Irak, Afghanistan, Kosovo… : la République tchèque engagée dans l’OTAN
Si la République tchèque est entrée officiellement dans l’OTAN en 1999, le pays a participé à des missions militaires à l’étranger, sous commandement de l’Alliance, dès le début des années 1990, en Irak et dans l’ex-Yougoslavie. Depuis les années 2000, les soldats tchèques sont engagés en Afghanistan et depuis peu, également déployés dans les pays baltes. 29 d’entre eux ont perdu la vie dans le cadre de ces missions internationales.
Aujourd’hui, environ 80 soldats tchèques sont toujours présents en Irak, chargés, entre autres, de former des pilotes irakiens au maniement des avions d’attaque au sol L-159, des appareils produits par la société tchèque Aero Vodochody.
Si les soldats tchèques sont présents en ex-Yougoslavie dès 1992 dans le cadre de l’opération de maintien de la paix de l’ONU, ils enchaînent en 1995 avec la force opérationnelle de l’OTAN, IFOR qui succède à la FORPRONU. En 1999, le Kosovo sera un des autres champs de bataille sur lesquels s’engage la République tchèque. A peine devenue membre à part entière de l’Alliance transatlantique, la République tchèque doit donner son accord au bombardement de la Serbie par les forces de l’OTAN. L’actuel président tchèque Miloš Zeman, alors Premier ministre, décide de suivre le mouvement, mais dans un récent entretien accordé à l’agence de presse ČTK, il estime aujourd’hui que ces bombardements ont été une « erreur ».Des soldats tchèques sur terre et dans les airs
A contrario, le président tchèque se dit pour un renforcement des forces internationales en Afghanistan. Cette mission est l’un des plus longs engagements militaires de la République tchèque hors de ses frontières : depuis 2002, plus de 9 000 soldats sont passés par l’hôpital de campagne, des unités de surveillance ou de défense chimique. Aujourd’hui, les militaires tchèques sont entre autres chargés de la surveillance de la base aérienne de Bagram, dans l'est du pays, mais aussi de la formation de pilotes afghans à l’aéroport de Kaboul.En 2013, ils ont également achevé leur mission dans la province de Logar, située au sud-est de la capitale afghane. En cinq ans, 141 projets de reconstruction ont été concrétisés sur place avec la coopération tchèque. Des conseillers militaires ont également été déployés en Afghanistan pour aider l’armée locale à se développer techniquement et tactiquement.
Depuis 2002, 14 soldats ont perdu la vie dans le pays. 2018 a été, à cet égard, une année particulièrement meurtrière pour l’armée tchèque : quatre militaires ont succombé à leurs blessures après un attentat-suicide.
Enfin, comme Radio Prague l’annonçait en janvier dernier, l’année 2019 s’annonce plutôt chargée pour l’armée tchèque et ses missions à l’étranger, et notamment dans les pays baltes. Depuis le début de l’année, plus de 50 soldats tchèques participent aux mesures dites de « présence avancée renforcée » mises en œuvre par l’OTAN, sur la base d’Adazi en Lettonie. L’armée tchèque est également présente en Lituanie voisine, avec 230 soldats issus de bataillons mécanisés et équipés de véhicules Pandur. Au cours de la seconde moitié de 2019, c’est dans le ciel qu’il faudra chercher les soldats tchèques : les chasseurs tchèques Gripen, de fabrication suédoise, participeront à la mission Baltic Air Policing 2019 qui vise à la surveillance de l’espace aérien des trois pays baltes membres de l’OTAN.
Pour 2019, l’armée tchèque a également détaché 1 200 de ses soldats pour la Force de réaction rapide de l’OTAN : déployable rapidement, cette force interarmée est formée pour répondre à une crise n’importe où et n’importe quand.
L’actuel ministre de la Défense Lubomír Metnar (ANO), chargé de préparer les missions militaires internationales après 2020, tous mandats confondus, l’a déjà annoncé : la République tchèque entend respecter ses engagements, ne pas diminuer sa participation aux missions à l’étranger, voire les renforcer. Un objectif qu’il faudra toutefois examiner à la lumière des forces en place au Parlement : la coalition gouvernementale minoritaire dirigée par Andrej Babiš est tolérée par le Parti communiste qui s’oppose à toute augmentation des effectifs militaires tchèques à l’étranger et est tout particulièrement contre la présence tchèque dans les pays baltes, mission qu’il considère comme une provocation vis-à-vis de la Russie.