Les Tchèques font tester leur mémoire dans le cadre d’une campagne de sensibilisation à la démence
Selon les récents calculs des spécialistes, près de 150 000 Tchèques souffrent de la maladie d’Alzheimer ou d’une autre forme de démence. Parmi eux, environ 100 000 ne sont pas diagnostiqués et ne suivent aucun traitement. Tous ceux qui ont des doutes quant à leurs capacités de mémorisation peuvent passer des tests d’évaluation, proposés jusqu’au 21 septembre dans le bâtiment de la Radio tchèque. Cette initiative de l’Association tchèque de la maladie Alzheimer vise à sensibiliser le grand public au sujet de la démence et à améliorer le traitement de celle-ci.
Accompagnée par son mari, cette femme âgée de 68 ans fait partie des 120 personnes qui, de lundi à mercredi, font tester leur mémoire au siège de la Radio tchèque, dans le cadre d’une campagne lancée chaque année par l’Association de la maladie Alzheimer. Même si l’ONG propose à tout le monde de passer des tests gratuits tout au long de l’année, cette initiative organisée en coopération avec la Radio tchèque a suscité un grand intérêt du public et a incité de nombreuses personnes, pour la plupart âgées, à passer des tests. C’est aussi le cas de ce couple venu de la commune de Kralupy nad Vltavou, dans les environs de Prague :
« Nous avons réellement des problèmes. C’est un petit détail, mais aujourd’hui par exemple, en venant à la Radio, ma femme a oublié ses lunettes. Alors j’ai dû remplir le questionnaire à sa place. Pareil quand elle voyage, sans lunettes, qu’elle oublie toujours, elle ne s’oriente pas à la gare par exemple. Je dois l’accompagner partout. Il y a une dizaine de jours, nous avons consulté, chez nous, à Kralupy, une psychologue. Elle a posé trois questions à ma femme, des questions du genre : quelle date et quelle saison sommes-nous ? Puis, elle nous a donné des médicaments et nous a dit que c’était bon. Vous savez, on dit qu’il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints. C’est pourquoi nous sommes venus ici. »
Fondée il y a presque vingt ans, l’Association tchèque de la maladie Alzheimer apporte un soutien aux malades souffrant de démence et à leurs proches. Iva Vrbická fait partie de l’équipe des spécialistes qui effectuent les tests de dépistage :
« Les tests durent une demi-heure. Tout d’abord, nous remplissions, avec la personne testée, un questionnaire consacré à son humeur et nous passons ensuite à une série de tests permettant d’évaluer ses fonctions cognitives. Ces tests concernent plus concrètement les capacités de mémoire, l’attention, la coordination œil-main et le langage. Le comportement et l’humeur de la personne sont aussi significatifs pour nous, car c’est parfois eux qui sont justement à l’origine de certains troubles de la mémoire. »Les problèmes de mémoire peuvent effectivement avoir des origines très variées. Souvent, celles-ci sont liées au style de vie qu’il convient alors de changer, comme l’explique Iva Vrbická :
« Certaines personnes manifestant des troubles de mémoire ont un simple déficit de sommeil. Ou alors elles peuvent être déshydratées. Parfois, il suffit juste de dormir plus et ces problèmes disparaissent très vite. Ce qui influence aussi les capacités de mémorisation, ce sont les difficultés professionnelles et relationnelles. Dans ces cas-là, la personne tourne autour de ses émotions ; par conséquent, elle a des problèmes de concentration et donc de mémorisation. Il est difficile d’évaluer combien de personnes que nous testons ici à la Radio souffre réellement de graves problèmes de mémoire. Par exemple, aujourd’hui, j’ai testé des personnes âgées, dont certaines ont un problème au niveau des émotions, d’autres ont été plutôt stressées parce qu’elles pensaient, sans raison, qu’elles allaient avoir de mauvais résultats aux tests. »
L’objectif principal de cette initiative de l’Association de la maladie Alzheimer est de dépister des symptômes de démence et d’envoyer les personnes potentiellement malades dans des centres de traitement spécialisés. L’Association siège dans la capitale tchèque, où, d’ailleurs, le nombre de personnes atteintes de différentes formes de démence serait le plus élevé dans le pays avec près de 20 000 personnes. Parallèlement, l’ONG est active dans vingt autres villes tchèques, Iva Vrbická :
« Je pense que le public tchèque est de plus en plus informé de la maladie d’Alzheimer et des autres formes de démence. On assiste à la création de maisons de retraite et de résidences spécialisées qui accueillent ces malades. Il est vrai que le nombre de places dans ces établissements est toujours insuffisant, étant donné que le nombre de malades augmente progressivement. Ce problème existe dans tout le pays, notamment à Prague et en Bohême centrale, où le nombre de malades est le plus élevé. »