Election de Donald Trump : la fiction devient réalité
« Une énorme surprise », « Donald Trump a choqué l’Amérique et le monde », « C’est un appel au changement et le rejet des élites qui l’ont remporté » : tels étaient quelques-uns des titres que l’on trouvait mercredi matin dans les médias tchèques suite à l’élection de Donald Trump 45e président des Etats-Unis. La République tchèque partage la surprise générale, ainsi que l’inquiétude de l’Europe vis-à-vis de ce nouveau chef d’Etat américain que beaucoup considèrent comme imprévisible.
Après l’annonce du résultat du scrutin, les dirigeants tchèques ont adopté cette même attitude pragmatique. Le Premier ministre a déclaré que le gouvernement respectait le choix des électeurs américains qui ont opté, de manière démocratique, pour le changement. « A la différence de certains de ces prédécesseurs, Donald Trump sait au moins où se trouve la République tchèque », a également remarqué Bohuslav Sobotka, en faisant allusion au premier mariage du nouveau président américain avec la Tchèque Ivana, mère de trois de ses cinq enfants. Le ministre de l’Intérieur Milan Chovanec, quant à lui, espère même une visite de Donald Trump en République tchèque.
« Les Etats-Unis ont besoin d’une Europe forte et le résultat de l’élection présidentielle n’y changera rien », estime l’ambassadeur des Etats-Unis en République tchèque. Andrew Schapiro assure que la victoire du candidat républicain ne devrait pas influencer les relations tchéco-américaines. Tout comme le Premier ministre, le chef de la diplomatie tchèque, Lubomír Zaorálek espère lui aussi la poursuite de la coopération entre les deux pays, notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Si, pendant sa campagne électorale, le magnat new-yorkais a inquiété les alliés des Etats-Unis en étiquetant l’OTAN d’institution obsolète, voire inutile, Lubomír Zaorálek pense que la réalité post-élections sera différente de cette rhétorique :« Les propos tenus pendant les campagnes électorales ont leur sens propre et s’adressent plutôt aux citoyens du pays en question. L’élection de Donald Trump marque le début d’une nouvelle étape, aussi dans le domaine du partenariat atlantique. Mais pour l’instant, nous ne savons pas quel sera son contenu. Nous ne savons pas non plus de quelle manière Donald Trump changera les accords commerciaux entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. En ce qui concerne l’accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE), je suis assez sceptique, son avenir est incertain. »En effet, Donald Trump est un franc détracteur du partenariat transatlantique (TTIP). Nous écoutons l’euro-commissaire tchèque Věra Jourová :
« Ce n’est pas seulement l’avenir de l’accord de libre-échange TTIP qui m’inquiète. J’ai mené avec les Etats-Unis des négociations extrêmement difficiles qui ont abouti récemment à la signature d’un accord sur la protection des données des ressortissants de l’UE aux Etats-Unis. L’avenir de ce projet me tient beaucoup à cœur. Pour ce qui est de l’accord commercial avec l’UE, il reste un sujet controversé dans plusieurs pays européens également. Je m’attends à ce que le président Trump exprime ses réserves vis-à-vis de ce partenariat transatlantique, à la différence de l’administration du président Obama. »Un doute plane aussi autour de l’évolution des relations russo-américaines qui pourraient connaître un renouveau après l’accession de Donald Trump à la Maison blanche. « Donald Trump s’exprime en des termes très positifs sur le président Vladimir Poutine. Visiblement, il entend renforcer la coopération avec Moscou, ce qui pourrait affaiblir toute la structure de l’OTAN. En tout cas, c’est assez déstabilisant », estime Petr Boháček, analyste à l’Association pour les questions internationales.
Si l’élection du milliardaire Donald Trump suscite donc l’enthousiasme du Kremlin, elle a également réjoui le chef de l’Etat tchèque Miloš Zeman et son entourage. « Les élections américaines ont prouvé qu’il était possible de vaincre les médias et les pseudo-élites », a déclaré son porte-parole Jiří Ovčáček, en espérant que la même chose se reproduise en République tchèque lors de la prochaine élection présidentielle en 2018.