Bas salaires : les chauffeurs d’autocar annoncent une grève nationale
La coupe est pleine pour les syndicats de transports en commun qui appellent les chauffeurs d’autocar à une grève nationale le jeudi 6 avril prochain. Ils demandent simplement à ce que la hausse de leurs salaires, décrétée au début de l’année par le gouvernement de Bohuslav Sobotka, devienne enfin réalité après plusieurs semaines de négociations infructueuses. Face à cette situation, gouvernement, régions et transporteurs se renvoient la balle des responsabilités.
Mais quelques mois plus tard, le compte n’y est pas. Dans plusieurs régions, les négociations avec les administrations et avec les transporteurs se sont enlisées et les augmentations ne se sont pas concrétisées. Après l’annonce d’un « état d’alerte à la grève » à la mi-février, les syndicats du secteur ont décidé de mettre leur menace à exécution. Ils appellent à une grève de 24 heures pour le jeudi 6 avril prochain. Et selon Luboš Pomajbík, le président de l’Union syndicale des transports, ce n’est peut-être qu’un début :
« Il se peut qu’une journée de grève ne suffise pas et nous sommes évidemment prêts, le cas échéant, à avoir recours à d’autres actions de protestation. Je voudrais signaler que si aujourd’hui, le service des transports publics fonctionne, c’est uniquement parce que des chauffeurs surmenés travaillent jusqu’à 300, 350 heures par mois. »Mais contre qui cette grève est-elle dirigée ? Quand le gouvernement a décrété l’augmentation du salaire minimum des chauffeurs, il promettait que des moyens financiers seraient alloués aux régions pour rendre la hausse effective. La social-démocratie, principale formation de la coalition gouvernementale, soutenait l’attribution de ces moyens supplémentaires. Mais les partenaires de la coalition, le mouvement ANO et les chrétiens-démocrates, y étaient opposés et ont finalement bloqué le processus au gouvernement.
Outre ces moyens en plus, les régions font face à un autre problème. Selon elles, certaines sociétés de transport rechignent à appliquer la nouvelle grille des salaires, quand bien même de nouveaux contrats sont signés avec elles. Elles demandent donc la certitude que les transporteurs joueront le jeu. Un imbroglio que pointe du doigt Jana Vildumetzová (ANO), la présidente de la région de Karlovy Vary et de l’Association des régions de République tchèque :« Nous devons avant tout nous demander contre qui cette grève sera conduite. Je suppose qu’elle sera organisée contre les sociétés de transport et les employeurs, qui salarient les chauffeurs d’autocar. Les régions ne salarient pas les chauffeurs. Les régions passent des contrats avec chacune des entreprises de transport. »
La ministre du Travail et des Affaires sociales, la sociale-démocrate Michaela Marksová, se dit toujours prête à poursuivre les négociations pour que l’Etat contribue effectivement à la hausse des salaires. Mais les syndicats sont circonspects sur la méthode du ministère, qui permettrait selon eux aux employeurs de compenser l’augmentation des salaires en diminuant le montant des primes.Même si les blocages les plus importants sont concentrés dans certaines régions, en particulier celles d’Ústí nad Labem et de Moravie du Sud, ces organisations syndicales appellent à une « mobilisation massive » des chauffeurs. Ils sont quelque 11 000 à travers toute la République tchèque, qui pourraient couper les moteurs à l’occasion de cette journée de grève.