Foot – Euro 2016 : à Tours en juin, on sera supporters de Cèche et Rosiky
Evénement sportif majeur de l’année avec les Jeux olympiques, le championnat d’Europe de football se tiendra en France du 10 juin au 10 juillet prochains. Qualifiée pour la phase finale, l’équipe de République tchèque établira son camp de base à Tours. Dans la Vallée du Cher, Petr Čech, Tomáš Rosický (s’il est remis de ses blessures), Jaroslav Plašil et leurs partenaires sont d’ores et déjà attendus avec enthousiasme et curiosité. Reportage.
Sur les bords de la Loire, il fait bon danser, paraît-il, dans les bras d’une belle Tourangelle, et d’autant plus si le coup de chinon ou de vouvray est bien frais... De tout cela, nous ne doutons pas un instant, et David Konečný, le capitaine tchèque du Tours Volley-Ball, que nous avions rencontré en janvier dernier, nous l'avait d'ailleurs confirmé avec ses mots à lui…
« Je pense que les joueurs de foot ne viennent pas pour les châteaux non plus. Je leur conseillerais donc plutôt de goûter le vin, pour fêter leurs victoires ou, s’ils ne gagnent pas, lorsqu’ils auront un peu de repos et n’auront pas d’entraînement le lendemain. »
Capitale du volley-ball en France ces dernières années, Tours est donc aussi la ville qui accueillera l’équipe de République tchèque de football en juin prochain durant la phase finale du championnat d’Europe.
« Je pense que cela va donner une bonne image du club, cela l’aidera à être mieux connu en Europe. Et puis c’est aussi une fierté de recevoir une telle nation du football européen. »
Nourredine El Ouardani est le responsable des U17 (joueurs âgés de 15 à 17 ans) du Tours Football Club. Lorsque, un dimanche en fin de matinée, nous avons visité les infrastructures du club, c’est lui qui nous a accueillis, ballon dans les mains et sifflet autour du cou… Nourredine explique pourquoi, selon lui, les dirigeants de la Fédération tchèque de football ont choisi Tours comme camp de base pour leur séjour en France :« Pour ce qui est des installations, tout est à proximité. Il y a plusieurs terrains sur la plaine d’entraînement. Mais il n’y pas que ça. Tours possède d’autres atouts : c’est une ville avec un patrimoine et une histoire. L’Euro se déroulant en France, être basé dans une région historique peut être un avantage. »
« En tous les cas, toutes les infrastructures, les deux terrains d’entraînement des pros comme le terrain d’honneur, sont à leur disposition. Après, c’est à eux de les utiliser comme ils l’entendent pour être dans les meilleures dispositions et faire un bel Euro… »
Pour rivaliser avec l’Espagne, la Croatie et la Turquie, les trois adversaires qui figurent dans le groupe de la Reprezentace, et éventuellement se qualifier pour les huitièmes de finale, le sélectionneur Pavel Vrba espère bien entendu pouvoir compter sur un effectif au complet et ses meilleurs joueurs. Mais qui sont ces meilleurs joueurs tchèques ? Ou plutôt quels sont les joueurs tchèques que les jeunes apprentis du centre de formation du Tours FC connaissent ?Le premier : « Bah, y’a Petr Čech (prononcé ‘Cèche’ à la française)… Je suis gardien, donc il est un peu un modèle pour moi. Il est dans un grand club et c’est bien qu’il vienne à Tours. Bon, j’en préfère d’autres quand même. Je l’aime bien, Čech, mais ce n’est pas mon gardien préféré. »
Y a-t-il d’autres joueurs tchèques que vous connaissez ?
Les deux d’une même voix : « Non… »
Rosický, ça ne vous dit rien ?
Le second: « Ah oui… Il joue à Rennes, c’est ça ? »
A Rennes ? Non… Tomáš Rosický… Rosiky…
« Rosiky, ah ouaih ! Il joue à Arsenal… »
C’est celui qui est toujours blessé…
« Oui, je vois… »
Et d’autres joueurs tchèques encore ?
« Euh… »
Y’en a un qui joue à Bordeaux…
« Bordeaux ? Ah oui… Non… »
Plašil.
« Avec les cheveux longs ? Oui, je vois… »
Jaroslav. Vous l’avez déjà vu jouer ?
« Oui, mais j’aime pas trop. Je sais pas, le jeu tchèque, ça me plaît pas trop. C’est pas beau à voir… »
Le jeu tchèque n’est pas beau à voir ?!
« Le jeu des pays de l’Est en général… C’est pas très construit… Je trouve… Ça va être coupé, ça (rires)… »
Non, nous n’avons pas coupé. Mais à Tours comme ailleurs probablement en France, le football tchèque, bien que son équipe nationale n’ait encore jamais manqué la moindre phase finale d’un championnat d’Europe depuis la partition de la Tchécoslovaquie en 1993, souffre d’un manque évident de considération. Et ce même si comme Nourredine El Ouardani, certains n’ont pas oublié les glorieuses années marquées notamment par une finale et une demi-finale de l’Euro en 1996 et 2004 :
« Moi, j’ai un petit souvenir personnel avec Pavel Nedvěd que j’ai rencontré et avec lequel j’ai joué un match de bienfaisance à Monaco il y a quelques années de cela. Pour moi, le football tchèque, c’est ça : des joueurs talentueux comme Pavel Nedvěd qui a joué dans les plus grands clubs et a eu le Ballon d’or. Ce sont des joueurs qui comptaient parmi les meilleurs de leur génération. Je connais aussi Petr Čech (parfaitement prononcé)… Bon, vous me prenez un peu de court avec votre question, mais oui, il y a pas mal de joueurs tchèques qui ont été au plus haut niveau. »L’éducateur qu’est Nourredine entend bien profiter de la présence des Tchèques également pour montrer à ses jeunes joueurs ce qu’est ce haut niveau :
« C’est une fierté et une aubaine pour nous de pouvoir les suivre. Si nous pouvons assister aux entraînements et voir leurs méthodes de travail, ce sera une expérience supplémentaire. C’est le plus haut niveau mondial… Et pour les jeunes du club qui ne seront pas encore en vacances et seront en période d’examens à l’école, si on peut leur montrer ce que c’est, ce sera avec plaisir. Ce sera aussi un atout pédagogique. Et puis, bien entendu, nous serons tous un peu supporters des Tchèques. De pouvoir côtoyer quotidiennement une sélection nationale, automatiquement nous aurons un petit faible pour eux… »
Et Nourredine ne sera pas seul à Tours devant sa télévision à s’enthousiasmer (ou à maudire, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre avec cette équipe tchèque) pour les exploits de Cèche et Rosiky. Ses ouailles ne seront pas loin non plus :« Bah ouaih, on va les supporter. On va les voir à l’entraînement, donc on va être pour eux… Enfin, sauf s’ils jouent contre la France ! »
Nos espoirs tourangeaux, peut-être futurs Bleus un jour à leur tour, redeviendront alors supporters de Benzema et Valbuena. Et tant pis s’il faut alors éliminer les Tchèques et leur faire quitter Tours à regret…