Le documentaire tchèque When the War Comes en compétition au Festival international du film des droits humains à Paris

'When the War Comes', photo: Stanislav Krupař

Une vingtaine de longs-métrages documentaires de création, pour la plupart inédits en France, figurent au programme du Festival international du film des droits humains qui se déroule jusqu’au 18 décembre prochain à Paris. Parmi eux le documentaire When the War Comes (Až přijde válka) du réalisateur tchèque Jan Gebert, projeté en ouverture du festival. Un film inquiétant qui raconte la montée en puissance d’un groupe paramilitaire slovaque au discours xénophobe et nationaliste qui se prépare à la guerre avec l’approbation tacite des autorités du pays.

Jan Gebert,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
Pendant trois ans, Jan Gebert, 37 ans, a voyagé en Slovaquie pour y filmer une formation paramilitaire « Slovenskí branci » dévouée à la nation slovaque et prête à défendre l’indépendance de celle-ci, les armes à la main. Jan Gebert :

« C’est un groupe paramilitaire composé d’environ 200 personnes et qui n’est pas contrôlé par l’Etat slovaque. Il est dirigé par Peter Švrček, actuellement âgé de 23 ans. Lorsqu’il avait 15 ans, il est parti s’entraîner en Russie, chez les cosaques. J’ai été interpellé par ce sujet, par le fonctionnement de ce groupe et l’histoire de son chef. Au départ, Peter est un personnage marginal qui joue au soldat, avec ses compagnons, quelque part dans la forêt. Ce petit soldat amateur se transforme en leader. »

Etudiant en archéologie, Peter et ses amis mènent une vie « ordinaire » de jeunes Européens. Leur particularité : ils aiment les armes, leur « âme slave » et détestent les réfugiés. En attendant que ces derniers « colonisent » l’Europe, les « Slovenskí branci » se préparent à la guerre. Ils recrutent des adolescents, les entraînent et les soumettent à des exercices humiliants. En public, ils apparaissent comme de braves jeunes hommes dont l’assistance est la bienvenue lors de l’organisation des événements culturels. Leur engagement extrémiste, qui est toléré par les autorités, devient une sorte de norme dans la société. Jan Gebert :

'When the War Comes',  photo: Stanislav Krupař
« Le public accepte ce comportement au lieu de s’y opposer. Peter se sent encouragé et réalise son ambition d’entrer en politique. Cette métamorphose que j’ai suivie dans le film me paraît assez typique pour certains leaders européens : souvent, ceux qui ont été en marge de la société à cause de leurs prises de position extrémistes se retrouvent soudainement au centre de la vie publique. »

Remarqué à la dernière Berlinale, ainsi que dans d’autres festivals en République tchèque et à l’étranger, le documentaire When the War Comes vient d’être présenté pour la première fois devant le public français. Jan Gebert a assisté à la projection du film à Paris, ainsi qu’au débat qui s’en est suivi :

'When the War Comes',  photo: HBO Europe
« La projection d’ouverture du festival s’est déroulée dans un cadre inhabituel pour moi. Lorsque j’ai cherché l’adresse du cinéma dans GoogleMaps, j’ai appris que la salle était en fait placée dans un centre d’accueil pour les réfugiés (la Salle Pouponnière du centre Les Grands Voisins, ndlr). Ce lieu est en fait un squat, un cinéma et un bar. La salle était pleine et les gens sont restés pour le débat. Je pense que mon film s’adresse à tous les publics. Pour comprendre l’histoire, il ne faut pas forcément être Tchèque ou Slovaque. Il me semble d’ailleurs que les protestations qui se déroulent actuellement en France sont une autre forme de cette révolte des jeunes Slovaques que je décris dans mon film. C’est une fois de plus une révolte contre le système libéral. »

When the War Comes de Jan Gebert sera projeté le 12 décembre au Centre tchèque de Paris. Toujours dans le cadre du Festival international du film des droits humains, le documentaire est également présenté ce mardi soir au cinéma Le Méliès à Grenoble.