A Tours, les adieux pleins d’émotion de David Konečný
C’est la fin d’un phénomène tchèque en France, la fin aussi d’une bien belle histoire. Après neuf saisons marquées notamment par la conquête de cinq titres de champion de France et de six coupes de France, David Konečný a fait ses adieux au Tours Volley-Ball (TVB) lors d’une folle soirée le samedi 15 avril dernier. Pour son dernier match sous le maillot d’une équipe avec laquelle il a connu toutes les émotions, le capitaine tchèque a remporté, à 34 ans, le premier titre européen de sa carrière.
« Nous lui devons cette victoire comme nous lui en devions déjà beaucoup d’autres avant celle-ci. C’était sa dernière, et David n’avait encore jamais remporté de titre européen avec le TVB. Il voulait donc absolument y arriver, et il a tout donné à chaque point. Il s’était remarquablement préparé depuis trois semaines pour cette échéance, et comme d’habitude il a confirmé qu’il était chez nous l’homme des grands matchs. Il n’a pas failli à sa réputation. C’est d’ailleurs lui qui nous offre le titre par des aces sur les deux derniers ballons. »
Cet exploit face à une équipe de Trente qui compte parmi les meilleures en Europe, cette soirée riche en émotions et ses adieux, nous les avons revécus avec David Konečný au téléphone en milieu de semaine dernière :« Je suis heureux que tout se soit bien passé pour ce dernier match, surtout après notre défaite (0-3) à Trente au match aller quelques jours plus tôt. Nous avons eu du mal à comprendre ce qui s’était passé là-bas. Pour autant, je restais persuadé que nous pouvions renverser la vapeur et encore gagner cette finale. Ce titre européen était le dernier qui manquait à ma collection. »
C’est le plus beau de votre carrière ? Même si ce n’est « que » la « petite » coupe d’Europe, et pas la Ligue des champions, cela faisait un moment que Tours attendait cela…
« Oui, c’est le titre qui a le plus de valeur à mes yeux. En championnat de France, il y a eu quelques années où nous n’avions pas beaucoup de concurrence et où nous étions clairement les favoris. »
Ce titre européen constitue-t-il une consolation suite à votre élimination dès les quarts de finale des play-offs par Toulouse en Ligue A il y a quelques semaines de cela ?
« Oui, nous avons sauvé notre saison après nos éliminations en quarts de finale non seulement en championnat mais aussi en coupe de France. La satisfaction est d’autant plus grande que Trente est une des meilleures équipes actuellement en Europe (le club italien a remporté trois Ligues des champions et a été sacré quatre fois champion du monde des clubs, ndlr.). Du coup, nos deux éliminations prématurées dans les compétitions nationales sont presqu’oubliées, car nous avons démontré que nous sommes aussi capables de jouer du bon volley. »Vous avez été élu meilleur homme de la finale retour, ce qui démontre, si besoin encore est, toute votre importance dans les performances de Tours. Alors, certes, vous avez 34 ans, mais pourquoi avez-vous décidé de quitter le club maintenant ?
« Nous avions déjà convenu que ce serait ma dernière saison à Tours avec le manager général du club en décembre dernier. Je pense que le TVB a besoin d’une nouvelle impulsion de façon à pouvoir être compétitif en Ligue des champions. Personnellement, j'ai aussi besoin d’une nouvelle motivation. Passer neuf ans dans une même équipe est difficile mentalement. C’est pourquoi je cherche un nouveau championnat et une nouvelle aventure, et si possible le plus loin possible de l’Europe. Nous avons un petit garçon qui n’a pas trois ans et qui ne va pas encore à l’école, nous voulons donc en profiter avec ma femme tant que cela est possible. Peut-être que ce ne sera pas très loin de la France, mais si cela pouvait être une destination exotique, nous ne serions pas contre. »
Que conserverez-vous d’abord de ces neuf années passées à Tours ?
« Ce ne seront pas des souvenirs, mais plutôt tous les gens que j’ai croisés et rencontrés ici et qui m’ont aidé dans les moments difficiles. Ce ne sont pas seulement les titres ou ce qui tourne autour du volley. Tous ces gens resteront bien gravés dans mon cœur. »
Envisagez-vous de revenir à Tours à l’avenir ? Auriez-vous des possibilités pour occuper peut-être certaines fonctions dans le club ?
« Je ne pense pas. D’abord, je suis trop fainéant (sic) pour être entraîneur. Entre la vidéo, la préparation des entraînements, etc., il y a tellement de boulot… Ce n’est rien pour moi. Je ne pense pas non plus revenir dans d’autres fonctions. Je suis à peu près sûr que nous reviendrons avec ma femme en République tchèque à la fin de ma carrière. Nous avons déjà passé neuf ans loin de nos familles et voulons nous en rapprocher. Nous voulons que les papys et mamies voient grandir leur petit-garçon. »
Avez-vous conscience de compter parmi les sportifs tchèques, toutes disciplines confondues, qui ont le mieux réussi en France ?
« Peut-être pas les plus jeunes, mais les joueurs de mon âge se souviennent bien par exemple de Vladimír Šmicer, qui a été champion de France de foot en 1998… Mais surtout, il ne faut pas oublier Jiří Novák qui a passé treize saisons au Paris-Volley où il a lui aussi remporté de nombreux titres, parmi lesquels notamment la Ligue des champions. Je ne suis donc pas le seul à avoir laissé une belle trace dans le volley français. »
Il y a encore seulement quelques années de cela, de nombreux joueurs tchèques évoluaient dans des clubs français. C’est moins le cas aujourd’hui. Comment l’expliquez-vous ?
« En Tchéquie, il manque actuellement une génération forte, et puis certains joueurs préfèrent l’Italie ou l’Allemagne à la France. C’est dommage, parce que la plupart des Tchèques qui sont passés en France ont démontré qu’ils avaient des qualités. »