au niveau des illustrations. C’est donc un livre pour enfants exemplaire. »
La maison d’éditions Baobab
La catégorie du livre pour enfants a été largement dominée par la maison d’éditions Baobab dont les ouvrages ont occupé les trois places en tête du classement. Les artistes invités à la collaboration avec cette maison d’édition font preuve d’originalité, d’inventivité et d’un sens de l’humour remarquable. On pourrait même dire que cette éditeur a été le grand favori de la compétition de cette année et que son succès n’est pas tellement surprenant car sa production avait déjà été appréciée lors des éditions précédentes du concours. Zdeněk Freisleben s’interroge sur les raisons de ce succès :« Avant, les graphistes étaient très liés aux maisons d’édition qui avaient souvent l’exclusivité de leur travail. Aujourd’hui les maisons d’édition font appel à toute une pléiade d’auteurs ce qui veut dire qu’un graphiste travaille pour plusieurs éditeurs. Et je crois que la production de la maison Baobab est basée justement sur le fait que cet éditeur collabore avec toute une série de graphistes remarquables. Et cela joue un rôle important. »
Une spécificité de cette année
Les autres catégories du concours sont réservées aux livres didactiques et manuels scolaires, aux livres d’art, aux catalogues, aux bibliophilies et aux livres d’auteurs. Des prix spéciaux ont été décernés aussi aux travaux des étudiants des écoles artistiques, aux graphistes de moins de trente ans, aux livres ayant le meilleur niveau polygraphique, etc. Eliška Boumová se félicite d’une spécificité du concours de cette année :« Il y a un aspect bien exceptionnel dans le concours de cette année, c’est qu’on a réussi à attirer des participants de qualité dans la catégorie des livres didactiques et donc aussi des manuels scolaires. Ce n’est pas tout à fait habituel. L’année dernière par exemple aucun prix n’a été décerné dans cette catégorie. »
Le pèlerinage international des plus beaux livres tchèques
33 ouvrages au total ont été distingués dans le cadre de ce concours de beauté des livres et il est évident que les jurés n’ont pas demandé aux livres seulement de plaire au lecteur mais aussi de l’amuser par son aspect extérieur, de le surprendre par sa présentation graphique et de stimuler sa fantaisie. Le cérémonie de proclamation des résultats du Concours de 2018 s’est tenue à Prague le 5 avril dernier. Les plus beaux livres tchèques sont désormais connus et, selon Eliška Boumová, peuvent être présentés au monde :« On pourrait dire que la cérémonie de proclamation des prix n’est que le début du pèlerinage des livres dans le monde parce que nous collaborons avec les ministères de la Culture et des Affaires étrangères. Nos livres sont exposés dans le cadre des salons de Leipzig, de Francfort et de Londres. Mêmes les lecteurs étrangers ont donc la possibilité de voir et de feuilleter ces livres sur les stands tchèques. Outre cela nous collaborons avec les Centres tchèques à l’étranger. Ainsi on organise des expositions de livres tchèques par exemple à Vilnius. De temps en temps nous envoyons nos livres au salon de Kiev et l’année dernière nous avons exposé nos livres au musée du design et au salon de Taipei. »
Tous les ans le Musée de la littérature nationale et le ministère tchèque de la Culture présentent des livres tchèques au concours des plus beaux livres du monde organisé par la fondation Stiftung Buchkunst à Francfort qui réunit les plus beaux livres sortis vainqueurs de concours nationaux. Deux fois déjà les livres tchèques ont été distingués au concours de Francfort. Dernièrement, en 2017 la médaille de bronze a été attribuée au livre Bonjour, Monsieur Gauguin. Ce livre d’art publié par la Galerie nationale de Prague évoque par plus de deux centaines d’illustrations et des textes de chercheurs avertis l’engouement des peintres tchèques des XIXe et XXe siècles pour les paysages de la Bretagne.