Foot : en 2019, le Slavia a tout écrasé en Tchéquie

Slavia Prague - Dynamo České Budějovice, photo: ČTK/Krumphanzl Michal

Le football en République tchèque, c’est fini pour 2019. Disputée le week-end écoulé, la 20e journée de la Fortuna Liga était la dernière inscrite au calendrier avant la traditionnelle longue trêve hivernale. Il faudra désormais attendre deux mois et la mi-février 2020 pour revoir un match officiel avec la reprise du championnat national. Une trêve que le Slavia Prague passera bien au chaud avec une confortable avance de seize points sur le Viktoria Plzeň, deuxième. Dans aucun autre championnat en Europe, un tel gouffre ne sépare le leader de son premier poursuivant.

Slavia Prague - Dynamo České Budějovice,  photo: ČTK/Krumphanzl Michal

Quart de finale en Ligue Europa (éliminé par Chelsea, futur vainqueur) et doublé coupe-championnat au printemps dernier, participation à la phase de groupes de la Ligue des champions et nouveau titre de champion national déjà dans la poche – ou presque - avant même la trêve hivernale : le Slavia a sans aucun conteste possible été l’équipe de l’année 2019 en République tchèque.

Le bilan chiffré en Fortuna Liga parle de lui-même : dix-sept victoires et trois résultats nuls, meilleure attaque (45) et meilleure défense (4) pour une différence de buts de +41, les Pragois ont écrasé la concurrence cet automne. Des concurrents qui n’en sont d’ailleurs même plus tout à fait. Dimanche encore, devant plus de 16 000 supporters, le leader n’a fait qu’une bouchée du Dynamo České Budějovice (4-1), le promu de Bohême du Sud voyant ainsi s’achever sa série de huit matchs sans défaite. Même aux yeux de son entraîneur Jindřich Trpišovský, le Slavia possède désormais une marge qui lui permet d’envisager sereinement la suite de la saison :

ČTK/Michal Krumphanzl
« Seize points, c’est beaucoup, bien évidemment, même si en tenant compte des play-offs, il reste encore quinze matchs à disputer et donc quarante-cinq points en jeu d’ici la fin de la saison. L’année dernière, nous avions atteint la trêve avec quatre points d’avance. En avoir douze de plus est forcément très appréciable. Par rapport aux nombreux départs de l’intersaison et à nos premiers matchs difficiles du début de saison, je ne m’attendais pas vraiment à cela. Avoir pris cinquante-quatre points en vingt matchs est assez exceptionnel, je crois. »

Il s’agit en effet d’un record – égalé - dans l’histoire du championnat tchèque. Mieux même, en tenant compte de la fin de la saison dernière, le Slavia reste sur une série d’invincibilité de vingt-six matchs en championnat. Que ce soit contre Plzeň (1-0), dans le derby contre le Sparta (3-0), contre Jablonec (2-0), Mladá Boleslav (1-0) ou encore Slovácko (3-0), les cinq équipes qui figurent derrière eux au classement et disputeraient les play-offs en leur compagnie au printemps prochain si les choses devaient rester en l’état, les Rouges et Blancs n’ont pas laissé la moindre miette à leurs poursuivants. Pour autant, Jindřich Trpišovský considère que lui et ses hommes doivent déjà voir plus loin que l’horizon du printemps et ne pas se reposer sur leurs acquis :

« Je ne cache pas que j’ai quelques craintes, mais l’important sera de ne pas penser à notre avance et de toujours s’efforcer de faire plaisir aux gens pour qu’ils continuent à venir nombreux au stade. Les titres sont importants, mais ce qui l’est plus encore, c’est le jeu que nous produisons. Si nous poursuivons sur la voie que nous avons tracée, nous ne serons pas très loin l’été prochain de ce que tout le monde souhaite au club : une nouvelle qualification pour la phase de groupes de la Ligue des champions. Ce qui me fait un peu peur, ce sont les sollicitations que vont avoir mes joueurs. Plusieurs d’entre eux ont attiré l’attention sur eux cet automne à travers leurs performances en Ligue des champions et avec l’équipe nationale. Leurs éventuels départs seraient difficiles à compenser. Je pense notamment à (notre milieu défensif) Tomáš Souček, qui mériterait un tel transfert, même si nous n’en avons pas encore parlé. »

En Ligue des champions, le Slavia a étonné l’Europe

Souverain donc sur la scène nationale, le Slavia a également séduit en Ligue des champions grâce à la qualité de son jeu. Malgré une dernière place finale prévisible avec seulement deux points récoltés dans un groupe qui était toutefois certainement le plus relevé de la compétition avec Barcelone, le Borussia Dortmund et l’Inter Milan, les Pragois ont laissé une formidable impression lors de chacun de leurs six matchs disputés, confirmant ainsi que leur parcours de la saison dernière en Ligue Europa était tout sauf le fruit du hasard.

Tomáš Souček,  photo: ČTK/AP/Martin Meissner
Mardi dernier encore en Allemagne, Tomáš Souček et ses partenaires, auraient certainement mérité mieux qu’un nouveau revers (1-2), le quatrième dans la compétition. Probablement meilleur joueur tchèque de l’année, le capitaine du Slavia, Tomáš Souček, regrettait le manque à la fois de réussite et de réalisme du Slavia :

« Le résultat n’est pas bon, comme lors de la plupart des matchs précédents en Ligue des champions. Nous en sommes pratiquement toujours ressortis frustrés. Encore ce soir, nous avons bien joué, nous nous sommes procuré un tas d’occasions, le gardien du Borussia a peut-être bien été le meilleur joueur du match, mais nous repartons d’ici les mains vides… Je pense pouvoir dire que nous avons souvent fait jeu égal avec nos adversaires, nous avons honoré les couleurs du club, mais le regret restera que nous avons pris trop peu de points. »

Le Slavia éliminé, les coupes d’Europe se sont donc arrêtées dès cet automne pour le football tchèque. Car le parcours des Pragois ne doit pas faire oublier que les quatre autres clubs en lice cette saison ont été sortis dès la phase préliminaire de la Ligue des champions comme de la Ligue Europa. Du coup, la République tchèque présente son plus mauvais bilan dans les compétitions européennes de ces onze dernières saisons. Un bilan forcément inquiétant pour l’avenir…

Pavel Vrba a fait ses adieux à Plzeň, le Sparta sur la pente ascendante

Pavel Vrba,  photo: ČTK/Miroslav Chaloupka
Derrière le Slavia, le Viktoria Plzeň (2e, 38 points), Jablonec (3e, 35 points) et le Sparta Prague (4e, 33 points) devraient s’entredéchirer pour les places d’honneur. Souvent décevant dans le jeu, le club de Bohême de l’Ouest, champion en 2018, poursuivra la saison sans son entraîneur Pavel Vrba. A l’issue du match nul (1-1) concédé à domicile contre Teplice dimanche, l’ancien sélectionneur tchèque, grand artisan des principaux succès de Plzeň ces dix dernières années, a reconnu qu’il s’apprêtait, à 56 ans, à relever un nouveau défi :

« Je dois dire que j’ai passé sept saisons et demie formidables dans ce club. Je garderai un excellent souvenir de Plzeň. Je ne serai probablement plus là pour la reprise de l’entraînement en janvier prochain, mais je pense que nous avons vécu beaucoup de bons moments ensemble. Je tiens à remercier les supporters qui ont toujours été derrière nous même quand les choses tournaient un peu moins bien. »

Ce lundi, après avoir été longuement remercié par les supporters la veille, Pavel Vrba a confirmé qu’il dirigera prochainement le Ludogorets Razgrad, actuel leader du championnat de Bulgarie, qualifié également pour les 16es de finale de la Ligue Europa. Après une première mitigé en 2016 après l’Euro en France dans le championnat de Russie à la tête de l’Anji Makhatchkala, il s’agira de la deuxième expérience à l’étranger pour l’un des entraîneurs tchèques les plus marquants de la décennie écoulée.

Selon les médias tchèques, Pavel Vrba devrait être remplacé par Adrián Guľa, l’actuel entraîneur de l’équipe de Slovaquie espoirs, dont le nom avait déjà évoqué du Sparta Prague dans un passé relativement récent.

Václav Jílek,  photo: ČTK / Jaroslav Ožana
Un Sparta qui est toutefois dirigé par Václav Jílek depuis l’été dernier et qui passera la trêve hivernale à la quatrième place, avec donc 21 points de retard sur son grand rival du Slavia. Très vite largué dans la course au titre de champion, qui était pourtant comme toujours l’objectif annoncé en début de saison, l’autre grand club de la capitale figure également derrière Plzeň et même Jablonec. Après le résultat nul (0-0) ramené samedi par son équipe de son déplacement à Ostrava, Václav Jílek a toutefois estimé que le Sparta remontait la pente :

« Je pense que notre situation n’est pas mauvaise. Tout le monde au club a pris conscience de nos progrès. Après une entame de saison difficile, nous avons commencé à mieux jouer et à prendre des points. Mais il faut aussi reconnaître que nous avions des ambitions plus élevées et que nous sommes encore loin du compte. Nous possédons cinq points de retard sur Plzeň et ce sera compliqué de revenir. Il est évident que nous avons encore beaucoup de travail devant nous pour parvenir là où nous voulons être, c’est-à-dire tout en haut du tableau et nous mêler à la lutte pour le titre. En attendant, nous devons faire le maximum pour décrocher la deuxième place. »

Baník Ostrava - Sparta Prague,  photo: ČTK/Ožana Jaroslav
A moins d’une catastrophe industrielle au Slavia qui priverait le club d’un deuxième titre de champion d’affilée, le principal intérêt de la seconde moitié de la saison au printemps prochain avec de nouveaux play-offs qui risquent fortement de manquer de piment reposera donc sur la bataille pour la deuxième place et les places européennes.

Il faudra s’en contenter en attendant de suivre le parcours de la Reprezentace à l’Euro 2020. En compagnie de l’Angleterre, de la Croatie et d’un troisième adversaire dont elle connaitra l’identité en mars prochain, la République tchèque devra sans doute faire mieux que ce qu’elle a montré durant l’essentiel de l’année 2019 - malgré une victoire de prestige à Prague contre l’Angleterre – pour espérer sortir de son groupe.