Crise migratoire : la République tchèque renforce ses contrôles aux frontières avec l’Autriche et campe sur ses positions
La crise migratoire n’en finit pas d’alimenter les médias et la vie politique tchèques. Et le week-end écoulé ne fait pas exception. Le chef gouvernement n’a pas cessé de réitérer son refus ferme des quotas, tandis qu’à Prague des manifestations pro- et anti-réfugiés ont agité le centre de la capitale tchèque. Enfin, dimanche, le ministre de l’Intérieur a annoncé le renforcement des contrôles policiers à sa frontière avec l’Autriche, suite à la décision similaire de l'Allemagne qui bouleverse ainsi la règle de libre circulation des personnes garantie par Schengen.
C’est dans ce contexte que tout le week-end ont fusé diverses déclarations de politiques tchèques, le Premier ministre Bohuslav Sobotka martelant l’antienne de son gouvernement : refus des quotas migratoires obligatoires voulus par la Commission européenne, accueil d’un certain nombre de réfugiés sur la base du volontariat, et solidarité réaffirmée avec les trois autres pays du groupe de Visegrad, Pologne, Slovaquie et Hongrie, qui campent sur les mêmes positions.
Cette unité de façade au sein du gouvernement tchèque en ferait presque oublier que les ministres de ce dernier ne sont en réalité par unanimes sur la question, comme a tenu à le rappeler le ministre de la Justice Robert Pelikán (ANO). Ce dernier, qui depuis le début soutient ouvertement le principe des quotas, a indiqué que plusieurs autres collègues du gouvernement qui avaient voté contre n'approuvaient pas totalement la position du cabinet Sobotka, sans pour autant préciser quels ministres avaient voté contre leurs convictions.Dernier événement en date, dans le cadre de la crise migratoire, la décision de la République tchèque de renforcer les contrôles policiers, à sa frontière avec l’Autriche, qui fait suite à la décision de l’Allemagne de faire de même, de manière temporaire. Une décision presque étonnante, qui peut apparaître comme un recul d’une Allemagne célébrée ces derniers jours pour son accueil des réfugiés et qui soudain, ferait machine arrière alors même qu’elle critique les pays d’Europe centrale pour leur manque de solidarité. En tout cas, côté tchèque, on a embrayé sur cette décision : dimanche, le ministre tchèque de l’Intérieur Milan Chovanec, a annoncé ces nouvelles mesures à la Télévision tchèque :
« Nous faisons de notre mieux pour envoyer un signal clair que nous allons respecter le droit européen à nos frontières, respecter le règlement Dublin, et renforcer les capacités de nos gens aux frontières afin que nous soyions en mesure de renvoyer les migrants dans le pays voisin. »De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, a annoncé qu’une réunion des ambassadeurs tchèques en poste au Proche-Orient et dans les pays de transit migratoire comme les Balkans, allait se tenir à la mi-octobre à Prague.
« Nous allons les inviter au Conseil de sécurité de l’Etat auquel participent les représentants des différents partis politiques, et certains ministres. J’ai demandé à nos représentations diplomatiques de ces pays de dresser un tableau de la situation locale, notamment dans les camps de réfugiés installés par exemple en Jordanie, au Liban. Il s’agit pour nous de savoir qui sont les personnes hébergées dans ces camps et à quoi peut-on s’attendre comme évolution dans les temps à venir. »En marge de cette annonce, le chef de la diplomatie tchèque s'est dit scandalisé de l'attitude des pays du Golfe, voisins des pays d’où partent les réfugiés, critiquant leur passivité « impardonnable » dans cette crise.
Ce lundi, les ministres de l’Intérieur des Vingt-Huit doivent se réunir une nouvelle fois à Bruxelles pour discuter des derniers développements. A la veille de cette réunion, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait appelé tous les chefs de gouvernement des pays-membres de l’UE et s’il a appelé mercredi dernier ces derniers à se répartir sur la base de quotas160 000 réfugiés, il a reconnu, lors d’un entretien téléphonique avec Bohuslav Sobotka, la nécessité d'une solution commune européenne à la crise migratoire, sans que soit occultées les positions de certains pays-membres.