Gare à l’indigestion, le championnat tchèque de foot reprend déjà

Viktoria Plzeň, photo: Miroslav Chaloupka/ČTK

Cinq jours à peine après la finale de la Coupe du monde, le championnat de République tchèque de football, qu’il convient désormais d’appeler Fortuna:Liga, redémarre ce vendredi. Si le Viktoria Plzeň, champion en titre, et les deux grands clubs pragois, le Slavia et le Sparta, font une nouvelle fois figure de principaux candidats au titre de champion, la saison 2018-2019 qui s’ouvre sera marquée par une grande nouveauté : l’instauration de groupes de play-offs au terme des trente journées qui étaient alors traditionnellement disputées.

Photo illustrative: John Hartley / freeimages
C’est un peu comme de passer d’une bonne table d’un restaurant étoilé dans lequel on aurait dîné la veille au soir en agréable compagnie au self-service de la cantine de l’entreprise pour y déjeuner le lendemain midi. Ne cherchons pas à faire passer des vessies pour des lanternes : la transition du caviar russe, du foie gras français, d’un poisson grillé sorti des eaux de l’Adriatique ou des pralines belges aux « knedlíky » et au chou (excellent pour la santé, ne l’oublions pas) ne sera pas chose aisée. Plus que l'estomac, ce sont les yeux qui risquent de souffrir. Après un mois passé à suivre les meilleurs joueurs et équipes au monde, l’heure sonne donc déjà de se replonger dans la réalité du football tchèque et d’en revenir au pain quotidien. Mais les plus grands cuistots vous le diront : ils ne préfèrent rien de plus en réalité qu’une bonne tartine beurrée de pain frais. Et ce pain tchèque, notre foi(e), ceux qui savent ou ont appris à l’apprécier, le dégustent avec délectation. Bref, ne crachons pas dans la soupe et réjouissons-nous de voir ce bon vieux championnat tchèque rependre ses droits. Surtout que pour la première fois, il y aura du rab pour tous, joueurs, dirigeants (surtout) et supporters, en fin de saison.

Plzeň, Slavia et le Sparta, comme d’hab

Pavel Vrba,  photo: ČTK
Oublié donc l’exercice 2017-2018 marqué par les sacres du Viktoria Plzeň et accessoirement de l’équipe de France, et place à la nouvelle saison qui s’ouvre ce vendredi avec le déplacement en match avancé du champion en titre à Prague sur la pelouse du Dukla. Cinq fois vainqueur de la « Česká liga » depuis 2011 et directement qualifié pour la phase de poules de la Ligue des champions – une première pour une formation tchèque depuis plusieurs années déjà - le club de Bohême de l’Ouest attaque 2018-2019 avec des ambitions naturellement de nouveau très élevées, comme l’a confirmé son entraîneur, l’ancien sélectionneur Pavel Vrba :

« Il est évident que le Sparta et le Slavia voudront nous détrôner, mais cela fait déjà quelque temps que c’est comme ça. Notre objectif est donc de continuer à pratiquer un football qui non seulement soit agréable à regarder mais nous permette aussi de rester dans le haut du classement et de jouer les premiers rôles. »

Viktoria Plzeň,  photo: Miroslav Chaloupka/ČTK
A l’exception d’un milieu offensif nigérian arrivé à l’intersaison en provenance de Zlín (Ubong Ekpai si vous voulez tout savoir), Plzeň continuera de compter sur un effectif composé très majoritairement de joueurs tchèques et slovaques pour faire bonne figure tant sur la scène nationale qu’européenne (ce qui s’annonce autrement plus compliqué).

Pour retrouver une place au soleil plus conforme à leur prestigieux passé, à leur statut et surtout à leurs budgets, le Slavia et le Sparta, respectivement deuxième et cinquième la saison dernière, misent sur des groupes plus cosmopolites. Pour l’un comme pour l’autre, au-delà d’une très hypothétique qualification pour la phase de groupes de la Ligue des champions cet été pour le Slavia et des éliminatoires de Ligue Europa toujours quelque peu aléatoires pour le Sparta, l’objectif prioritaire sera de se mêler plus férocement que la saison dernière à la bagarre pour le titre de champion avec ces empêcheurs de tourner en rond de Plzeň. Entraîneur du Slavia, qui se déplacera dimanche à Olomouc pour la 1ère journée, Jindřich Trpišovský a toutefois fait preuve de prudence dans ses déclarations :

Jindřich Trpišovský,  photo: Michal Kamaryt/ČTK
« Nous ne pouvons pas au Slavia avoir d’autre objectif que de remporter le titre. C’est logique et le recrutement qui a été effectué va dans ce sens. Mais il avait déjà été dit la même chose au début de la saison dernière et nous n’avons finalement pratiquement jamais été en mesure de concurrencer Plzeň. J’attends donc que nous montrions sur le terrain quelles sont nos ambitions. L’avantage cette fois est que même si nous ne parvenons pas à nous qualifier pour la Ligue des champions, nous avons la certitude de disputer les matchs de poule de la Ligue Europa. Cela devrait nous aider. »

Du côté du rival du Sparta, après une saison dernière qui aura été la plus décevante de l’histoire du club depuis la partition de la Tchécoslovaquie malgré les centaines de millions de couronnes dépensées sur le marché des transferts, on rêve aussi de reconquête. Mais avant de songer au titre, c’est d’abord à celle de leur public que les Pragois pensent, comme le laissent transpirer les mots de leur capitaine, l’attaquant international Josef Šural :

« Nous sommes bien conscients que la préparation n’a pas été idéale en termes de résultats. Mais nous avons pu nous entraîner comme nous le souhaitions, que ce soit physiquement ou tactiquement. La compétition est toujours très différente des matchs amicaux, quels que soient les adversaires. Il nous tarde donc de commencer chez nous ce samedi. Nos supporters seront nombreux et il nous faudra gagner pour lancer la saison sur de bonnes bases. »

Des play-offs pour pimenter le tout

Sparta Prague,  photo: Vlastimil Vacek/www-sparta.cz/PR/ČTK
Pour ce qui est des formalités réglementaires, après l’instauration de l’arbitrage vidéo la saison dernière (utilisé toutefois pour des raisons techniques et financières seulement lors des matchs faisant l’objet d’une retransmission télévisée), la saison 2018-2019 sera marquée par l’organisation de play-offs en fin de saison.

Dans un premier temps, pour ce qui est de la saison régulière, rien ne changera. Les première et deuxième divisions comptent toujours seize clubs, qui continueront de s’affronter en une série de trente rencontres disputées en deux phases, aller et retour. Jusqu’à présent, le champion de République tchèque, ainsi que les clubs qualifiés pour les coupes d’Europe et les deux équipes reléguées en deuxième division, étaient désignés à l’issue de ces trente matchs.

Ce ne sera donc désormais plus le cas. Les seize clubs, qui conserveront tous les points obtenus durant la saison régulière, seront ensuite répartis en trois groupes en fonction de leur classement. Les six premiers seront placés dans un même groupe pour se disputer le titre de champion et les places européennes. A la différence de la saison régulière, les clubs ne s’affronteront toutefois plus par formule aller-retour, mais sur un simple match. Les trois premiers auront donc l’avantage de recevoir à trois reprises et de ne se déplacer que deux fois, tandis que les trois autres clubs moins bien classés ne recevront, eux, que deux fois et effectueront trois déplacements. Au total donc, cinq matchs supplémentaires seront disputés, soit une perspective qui, paraît-il, ravit tout le monde…