Andrej Babiš ne veut pas de l’euro en République tchèque

Andrej Babiš, photo: Filip Jandourek, ČRo

Le chef du mouvement ANO, Andrej Babiš, qui vient de quitter le gouvernement et le poste de ministre des Finances, ne veut pas de l’euro en République tchèque. Si son parti remporte les élections législatives de l’automne prochain, ce qui semble probable au vu des sondages, un éventuel cabinet ANO ne fera rien pour l’adoption de la monnaie unique européenne. C’est l’un des enseignements de l’entretien donné par le milliardaire à l’agence américaine Bloomberg News et publié ce dimanche.

Andrej Babiš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Nous ne voulons pas de l’euro », c’est d’ailleurs le titre de cette interview donnée par Andrej Babiš. Le propriétaire du groupe agroalimentaire Agrofert et de différents médias tchèques va ainsi à l’encontre des récentes déclarations d’autres politiciens tchèques, pour qui l’adhésion à l’eurozone est une priorité afin de ne pas rester à l’écart du processus d’intégration européenne. Jiří Rusnok, le gouverneur de la Banque nationale tchèque, s’est en effet prononcé en ce sens à la mi-juin, avec quelques réserves cependant, et c’est surtout le Premier ministre Bohuslav Sobotka qui a pris le parti de relancer le débat. Le même Bohuslav Sobotka qui ne voulait plus d’Andrej Babiš dans son gouvernement en raison des soupçons de conflit d’intérêts et de fraude fiscale qui pèsent sur lui.

« Tout le monde sait que c’est la faillite. C’est la question de notre souveraineté. Je veux la couronne tchèque, et une banque centrale indépendante », explique M. Babiš. L’ancien ministre des Finances considère qu’il s’agirait d’un nouveau domaine où la Tchéquie serait dépossédée de ses compétences au profit de l’Union européenne. Le milliardaire n’est d’ailleurs pas tendre avec Bruxelles, dont il critique aussi la politique d’accueil des réfugiés via le système des quotas, que Prague s’entête à refuser avec les autres capitales centre-européennes. « Nous devons nous battre pour ce que nos ancêtres ont construit ici », affirme-t-il et il n’a pas peur de poursuivre : « si un jour il y a plus de musulmans que de Belges à Bruxelles (sic), c’est leur problème. Je ne veux pas de cela ici. Ils ne nous diront pas qui doit vivre ici ».

Opposition à l’euro et au système des quotas : Andrej Babiš brosse les électeurs tchèques dans le sens du poil. C’est en effet majoritairement leur position si l’on en croit les enquêtes d’opinion. Sondages qui donnent toujours le mouvement ANO en tête des prochaines législatives de l’automne prochain avec 34% des intentions de vote. A noter que dans cet entretien à Bloomberg, M. Babiš prétend également qu’Emmanuel Macron se serait inspiré de son expérience pour créer le mouvement de la République en Marche…