Semaine 5 : revue de presse
Les enjeux des élections législatives, à l’automne prochain, comme de l’élection présidentielle, début 2018, sont désormais largement analysés dans les médias locaux. Cette nouvelle revue de presse vous en donnera quelques exemples. Elle se penchera, aussi, sur les interrogations liées aux capacités intellectuelles des enfants tchèques, sur l’état des soins palliatifs en République tchèque, ainsi que sur le désintérêt des médias pour les photoreportages.
« Après toute sorte de spéculations à ce sujet, c’est finalement le parti des Maires et des Indépendants (STAN) qui a pris de l’initiative en vue d’entamer la coopération avec, entre autres, le Parti chrétien-démocrate (KDU-CSL), un des trois partis de la coalition gouvernementale, ainsi qu’avec différents mouvements régionaux. Le tout dans le but de créer un nouveau parti qui présenterait une alternative pour les électeurs qui hésitent et qui ne savent pas à qui donner leurs voix. Des électeurs proeuropéens qui soutiennent l’appartenance du pays à l’OTAN, qui redoutent une concentration du pouvoir entre les mains d’Andrej Babiš, mais qui ne veulent pas voter pour le Parti social-démocrate (CSSD). »
Comme le remarque l’auteur du texte publié dans l’hebdomadaire Respekt, les contours du ce nouveau projet devraient se concrétiser au cours des semaines à venir. Et de citer les paroles du chef des chrétiens-démocrates, Pavel Bělobrádek, selon lequel le besoin de la formation dans le pays d’« une force tierce » est aujourd’hui plus urgent que jamais. L’enjeu est cependant de savoir si et dans quelle mesure cette nouvelle formation envisagée saura attirer du moins une partie des sympathisants du mouvement ANO qui demeure en tête des sondages. L’auteur d’une analyse publiée dans le quotidien Mladá fronta Dnes estime pour sa part que les chances de cette nouvelle formation seraient incertaines tout en admettant que « la création d’une véritable force tierce serait à même de secouer l’échiquier politique local qui demeure depuis trois ans entièrement rigide »
En attendant l’élection présidentielle
Miloš Zeman, voudra-t-il prolonger son mandat présidentiel s’étendant sur cinq ans et qui aura expiré en janvier prochain ? C’est le 9 mars prochain, que le président de la République devrait annoncer officiellement s’il va se représenter ou pas à la prochaine élection présidentielle. Cette semaine, le chef de l’Etat a réuni ses collaborateurs les plus proches pour discuter avec eux des pour et des contre d’une éventuelle candidature. Un texte qui a été publié dans le quotidien Hospodářské noviny remarque que Miloš Zeman se plaît à se « faire précieux » et que l’on peut s’attendre à ce que d’ici une quarantaine de jours, il confirme ce à quoi beaucoup s’attendent en annonçant sa volonté de relever le défi. Selon son auteur, il est doté pour cette tâche de nombreux atouts :« D’abord, force est de souligner que Zeman peut se passer d’une campagne, car celle-ci se déroule en fait sans discontinuer, dans le cadre de l’exercice de ses fonctions. Ses déclarations faites lors de ses nombreuses visites dans des régions sont commentées et analysées dans les médias, font l’objet de débats sur les réseaux sociaux ou autour d’une chope de bière. L’espace publique est occupé par Zeman, sans que celui-ci n’ait à y investir quoi que ça soit. Les autres candidats en revanche devront dépenser beaucoup d’argent et d’énergie pour sensibiliser les gens sur leurs opinions. »
Ce qui profite aussi à Miloš Zeman, c’est le contexte international. Tandis que les élections législatives en Tchéquie auront pour thème principal des questions d’ordre pratique, comme l’économie, les salaires, l’administration publique, l’élection présidentielle verra probablement ressurgir les sentiments anti-immigration des Tchèques. Une symbiose avec Andrej Babiš représente un autre atout important de Miloš Zeman. L’auteur de cette analyse considère cependant :
« Cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas possible de battre Miloš Zeman, en raison de ses positions trop marquées. Le cas du président slovaqe Andrej Kiska qui a été en 2014 élu, face au candidat favorisé, Robert Fico, en donne une preuve. Reste cependant à savoir si en Tchéquie, un des candidats supposés sera au cours des mois à venir capable de se présenter comme une personnalité aussi érudie, moralement intégrale et dotée d’un charisme comme l’a fait le président slovaque. »
Les enfants sont-ils moins intelligents qu’avant ?
Les enfants tchèques deviennent-ils de moins en moins intelligents ? Le supplément Magazín du quotidien Mladá fronta Dnes a cherché la réponse en se référant à des enquêtes internationales qui ont comparé les connaissances des élèves de soixante-dix pays et en donnant la parole à plusieurs pédagogues du pays. Le projet intitulé PISA a, par exemple, révélé que durant les neuf années écoulées, le niveau des élèves tchèques âgés de quinze ans a considérablement baissé, le nombre de ceux qui n’atteignent que des résultats médiocres ayant augmenté au détriment de ceux avec des résultats excellents. Le magazine a aussi rapporté :« Il s’avère que les élèves tchèques ont du mal à comprendre un texte écrit, tant dans les journaux que dans des livres, à en retenir ce qui est important afin de pouvoir mettre les informations recueillies à profit. Autrement dit, la génération d’aujourd’hui aurait un retard de deux ou de trois ans par rapport à la génération précédente. De même, les enfants qui entrent en première classe auraient aujourd’hui moins de connaissances que dans un passé récent. »
Les appréciations des enseignants cités dans cet article qui ont de longues expériences pédagogiques sont plus prudentes. D’après ce qu’ils disent, les enfants d’aujourd’hui ont un esprit créateur ce qui leur permet d’inventer des histoires, ils savent également utiliser des notions spécialisées et des mots que leurs prédécesseurs ne connaissaient pas. D’un autre côté, ils sont distraits et peu concentrés et leur vocabulaire est assez faible, le tout allant sur le compte de leur goût pour les nouvelles technologiques. Un point sur lequel ils se mettent tous d’accord : un enseignant ne représente plus pour les enfants une autorité mais, plutôt, un copain plus âgé.
« Détabouiser » les soins palliatifs
Elargir et améliorer les soins palliatifs aux personnes souffrant de maladies incurables. Tel est un des enjeux de la santé publique tchèque qui a dans ce domaine un grand retard à ratrapper, comparé à la situation qui est courante dans la plupart des pays européens. C’est ce que constate un texte mis en ligne sur le site aktualne.cz qui précise :« Près de deux tiers des 106 milles personnes qui meurent chaque année dans des établissements hospitaliers auraient besoin de ce genre de soins qui font toujours, faute de temps, d’argent et d’expérience, défaut. En effet, le nombre de lits dans les hôpitaux qui sont à cette fin réservé, est plus bas que dans le reste du monde développé. Les choses commencent pourtant peu à peu à bouger. Dans le cadre du programme intitulé Ensemble jusqu’à la fin, on voit désormais se former de nouvelles équipes en charge de soins palliatifs appelées à s’établir dans des établissements hospitaliers. La formation des nouveaux spécialistes se déroule dans de nombreux cas avec le concours d’experts étrangers, dont ceux de Belgique sont particulièrement appréciés. »
En ce qui concerne le débat sur les choses dernières de l’homme, le texte remarque que la Tchéquie représente à l’échelle européenne un phénomène assez spécifique, car il est presque absent, la mort étant un sujet fortement tabouisé. Les médecins eux non plus plus ne savent pas souvent comment s’y prendre, car ces questions tout comme les soins palliatifs ne font pas partie des programmes d’enseignement. Par ailleurs, contrairement à certains autres pays, comme la France ou l’Allemagne, ils ne font pas non plus l’objet des dispositions législatives.
Le photojournalisme en crise
L’intérêt des médias pour les photoreportages n’a de cesse de diminuer. C’est ce qu’a déclaré le photographe tchèque reconnu, Jan Šibík, à l’occasion de l’inauguration d’une exposition de ses photos à la Mairie de la Vieille-Ville de Prague qui offre un miroir des événements majeurs qui ont eu lieu au cours des dix dernières années dans le monde. Ceux qui, d’après ses propres paroles, « ont transformé le climat au sein de la société et la sécurité en Europe ». C’est pour le site aktualne.cz qu’il s’est à ce propos confié :« La crise qui touche le photojournalisme s’est encore approfondie. Mais même si ce domaine se meurt, l’intérêt pour la photographie comme telle va augmentant. Grâce aux téléphones mobiles sophistiqués, il est de plus en plus facile de faire des photos d’une qualité technique élevée. Moi même, j’aime bien utiliser un mobile à cette fin, car il s’agit là d’une catégorie photographique indépendante. Cela ne veut pas cependant dire que je veuille remplacer mon réflex par un mobile. Ce dernier me sert de relax et d’exercice de ma sensibilité à l’égard de différentes situations ».
Et Jan Šibík de prétendre qu’une photo prise par un mobile peut réussir même à la prestigieuses compétition internationale World Press Photo, ce qui est par ailleurs déjà advenu.