De plus en plus de travailleurs illégaux en République tchèque
Selon la Radio tchèque, les entreprises ont de plus en plus recours au travail au noir et recrutent tout particulièrement des ressortissants étrangers de manière illégale. Depuis le début de l’année, les inspecteurs du travail ont découvert plus de 3 000 travailleurs au noir dans le pays, soit bien plus qu’en 2017. Une tendance à la hausse en raison notamment du manque de main d’œuvre en République tchèque, notamment dans pour les postes de travail manuel et peu qualifiés.
Entre janvier et septembre, les inspecteurs du travail ont ainsi découvert 3 200 travailleurs illégaux dans le pays, soit 200 de plus que pour toute l’année 2017. Les trois quarts d’entre eux étaient originaires de pays hors Union européenne détaille encore Richard Kolibač : « La plupart venaient d’Ukraine, mais aussi du Vietnam, de Moldavie, de Serbie, d’Ouzbékistan, de Biélorusse ou de Russie. »
Cette année, l’Inspection du travail a déjà infligé un total de 100 millions de couronnes d’amende aux employeurs contrevenant à la loi. En 2017, cette somme s’élevait à 85 millions de couronnes. Une des raisons du recours à l’emploi illégal est le faible taux de chômage en République tchèque.
« Nous ne soutenons évidemment pas cela, mais nous sommes dans un pays où 300 000 postes sont vacants et où il semblerait que le gouvernement n’entende pas faire grand-chose encore pendant longtemps, » relève le vice-président de l’Union de l’industrie et des Transports, Jan Rafaj.
Pour le porte-parole de l’Inspection du travail, les justifications cherchées en s’appuyant sur la situation économique du pays sont des excuses : « La raison principale de l’emploi illégal de ressortissants étrangers, est économique : ça permet aux employeurs de ne pas avoir à payer de charges salariales. »
D’après Jan Rafaj, ce sont ainsi des milliards de couronnes qui échappent à l’Etat tous les mois, mais ce n’est pas le seul problème : « Nous savons et nous avons entendu dans de grandes entreprises tchèques qu’elles refusent désormais de faire de gros investissements en République tchèque et préfèrent délocaliser. C’est un problème beaucoup plus important, » estime-t-il.
D’après le vice-président de l’Union de l’industrie et des Transports, une des solutions serait de faciliter l’emploi légal de travailleurs originaires de pays hors Union européenne, comme l’Ukraine. Mais il regrette les procédures longues et compliquées pour y parvenir. L’Union de l’industrie et des Transports propose depuis des années d’augmenter de plusieurs milliers les quotas de travailleurs ukrainiens.
Récemment, le gouvernement a augmenté ces quotas en les doublant, faisant passer le nombre de travailleurs ukrainiens pouvant venir en République tchèque à 20 000. Mais les employeurs demandent de les augmenter encore davantage.
D’après les prévisions de la Chambre d’économie, la situation sur le marché du travail devrait encore empirer l’an prochain, le nombre de postes vacants pouvant atteindre un demi-million.