Dix minutes de Brno à Bratislava en Hyperloop : est-ce bien réaliste ?
Là dans la péninsule arabique, ici en France ou dans les pays scandinaves : les annonces de projets liés à l’Hyperloop, ce concept de train nouvelle génération ultra rapide, se sont multipliées ces mois derniers et on en parle maintenant en République tchèque. La société américaine HTT va en effet lancer cette année une étude de faisabilité pour une liaison à haute vitesse entre Brno et Bratislava.
Lancé en 2013, ce programme de recherche vise à développer un nouveau moyen de transport par tube sous vide, une sorte de train qui pourrait atteindre via un système de propulsion électromagnétique une vitesse de 1200 km/h, supérieure à celle d’un avion de ligne. Petr Dvořák, de l’Institut d’ingénierie physique de l’Université technique de Brno, essaie d’expliquer :
« Ce sont des capsules qui devraient se déplacer dans des sortes de tubes. Il s’agit de faire le vide dans ces tubes. Il n’y aura pas de matière dans ces tubes et donc très peu de résistance à l’air. Grâce à cela, les capsules pourront se déplacer à très grande vitesse. »
Pour les concepteurs de l’Hyperloop, tous les problèmes techniques de l’appareil seraient réglés. Une nouvelle phase s’ouvrirait, celle de son déploiement effectif à travers le monde. Deux sociétés, HTT et Hyperloop One, lancent des partenariats à droite à gauche pour concrétiser la chose. La première a conclu un accord en Slovaquie au printemps dernier, elle vient d’en trouver un autre avec la ville de Brno et les autorités de Moravie du Sud.
La firme ambitionne dans un premier temps de relier Bratislava à Brno, puis de poursuivre éventuellement vers Prague et pourquoi pas vers la Pologne. La région de Moravie du Sud, consciente du caractère incertain du projet, ne veut cependant pas rater le bon wagon, ainsi que l’indique son président adjoint, le conservateur Jan Vitula (TOP 09):« Je vois là une énorme opportunité, pas forcément actuellement dans cette phase préparatoire, parce qu’on parle d’un futur plus ou moins lointain. C’est une opportunité dans la possibilité qui est offerte de prendre part au développement de nouvelles technologies. »
Des retombées positives sont en effet attendues pour l’université et les instituts scientifiques basés à Brno, qui pourraient être impliqués dans l’étude de faisabilité commandée par l’entreprise HTT. Pour ce travail, 10 millions de couronnes, à peine 370 000 euros, vont être mobilisées ; il en faudra des milliards pour que l’Hyperloop puisse effectivement voir le jour. Pour l’heure, rien n’est moins sûr, car si un prototype a déjà été testé au printemps dernier sur quelques centaines de mètres dans le désert du Nevada, les conditions de réalisation sur un territoire comme celui de l’Europe centrale sont autrement plus complexes. C’est ce que constate Petr Dvořák :
« C’est une chose de construire ce transport dans un désert, où il n’y a pratiquement pas de dénivelé et où vous n’avez pas forcément besoin d’acheter des terrains. Mais dès que vous commencez à développer ce type de projet sur une distance plus importante, disons sur des centaines de kilomètres, des problèmes très compliqués commencent à apparaître. »D’autant plus que nombreux sont les scientifiques qui sont sceptiques sur la viabilité de l’Hyperloop et qui s’interrogent sur la rapidité de son développement. Quel sera son coût réel ? Comment la sécurité des passagers sera-t-elle assurée ? Et puis la République tchèque, à l’instar des autres pays du monde, ne dispose actuellement d’aucune législation pour encadrer ce nouveau mode de transport.