La République tchèque va accueillir 153 réfugiés irakiens de confession chrétienne

Photo : ČTK

Parmi les plusieurs millions de personnes déplacées depuis le début du conflit syrien, des milliers d’Irakiens et de Syriens chrétiens ont dû fuir leurs foyers devant l’avancée de l’organisation de l’Etat islamique. Une centaine de ces réfugiés, 37 familles, pourront être accueillis en République tchèque ; c’est ce qu’a décidé le gouvernement tchèque ce lundi, accédant ainsi à la requête formulée par la fondation Generace 21, qui doit contribuer à faciliter leur installation dans le pays.

Photo : Archives de Generace 21
Très réticente à accepter la répartition de l’accueil des réfugiés via le système des quotas, tel que le souhaite l’UE, la République tchèque a toujours défendu l’idée que la démarche devait s’effectuer sur une base volontaire. C’est sans doute ce qu’illustre l’annonce faite lundi par le chef du gouvernement Bohuslav Sobotka, à l’issue d’un conseil des ministres :

« Ce sont des gens qui appartiennent aux minorités chrétiennes en Irak. Ils ont dû fuir des environs de Mossoul, où ils vivaient auparavant, souvent depuis des générations. Ils ont dû fuir devant l’organisation de l’Etat islamique. Aujourd’hui ils sont principalement réfugiés à Erbil et aux alentours de cette ville du Kurdistan irakien. Ce groupe de personnes s’est tourné vers la République tchèque et a demandé la possibilité d’un transfert en Tchéquie. Ce lundi, le gouvernement a accepté la venue de 153 réfugiés. Ces personnes proviendront d’Irak et du Liban où une partie d’entre eux se trouvent actuellement. »

En Irak,  photo : ČTK
Les personnes de confession chrétienne sont plusieurs centaines de milliers au Proche-Orient. Avec la guerre d’Irak et désormais la guerre civile syrienne, elles sont nombreuses à avoir été déplacées et sont grandement menacées par l’avancée de l’organisation de l’Etat islamique. La semaine passée, la Slovaquie a ainsi accueilli 149 Assyriens, « chrétiens d’Orient », mais Bratislava est largement critiquée pour faire de ce caractère religieux une condition à l’accueil des réfugiés. Le ministre des Affaires étrangères Lubomír Zaorálek a fourni quelques éléments de contexte :

« En Irak et en Syrie vivent depuis des centaines d’années des personnes de confession chrétienne qui ont été dispersées, qui sont localisées dans des enclaves et à divers endroits. Certains vivent là depuis un millier d’années. Il s’agit de permettre la protection d’une minorité qui semble menacée de disparaître, ce qui serait une tragédie culturelle. »

Photo : Archives de Generace 21
Selon le projet élaboré par le ministère de l’Intérieur, le transfert de ces 153 réfugiés doit débuter dès janvier et s’effectuer à l’occasion de quatre voyages échelonnés jusqu’au mois d’avril. La fondation Generace 21, qui aide les « chrétiens d’Irak et de Syrie », est à l’initiale de la démarche. Elle a sélectionné les candidats au départ sur deux critères, que leur histoire soit « crédible » et qu’ils soient eux-mêmes désireux de se rendre en République tchèque, où le gouvernement a d’ailleurs indiqué qu’ils pourraient rester même après la fin du conflit syrien. Avec diverses institutions religieuses, la fondation Generace 21 doit encadrer leur installation ainsi que l’a expliqué l’un de ses responsables Jan Dezort :

Jan Dezort,  photo : Archives de Generace 21
« La fondation va couvrir et assurer le transport de ces personnes dans un premier temps. Il y aura ensuite les frais pour leur séjour ici durant un an ainsi que pour les cours de langue et les cours d’intégration. Au total, cela représente un budget d’environ 15 millions de couronnes (à peu près 550 000 euros). »

Prague entend pour sa part débloquer un maximum de 32,5 millions de couronnes (1,2 millions d’euro) prélevées sur le budget du ministère de l’Intérieur. Le ministre, Milan Chovanec, artisan d’une politique de fermeté à l’égard des réfugiés depuis le début de la crise, n’a pas manqué d’indiquer que des contrôles de sécurité seraient effectués sur ces 37 familles.