Le Parlement tchèque ratifie enfin l’Accord de Paris
La République tchèque était le dernier membre de l’Union européenne (UE) à ne pas avoir ratifié l’Accord de Paris sur le climat. C’est maintenant chose faite depuis mardi, soit près de deux ans après l’adoption du document.
Mais pendant que les députés débattaient, les regards européens se tournaient vers Prague. Les autre pays membres de l’UE ayant en effet déjà tous ratifié le texte, la République tchèque commençait à faire figure de mauvais élève.
Le ministre de l’Environnement, Richard Brabec, s’est pour sa part réjoui de cette ratification, et a jugé bon de rappeler aux députés l’urgence de la situation en leur expliquant que « le réchauffement climatique ne touche pas seulement les ours polaires et les îles du Pacifique, mais bien chacun d’entre nous ». Après cette déclaration, Richard Brabec a insisté sur l’importance que revêt pour la République tchèque la participation à l’effort mondial, alors que le texte a déjà été ratifié par 160 Etats.
Une question demeure cependant : pourquoi cette ratification a-t-elle nécessité autant de temps ? Directeur de l’association écologique Hnuti Duha, Jiří Koželouh apporte un élément de réponse :« L’explication principale réside dans le fait que le Part démocrate civique ODS, qui est une des principales forces d’opposition à la Chambre basse, a bloqué le processus. Et ce alors que le gouvernement et les autres partis tenaient de leur côté à cette ratification. »
Le retard pris pendant le travail parlementaire est effectivement essentiellement imputable aux députés de l’ODS, parti de droite qui compte quelque climato-sceptiques dans ses rangs.
L’Accord de Paris affiche un objectif clair : limiter le réchauffement planétaire à une hausse de 2 °C, si possible à 1,5°C. Un objectif que certains climatologues, comme ceux du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), jugent difficilement réalisable aux vues des engagements actuels des différents pays signataires sur la réduction de gaz à effet de serre. De plus, plusieurs failles considérables pèsent sur l’Accord : il n’est tout d’abord pas contraignant juridiquement, et prévoit même la possibilité pour les signataires de s’en retirer, en témoigne le départ des Etats-Unis en juin dernier.
La ratification ne fait donc pas office de solution miracle, et de nombreuses inquiétudes pèsent encore dans le débat écologique tchèque. Jiři Koželouh explique pourquoi :
« Je pense que c’est là surtout quelque chose de symbolique pour l’industrie et le débat politique tchèque. Pour parvenir à de vrais changements, des mesures nationales fortes qui apportent des solutions concrètes aux différents problèmes écologiques sont nécessaires. Il faudra une importante pression politique et citoyenne sur les futurs projets de loi et sur divers projets industriels controversés pour que les choses aillent dans le bon sens. »Après cette laborieuse ratification, tout reste donc encore à faire pour la République tchèque. Le texte doit maintenant être signé par le président Miloš Zeman, grand admirateur de Donald Trump.