La mondialisation et la Tchéquie : une approche pleine de paradoxes
Le rapport des Tchèques à l’égard de la mondialisation, une source de la croissance économique du pays, est le premier sujet traité dans cette nouvelle revue de presse. Elle se penche ensuite sur les chances pour la Tchéquie représentées par l’émergence de nouvelles technologies. Il sera également question de la gestion du secteur de la culture par le ministère dédié. On évoquera enfin le débat lancé par le journal économique, qui cherchait une réponse à la question de savoir si la Tchéquie vivait la meilleure période de son histoire.
« L’immense lien avec le monde et, en même temps, l’intérêt minimum pour ce que la mondialisation représente pour nous semblent constituer le plus grand paradoxe de la Tchéquie d’aujourd’hui. Toutefois, ce désintérêt ne concerne pas seulement la scène politique, mais aussi le secteur de l’éducation, les écoles ne donnant que peu de place à l’enseignement de l’histoire contemporaine qui permettrait de s’orienter à travers les événements d’actualité. En ce qui concerne les médias, force est de constater qu’ils ne donnent pas assez d’espace aux informations couvrant l’actualité internationale. Il n’y a en effet que la Radio et la Télévision publique qui ont des correspondants réguliers à l’étranger. Cet état des choses ne serait pas dû seulement à la crise des médias, mais elle reflète aussi les priorités des médias. »
Ce ne sont pas les tendances nationalistes du groupe de Visegrád, mais ce sont des pays comme les Pays-Bas ou le Danemark, avec des économies d’importance moyenne, qui devraient servir d’inspiration à la Tchéquie. Et l’auteur du texte publié dans l’hebdomadaire Respekt de conclure : « L’espace mondialisé aura des impacts grandissants sur nos vies, tant positifs que négatifs, voilà pourquoi il est souhaitable de le comprendre ».
Les chances de l’intelligence artificielle pour la Tchéquie
Le développement des robots est une immense occasion pour l’économie tchèque, car elle devrait lui permettre d’abandonner sa position « d’atelier de montage » bon marché. C’est du moins ce qu’estime l’auteur d’un article qui a été publié dans le supplément Česká pozice du quotidien Lidové noviny. Il rappelle :« En 1918, la Tchécoslovaquie nouvellement fondée pouvait se targuer d’avoir l’une des économies les plus développées au monde. Grâce à une réforme douloureuse après la guerre et à la forte croissance de son économie dans les années 1920, à mettre sur le compte des entreprises et des groupes nationaux, la Tchécoslovaquie est devenue un tigre économique au cœur de l’Europe. Aujourd’hui, nous avons une occasion semblable grâce à l’introduction des technologies dites de l’intelligence artificielle. »
Il va de soi qu’un pays comptant près de dix millions d’habitants ne peut pas se comparer avec les deux géants, les Etats-Unis et la Chine, mais plutôt avec des pays comme la Suisse, Israël ou la Grande-Bretagne qui misent sur les nouvelles technologies. De l’avis du scientifique Michal Pěchouček, « le défi pour la Tchéquie est de lier l’intelligence artificielle avec la production et de renouer ainsi avec sa tradition industrielle notamment dans le domaine automobile ». Un espace dans lequel le pays pourrait jouer un rôle très important. Outre le domaine de la sécurité cybernétique, c’est aussi Prague qui représente un atout important. Le scientifique cité dans le journal explique pourquoi :
« Prague est une ville que tout le monde connaît. Dotée d’une situation géographique unique, elle est très attrayante non seulement pour les touristes, mais aussi pour les jeunes scientifiques. Elle peut devenir un lieu de concentration de jeunes gens de talent qui voudront y faire des recherches et réaliser de nouvelles startups. Prague est une ville cosmopolite qui possède d’excellentes universités, des groupes technologiques et des capitaux supranationaux. »
Bien gérer le secteur de la culture, une mission difficile
Le défilé des ministres de la Culture que la République tchèque a connu au cours des dernières années n’est pas une chose dont la politique tchèque doit être particulièrement fière. C’est ce dont fait part un texte mis en ligne sur le site du quotidien Lidové noviny. Son auteur observe que ce poste a été très souvent occupé par des gens qui n’avaient pour cela aucune disposition ou expérience spéciale et que les ministres ont été le plus souvent choisis selon leur appartenance à tel ou tel parti :« Où trouver un bon ministre pour empêcher la discontinuité qui marque le secteur de la culture ? Ce n’est pas une chose évidente. Un ministre de la Culture doit être en premier lieu un bon fonctionnaire d’Etat, doté pour également d’une formation adéquate et de connaissances. Lorsque, par exemple, le Français Jack Lang, considéré comme le meilleur ministre de la Culture à l’échelle européenne, a été nommé à ce poste, il était déjà un expert chevronné. Chez nous en revanche, on voit nommer, à quelques exceptions près, des personnes qui n’ont presque rien à voir avec la Culture. »
En rapport avec la récente nomination d’un nouveau ministre de la Culture, Antonín Staněk, ancien pédagogue et maire de la ville d’Olomouc, l’auteur de la note publiée sur le site lidovky.cz émet un espoir prudent tout en admettant que « les résultats de ses prédécesseurs ne donnent pas lieu à un optimisme démesuré ».
La meilleure période de la Tchéquie ?
La Tchéquie vit-elle la meilleure période de son histoire ? Cette question a été mise en débat dans le quotidien économique Hospodářské noviny. Le « pour » a été défendu par Radek Špicar, vice-président de l’Union de l’industrie et des transports, qui a expliqué pourquoi :« La crise qui a éclaté il y a dix ans de cela nous a durement touché et il a fallu plusieurs années pour nous en sortir. Mais depuis quelques années déjà, la croissance de notre économie est l’une des plus rapides en Europe et cette tendance concerne aussi les salaires. Le taux de chômage du pays est le plus bas à l’échelle de toute l’Union européenne. Nous vivons en paix, les Etats voisins ne nous menacent pas et notre sécurité est garantie par notre appartenance à l’OTAN. Evidemment, on ne saurait prétendre que le monde d’aujourd’hui soit dépourvu de risques. Toutefois, pour beaucoup de raisons, vu de chez nous, on ne saurait imaginer une époque meilleure que celle qui est aujourd’hui la nôtre. »
Radek Špicar admet tout de même qu’il y a des gens qui ne partagent pas cette évaluation, car pour eux il ne s’agit que de données statistiques qui ne les concernent pas personnellement. La journaliste Saša Uhlová va plus loin en constatant :
« Il y a dix ans encore, beaucoup de médias avaient de la peine à admettre que la transformation du socialisme en une économie de marché n’a profité qu’à certains groupes de la population. Mais cette période est déjà révolue. Désormais, la plupart des libéraux de droite devinent que ce problème existe... Nous nous trouvons dans une situation où même la gauche libérale qui a toujours eu des réponses à tout, est en proie à l’incertitude, ne sachant pas quels sont les sujets qui devraient être soulevés dans le débat social. Les saisies des huissiers, les inégalités régionales, le logement social, autant de questions et beaucoup d’autres qui sont généralement connues et qui sont à l’origine d’une certaine inquiétude au sein de la société. Beaucoup estiment alors que nous sommes arrivés à un point charnière. On n’arrive pas cependant à s’entendre sur ce qui nous attend et où repose vraiment le problème. »
Selon la journaliste, ce qui complique encore davantage la situation c’est que nous vivons à une époque de croissance économique, un fait tant à gommer les arguments qui prennent en compte les aspects sociaux de la situation actuelle.