Peu de temps et beaucoup de travail pour le prochain ministre de l’Industrie
Jusqu’alors ministre adjoint de l’Industrie et du Commerce, le social-démocrate Jiří Havlíček devrait être promu à la tête de ce ministère. Jeudi, le chef du gouvernement Bohuslav Sobotka a proposé sa désignation au président Miloš Zeman, qui ne semble pas y voir d’objection. Mais à près de six mois des législatives, le nouveau ministre aura peu de temps pour avancer sur les dossiers qui l’attendent, à commencer par la réforme du secteur de télécommunications.
Dans la bouche de M. Sobotka, qui s’exprimait devant le château de Prague après sa rencontre avec le chef de l’Etat, Jiří Havlíček, 40 ans, économiste de formation, apparaît sans conteste comme le candidat idéal au poste. Plus en tout cas que des personnalités comme Tomáš Prouza ou Milan Urban, dont les noms étaient pourtant régulièrement cités dans les médias.
Si le premier ministre évoque sa collaboration avec M. Havlíček, c’est qu’il dirige en personne le portefeuille de l’Industrie et du Commerce depuis qu’il a décidé, fin février, de démissionner Jan Mládek, qui occupait jusqu’alors la tête dudit ministère. Le chef du gouvernement l’accusait de freiner dangereusement le travail autour d’un amendement à la loi sur les télécommunications. Ce texte, qui vise à renforcer les droits des consommateurs face aux opérateurs téléphoniques et qui devrait conduire à une baisse des tarifs, c’est le nouveau ministre qui aura la tâche prioritaire de le faire passer devant les parlementaires. A quelques mois des législatives, le temps presse pourtant, mais Jiří Havlíček est confiant :
« Le plan est parfaitement réglé. La première lecture de cette loi aura lieu à la Chambre des députés dès le début du mois d’avril et je suis confiant dans le fait que nous pourrons réduire le délai des négociations sur ce texte à vingt jours. C’est pourquoi j’espère que l’accord à ce sujet conclu grâce au premier ministre Bohuslav Sobotka sera respecté de la part des représentants des groupes parlementaires. »Outre la réforme du secteur des télécommunications, le nouveau ministre aura cependant d’autres missions à mener à bien. Il devra faire en sorte de répartir l’argent européen dont la République tchèque dispose pour développer l’accès à internet à haut débit dans les zones rurales. 14 milliards de couronnes, 520 millions d’euros, ont été accordées à cette fin à Prague qui n’a rien fait depuis 2013 pour dépenser cet argent. Dans le secteur de l’énergie, il s’agira de désigner un successeur à Alena Vitásková, la présidente de l’Autorité de régulation de l’énergie (ERÚ) et de préparer l’appel d’offres pour la construction de nouveaux réacteurs à la centrale nucléaire de Dukovany.
Dans le camp de la majorité gouvernementale, on se dit satisfait de pouvoir enfin compter sur un interlocuteur au ministère de l’Industrie et du Commerce. Les avis sont plus mitigés dans l’opposition. Pour beaucoup, ce nouveau remplacement au gouvernement, le septième depuis sa formation, s’apparente à un coup d’épée dans l’eau. C’est ce que pense Markéta Pekarová Adamová, du parti conservateur TOP 09 :
« Vous pouvez bien mettre n’importe qui à la tête du ministère de l’Industrie et du Commerce, en si peu de temps, il ne pourra pas faire avancer quoi que ce soit. »
Le chef de l’Etat Miloš Zeman ne semble pas loin de partager cette opinion. Il ne devrait cependant pas faire de difficulté pour nommer Jiří Havlíček, lequel se dit prêt à « faire le maximum », notamment sur le sujet épineux des télécommunications.