Cyclisme : Štybar enfin maître des pavés
Zdeněk Štybar a signé une des plus belles victoires de sa carrière en remportant, samedi, en Belgique, le Circuit Het Nieuwsblad, première classique flamande de l’année. Vainqueur en solitaire, le coureur tchèque a ainsi attaqué de la meilleure des manières une des périodes les plus excitantes de la saison, au cours de laquelle il pourra même rêver plus grand encore.
Qu’importe presque finalement que les cyclistes tchèques n’aient ramené aucune médaille et soient rentrés bredouilles des championnats du monde sur piste à Pruszków en Pologne voisine. En s’adjugeant à Ninove la Nieuwsblad, Zdeněk Štybar est devenu le premier coureur tchèque de l’histoire à remporter une classique du World Tour sur les pavés flandriens. Un succès qui vaut assurément son pesant d’or.
Souvent placé – et même très bien placé – les années précédentes, mais jamais gagnant, l’ancien triple champion du monde de cyclo-cross (2010, 2011, 2014) reconverti en routier depuis quelques années déjà, a enfin franchi les bras levés la ligne d’arrivée d’une de ces courses qui lui tiennent tant à cœur. Par la même occasion, le coureur de l’équipe Deceuninck-Quick Step s’est imposé dans son pays d’adoption, la Belgique. Certes, le Circuit qui s’appelait autrefois le Het Volk, bien que disputé dans les monts et sur les routes pavées des Ardennes flamandes, n’a pas le prestige d’un Monument, très loin du prestige et de l’immense ferveur populaire du Tour des Flandres ou de Paris-Roubaix (Milan-San Remo, Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie sont les trois autres classiques d’un jour considérées comme « Monuments du cyclisme »). Il s’agit même plutôt d’une semi-classique. Mais cela importait peu aux yeux de Štybar samedi, d’abord ravi et soulagé d’avoir débloqué son compteur dès la première course de la saison disputée en Belgique :« C’est très bon, vraiment ! J’ai enfin gagné une de ces courses ici en Belgique qui comptent parmi mes favorites. C’est un grand moment de bonheur aujourd’hui, parce que j’avais de bonnes sensations et que cela faisait un moment que j’attendais un tel succès. L’équipe m’a fait confiance quand je me suis retrouvé dans le groupe de tête, et cette victoire est importante pour elle aussi. Non, c’est très beau et je suis vraiment très heureux. »
Zdeněk Štybar a lâché ses quatre compagnons d’échappée sur la chaussée de Ninove, lieu d’arrivée d’une course partie de Gand près de cinq heures plus tôt et longue de 200 kilomètres. Sur le podium, il se trouvait ainsi, scène somme toute inhabituelle pour lui comme pour les observateurs, respectivement une et deux marches plus haut que Greg Van Avermaet et Tim Wellens, deux adversaires belges auxquels il se frottera très certainement de nouveau dans les semaines à venir sur les parcours des prochaines classiques. Souvent malheureux dans les finals les saisons précédentes, le Tchèque a cette fois eu le nez creux en partant en contre au moment opportun, suite à un démarrage de Wellems repris par Van Avermaet, à un peu plus de deux kilomètres du but :
« C’était très difficile parce que même si nous étions échappés, nous avions toujours la pression des autres coureurs derrière qui revenaient sur nous. Mais nous étions un groupe costaud et nous avons plutôt bien coopéré ensemble. Le Mur de Grammont et le mont Bosberg ont été les deux premiers tests, et après les avoir passés, nous avons senti que nous pouvions aller jusqu’au bout. Je me préparais pour le sprint, mais il y a eu un petit ralentissement, une opportunité s’est présentée à ce moment précis de la course et je l’ai saisie. Il ne me restait plus ensuite qu’à résister jusqu’à l’arrivée. »
Deux fois deuxième de Paris-Roubaix en 2015 et 2017, dans le Top 10 de toutes les « Flandriennes » dont il a pris le départ la saison dernière, Zdeněk Štybar, qui avait déjà remporté la dernière étape du Tour d’Algarve fin février, est un vrai spécialiste, depuis le début de sa carrière sur la route, des pavés, côtes, vent et autre pluie qui font le charme de ces courses traditionnelles si particulières du début de chaque saison cycliste. Pour autant, dans une équipe Deceuninck-Quick Step où les talents sont nombreux, sa victoire dans le Nieuwsblad ne confère pas à Štybar un statut particulier pour la suite très attendue par les amateurs de vélo des classiques de ces mois de mars et avril :
« Cela m’importe assez peu, car tout le monde dans l’équipe sait qu’il a sa carte à jouer. Aujourd’hui, mes équipiers ont travaillé pour moi, mais sur une autre course, ce sera le tour de quelqu’un d’autre. Ce n’est un secret pour personne. Tout le monde connaît notre tactique et l’était d’esprit qui règne dans notre équipe. Donc, peu importe qui est le prétendu leader avant une course. Personne ne prétend avoir ce statut, car c’est l’intérêt de l’équipe qui prime. Nous sommes le ‘Wolfpack’ – une bande de loups (surnom donné à l’équipe Deceuninck-Quick Step). »
Et Zdeněk Štybar, souvent valeureux et dur au mal, est donc devenu samedi, un peu plus encore, un des chefs de cette meute affamée. Un autre succès sur le Tour des Flandres, le 7 avril prochain, ou à Roubaix une semaine plus tard, en ferait même le mâle alpha.