Laurent Fabius à Prague : « Il y aura une proposition française pour le futur appel d’offres nucléaire tchèque »
Le chef de la diplomatie française était à Prague dimanche et lundi. Remis du léger malaise dont il a été victime dimanche soir à la fin de la conférence de presse commune avec son homologue tchèque, Laurent Fabius rencontrait ce lundi matin le Premier ministre Bohuslav Sobotka, avant de participer à la conférence annuelle des ambassadeurs tchèques. Outre les grands sujets internationaux, c’est bien sûr, et comme souvent dans les relations franco-tchèques ces dernières années, d’énergie nucléaire dont il a été question lors de cette visite, avec la nouvelle participation annoncée de la France à l’éventuel nouvel appel d’offres pour de nouveaux réacteurs dans la ou les centrales nucléaires tchèques.
« Les relations entre la République tchèque et la France sont excellentes à tout point de vue, à la fois sur le plan éducatif, culturel, scientifique et économique. Mais nous avons encore des progrès à faire en matière économique, puisque nous avons un certain déficit commercial. Nous avons ici 500 entreprises françaises qui représentent 100 000 emplois et qui marchent très bien – je viens de voir leurs responsables. D’ailleurs, c’est un trait qui n’est pas souvent connu, mais il n’y a pas de chômage ici. La République tchèque peut également servir de ‘hub’ pour aller faire du commerce avec toute une série de pays voisins. »
« Bien évidemment nous parlons avec mes hôtes tchèques des grands problèmes, européens notamment – l’immigration, l’Ukraine. Ce lundi après-midi, le président français sera à Berlin pour aborder ces sujets avec la chancelière allemande. »
« Nous parlons aussi des développements économiques possibles. Vous savez qu’il y a un prospect auquel nous réfléchissons qui concerne le nucléaire. Au moment où les Tchèques lanceront leur appel d’offres, il y aura une proposition française sur laquelle nous travaillons dès maintenant. »
« Sur la plupart des sujets mondiaux, avec la République tchèque nous sommes sur la même ligne et j’ai dit à mes amis tchèques que, vraiment, nous considérons que la République tchèque fait partie du premier cercle des amis de la France. »« Personnellement, cela évoque un certain nombre de souvenirs : j’étais avec François Mitterrand il y a quelques années ici pour rencontrer M. Havel et donc j’ai vécu toute une série d’évolutions – ce qu’on appelle la révolution – donc c’est toujours extrêmement émouvant de revenir ici, même si c’est pour peu de temps. »
A propos de cet appel d’offres nucléaire, la France avait déployé beaucoup d’efforts pour le précédent et cela s’était soldé par un échec –faut-il donc changer de stratégie ?
« Je ne veux pas revenir là-dessus, mais je crois que les conditions dans lesquelles la France avait été écartée et l’appel d’offres lui-même avaient à ce point été contestés que le gouvernement est revenu là-dessus. Maintenant, nous repartons à nouveaux frais. Je note que la République tchèque et la France ont sur ces questions énergétiques une approche qui est à beaucoup d’égards commune. Nous considérons qu’il faut un mix énergétique, et que dans ce mix il faut aussi du nucléaire. J’en discutais hier avec le ministre tchèque des Affaires étrangères qui me confirmait ce plan. »
« Le moment venu – je ne sais pas exactement quand ce sera – la France sera candidate. Entre-temps nous avons réorganisé notre système autour d’EDF, qui est le premier électricien mondial, avec l’appui d’Areva. La proposition que nous ferons sera certainement intéressante, parce qu’elle comprendra l’ensemble du cycle : la conception, la formation, la réalisation et éventuellement le retraitement. Ce sera, je pense, la seule proposition européenne et on sait que dans le domaine du nucléaire la France est parmi les meilleures nations du monde. »