Le monde bleu de Jaroslav Ježek
Il y a 110 ans de cela, le 25 septembre 1906, naissait Jaroslav Ježek, compositeur et pianiste dont l’originalité n’avait d’égal que le génie. Mort à 35 ans le 1er janvier 1942 alors qu’il était gravement malade, Jaroslav Ježek, partiellement sourd depuis l’âge de trois ans, compte parmi ces artistes que la brièveté de la vie n'a pas empêché de laisser une œuvre qui traverse le temps et les époques. C’est à cette grande figure de la musique tchèque de l’entre-deux-guerres, née dans le quartier de Žižkov, que nous rendons hommage cette semaine.
Plus tard, Jaroslav Ježek trouvera son expression propre, spécifique et moderne en devenant un compositeur de jazz populaire. Parallèlement, il fait la rencontre des dramaturges et comédiens Jan Werich et Jiří Voskovec les dirigeants du Théâtre libéré de Prague, une véritable institution dans la Prague avant-gardiste des années 1930 dont il devient le principal compositeur et chef d'orchestre. Membre du groupe tchèque des surréalistes, Jaroslav Ježek invente alors musiques de scène, chansons, danses et ballets pour les pièces de théâtre comiques et satiriques de Voskovec et Werich et le plus grand bonheur d’un public conquis par le talent des trois hommes (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/dimanche/v-plus-w-les-emblemes-du-theatre-libere).
Depuis, l’appartement pragois dans lequel vivait Jaroslav Ježek a été transformé en un musée situé dans la rue Kaprova, à deux pas de la place de la Vieille-ville. Un musée et un monde tout en bleu foncé, le titre de l’une de ses compositions les plus célèbres (Tmavomodrý svět), et la couleur du monde qui a été celui de Jaroslav Ježek, atteint d’un glaucome dès son jeune âge. Un homme mort à New York après avoir fui le nazisme, pas épargné par une vie que la musique a pourtant embellie jusqu’au bout.