En Tchéquie aussi, la viande polonaise de la discorde
Le scandale de la viande bovine polonaise contaminée à la salmonelle continue d’empoisonner les relations entre la Tchéquie et la Pologne. Tout comme plusieurs autres pays de l’Union européenne qui ont fait état de lots de viande bovine avariée en provenance de Pologne dans leurs circuits de consommation, la République tchèque aussi s’est retrouvée ces dernières semaines avec des lots de bœuf testés positifs à la salmonelle. Les services vétérinaires tchèques ont aussitôt introduit des mesures de contrôle extraordinaires.
Lundi, c’est sur la présence d’une tonne de bœuf polonais contaminée à la salmonelle, qu’ont été alertées les autorités tchèques par leurs homologues polonais, via le Réseau d'Alerte Européen (RASFF). La majeure partie du lot, de même provenance que la viande suspecte précédente, a certes été retrouvée, mais ce nouveau rebondissement met en lumière, entre autres, les conditions de production chez l’un des principaux producteurs et exportateurs de viande en Europe, voisin direct et important partenaire commercial de la République tchèque.
Depuis le 21 février, des contrôles extraordinaires ont été mis en place sur la viande bovine en provenance de Pologne, sans mettre pour autant un terme aux échanges commerciaux, comme le souligne le ministre de l’Agriculture Miroslav Toman :
« Les échanges commerciaux se poursuivent sous une condition : nous avons mis en place ces contrôles vétérinaires exceptionnels, mais il ne s’agit pas d’arrêter les échanges. Pour chaque livraison, nous exigeons la certification par un laboratoire que la viande est saine, qu’elle ne contient ni antibiotiques ni salmonelle. J’ai confiance en nos organes de contrôle. Evidemment, je ne peux pas exclure que quelqu’un veuille les contourner, mais si c’est le cas, des sanctions à hauteur de deux millions de couronnes peuvent être infligées. »A l’heure actuelle, les autorités tchèques n’envisagent donc pas l’arrêt total des échanges commerciaux. Pour le ministre de l’Agriculture, il faudrait un événement extraordinaire ou l’apparition d’une maladie contagieuse pour fermer les frontières à la viande polonaise.
« Dans le cas présent, il s’agit vraiment d’une négligence côté polonais. L’arrêt des importations serait envisageable si l’on se retrouvait avec une maladie du type de celle de la vache folle par exemple. Mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Arrêter les échanges serait une solution, mais nous ne voulons pas mettre un terme à la liberté de circulation des biens. Comme nous sommes soucieux de la santé des gens, nous avons choisi de mettre en place ces contrôles. »
Récemment, l’Union européenne a envoyé une équipe d’experts en Pologne, chargés de faire en sorte que les autorités locales mettent en place différentes mesures dans les abattoirs, pour davantage de transparence. Varsovie a jusqu’à fin mars pour se mettre aux normes et la République tchèque n’envisagera la fin des contrôles qu’une fois après avoir vérifié que celles-ci sont bien respectées.
La semaine dernière, la Commission européenne a fait savoir qu’il en revenait à la République tchèque de décider des mesures à prendre vis-à-vis de tout aliment suspect, mais que celles-ci devaient être appropriées. Une position qui correspond au compromis choisi par les autorités tchèques, mais qui n’a pas plu côté polonais : dès l’annonce de la mise en place des contrôles exceptionnels sur la viande en provenance de Pologne, le ministre polonais de l’Agriculture a brandi la menace de mesures réciproques sur les importations de bière tchèque.Reste que la viande polonaise traverse la frontière parfois en toute illégalité : rien que ce mardi, les douaniers tchèques ont interpellé près d’Olomouc un camion transportant frauduleusement plus d’une tonne et demi de bœuf polonais dans le pays. Il s’agit déjà de la troisième saisie similaire en moins de deux mois dans cette région de Moravie.