Le renouveau du cinéma tchèque à Karlovy Vary
C’était bien mais c’est fini depuis samedi le festival international du film de Karlovy Vary, l’événement du genre le plus important en Europe centrale qui fêtait cette année sa cinquantième édition. Outre la consécration pour le film Bob and the Trees du réalisateur français Diego Ongaro, avec le très envié Globe de cristal, et pour Youth, de l’Italien Paolo Sorrentino, prix du public, les performances du cinéma tchèque, avec trois récompenses, marquent peut-être un renouveau du septième art en République tchèque.
Quant à Harvey Keitel, il est désormais un habitué puisqu’il effectuait son deuxième voyage à Karlovy Vary, où l’on garde d’ailleurs de lui le souvenir d’un des plus célèbres spots vidéo du festival. L’Américain a bien fait de revenir puisque l’œuvre dans laquelle il joue, Youth, la nouvelle réalisation de Paolo Sorrentino, que le monde a découvert avec La Grande Bellezza, a obtenu le prix du public. Harvey Keitel était content :
« Avec La Grande Bellezza, tout le monde a pu se rendre compte de quoi était capable Paolo Sorrentino. Cela s’est confirmé avec Youth. Lors du tournage, personne n’a rien demandé et personne n’a douté de quoi que ce soit. Pour moi, c’était un privilège de travailler sur ce film. »Le public, souvent jeune et que n’effraie pas les longues files d’attente aux abords des cinémas, a d’ailleurs une nouvelle fois répondu présent à Karlovy Vary. 132 000 tickets ont été vendus pour les projections de quelque 200 films venus d’une soixantaine de contrées de par le vaste monde. Et dans ce public, les Tchèques ont dû être satisfaits de voir que les films de leur production nationale, qui peine à sortir des frontières du pays depuis plusieurs années, ont pour cette édition tiré leur épingle du jeu.
C’est la qualité des acteurs d’abord qui a été reconnue. Chez les interprètes masculins, le prix est allé à Kryštof Hádek pour sa prestation dans Kobry a užovky (Les Cobras et les couleuvres en français) un drame signé Jan Prušinovský. Le prix féminin a été remporté par Alena Mihulová, grâce à son rôle dans Domácí péče (Soins à domicile), le premier long-métrage de Slávek Horák. Enfin, Helena Třeštíková a logiquement obtenu un Globe pour son nouveau documentaire. Depuis les années 1980, la réalisatrice, célèbre notamment pour son cycle Etudes conjugales ou pour le film Katka, s’attache à brosser des portraits sur le long terme. Son dernier film suit treize années durant le parcours de Mallory, une jeune mère à la rue dont les efforts pour en sortir sont récompensés. Lors de la remise de son prix, Helena Třeštíková a eu quelques mots pour elle :« Bien sûr, je remercie l’héroïne de mon film Mallory pour sa confiance, qui a permis à notre collaboration de fonctionner, et pour le fait que la façon dont elle a vécu me permet de dire, et c’est d’après moi le message du film, que le changement est possible et qu’il y a toujours un espoir. »Il n’y en a pas eu cependant que pour le cinéma tchèque et, cocorico ou presque, Bob and the Trees, une coproduction franco-américaine réalisée par Diego Ongaro, un Français qui vit dans l’Etat du Massachusetts, a obtenu ni plus ni moins que la consécration suprême, le Globe de cristal. Radio Prague vous parlera davantage de ce film d’ici à la 51e édition du festival de Karlovy Vary, qui se tiendra du 1er au 9 juillet 2016.