Evžen Plocek, dans l’ombre de Jan Palach et Jan Zajíc
Outre Jan Palach et Jan Zajíc, l’histoire tchèque connaît plusieurs autres personnes qui se sont immolées par le feu pour protester, après 1968, contre l’occupation du pays mais qui sont tombées dans l’oubli. Plus de détails dans cette revue de presse qui se penchera aussi sur le manque de main-d’œuvre technique qui inquiète les exportateurs, sur les risques sécuritaires de l’énergétique nucléaire en rapport avec les récentes attaques terroristes et sur les préparatifs des festivités liées au 700e anniversaire de la naissance de l’empereur Charles IV qui se dérouleront, probablement, en l’absence de représentants d’une grande partie des familles nobles européennes nobles. Quelques mots enfin sur le grand succès qu’a été le concert de Charles Aznavour à Prague.
« On sait que l’Histoire n’est pas équitable à l’égard de tous. L’histoire des successeurs de Jan Palach, dont l’acte avait alors bouleversé l’ensemble du pays, en dit long. Il suffit de rappeler que, le même jour que Palach, un ouvrier de la ville de Plzeň, Jan Hlavatý, s’était lui aussi immolé par le feu, mais son acte n’avait eu qu’un faible retentissement. La vague de suicides en signe de protestation s’est poursuivie jusqu’en avril 1969. La liste de ceux qui ont tenté de se suicider pour des motifs politiques compte 29 noms, pour sept décès. Mais seuls Jan Palach et Jan Zajíc, étudiant lui aussi, sont devenus des héros nationaux. Les actes des autres ont été mis en doute d’une manière ou d’une autre. ».
« Victime de la liberté » : telle est l’inscription qui figure sur une plaque commémorative que la ville de Jihlava, où il est né, a dédiée à Evžen Plocek. Pour autant, la municipalité a refusé, il y a deux ans de cela, de lui accorder la citoyenneté d’honneur en raison de son passé communiste. Comptant parmi ceux qui croyaient qu’une renaissance du parti était possible, Evžen Plocek avait du mal à accepter l’écrasement du Printemps de Prague de 1968. C’est donc un Vendredi saint que cet homme qui était issu d’une famille chrétienne a commis son acte désespéré. Et même si 5 000 personnes ont assisté à ses funérailles, les autorités communistes ont réussi à garder secrète la nouvelle de sa mort dans le reste du pays. Près d’un demi-siècle plus tard, on trouve toujours des gens à Jihlava pour contester l’acte d’Evžen Plocek. L’auteur de l’article cite en conclusion un nouvel initiateur de sa réhabilitation posthume, qui affirme :
« S’il est vrai que Plocek était communiste à une époque marquée par les procès politiques, il est tout aussi vrai que, par son supplice, il a reconnu sa responsabilité morale du passé. Et même s’il n’est pas blanc comme neige, son acte n’en demeure pas moins un acte héroïque. »
Les exportateurs tchèques se plaignent du manque de main-d’œuvre
Les sanctions à l’encontre de la Russie ou la déflation dans la zone euro ne constituent plus les principales menaces pour les exportateurs tchèques. Dans un texte mis en ligne sur le site aktualne.cz, Tereza Holanová signale que le problème le plus grave auquel les entreprises tchèques sont confrontées aujourd’hui est le déficit de main-d’œuvre technique qualifiée. Cette situation pourrait décourager les sociétés étrangères à investir en République tchèque et ainsi ralentir la croissance économique de celle-ci. L’auteur, qui a interrogé différents économistes, écrit aussi à ce sujet :« C’est l’ensemble de l’industrie tchèque qui souffre d’un manque de main-d’œuvre, un manque qui concerne aussi bien les diplômés que les apprentis. Les entreprises de construction mécanique, des industries chimique, électrotechnique et textile sont particulièrement touchées. Ces dernières années, le commerce extérieur a été le principal moteur de l’économie locale. En 2015, les entreprises tchèques ont exporté des marchandises pour près de 140 milliards d’euros. Si une augmentation de ce chiffre est prévue pour cette année, elle dépendra cependant dans une grande mesure de la saturation de la demande de main-d’œuvre qualifiée. »
Employer des étrangers, comme le proposent les experts cités sur aktualne.cz, serait un remède pour améliorer la situation. Une telle coopération pourrait se développer notamment avec les pays de l’Europe de l’Est, celle avec les « pays tiers » étant plus difficile sur le plan administratif.
Les festivités liées à Charles IV se tiendront-elles sans familles nobles ?
Prague se prépare aux grandes festivités qui accompagneront le 700e anniversaire de la naissance de Charles IV, roi de Bohême et empereur des Romains. Selon le site echo24.cz, les différentes cérémonies et manifestations prévues dans ce cadre se dérouleront très probablement en l’absence de la plupart des souverains et représentants des familles nobles d’Europe que le président Miloš Zeman aurait pourtant aimé accueillir à Prague. En faisant référence aux informations du site Hlidacipes.org, il est précisé que seule la présence du Grand-Duc Henri de Luxembourg a pour l’heure été confirmée. Echo24.cz ajouter que, compte tenu de la généalogie de sa famille, la présence du chef de l’Etat luxembourgeois apparaît de rigueur, Charles IV étant issu, du côté de son père, de la dynastie des Luxembourg. L’édition de mercredi du quotidien Lidové noviny rappelle également dans ce contexte :« C’est aussi en janvier dernier que la chancellerie présidentielle a envisagé de grandioses célébrations avec une forte présence étrangère pour le 70e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. Miloš Zeman avait alors invité à Prague les présidents des puissances victorieuses, mais pas un seul parmi eux n’était venu, tous ayant préféré de participer aux cérémonies organisées en Pologne. »
Les nouvelles menaces sécuritaires de l’énergie nucléaire
Le site Denikreferendum.cz a mis en ligne un texte qui analyse les éventuels risques sécuritaires que représentent aujourd’hui le nucléaire. Son auteur, Radek Kubala, a été inspiré par les informations relatives au prétendu intérêt des auteurs des dernières attaques terroristes à Paris et à Bruxelles pour les centrales nucléaires. Il a d’abord rappelé :« Depuis la fin des années 1980, l’énergie nucléaire est en recul. Les puissances nucléaires comme l’Allemagne et la France commencent à fermer leurs centrales pendant que deux des trois centrales en construction en Europe sont confrontées à de graves problèmes. D’un autre côté, le noyau est toujours bien vu en Europe centrale et orientale. En Tchéquie par exemple, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Jan Mládek, encourage les projets d’achèvement des centrales de Temelín et de Dukovany. »
Face aux menaces terroristes, la situation a évolué. L’auteur du texte remarque que les centrales nucléaires sont devenues un explosif potentiel. Pour cette raison, il ne faut pas prendre à la légère l’intérêt que les terroristes portent à l’énergie nucléaire. Radek Kubula conclut en affirmant : « Le noyau représente une menace mondiale. Il en a toujours été ainsi et il en restera ainsi tant qu’il existera. C’est une chose que les terroristes savent bien. »
Charles Aznavour a ébloui le public pragois
Le premier concert de sa carrière que le chanteur français Charles Aznavour a donné en Tchéquie, et qui s’est déroulé au Centre des congrès à Prague mercredi soir dernier, a été accueilli avec enthousiasme tant par le public présent dans la salle que par la critique. Dans le quotidien Lidové noviny, on pouvait lire par exemple :« Pendant une heure et quarante minutes, Charles Aznavour n’a pas quitté la scène. A 91 ans, il ne s’est assis qu’une ou deux fois et a démontré une envergure et une énergie admirables. A un moment, on a même cru qu’il allait présenter une variation sur des danses arméniennes. Sa souveraineté vocale, qui n’a trahi aucun vibrato ou des manquements d’intonation, a été une source d’étonnement. Les spectateurs ont ainsi pu savourer, en direct, l’expression unique et le charisme d’un chanteur qui, dès l’entame du concert, a su nouer le contact avec eux et le maintenir sans problème jusqu’au bout. Admiratif, le public lui a rendu un vibrant hommage lors d’une longue ovation debout. »
« Une grande personnalité de la culture européenne devant laquelle on ne peut que s‘incliner » : c’est ainsi que le quotidien Mladá fronta Dnes a pour sa part résumé le concert pragois de Charles Aznavour.