Roland Garros : l’inattendue Šafářová dans le dernier carré !
Après son exploit de lundi en huitièmes de finale contre la tenante du titre Maria Sharapova, Lucie Šafařová a confirmé son excellente forme, mardi, en se qualifiant pour les demi-finales des Internationaux de France de tennis. Opposée à l’Espagnole Garbine Muguruza, 21e joueuse mondiale, la dernière représentante tchèque encore en lice, qui était cette fois légèrement favorite, n’a pas laissé passer l’occasion d’accéder au dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem pour la deuxième fois de sa carrière, après Wimbledon la saison dernière.
Révélée en 2007 par son quart de finale à l’Open d’Australie face à Amélie Mauresmo et son huitième de finale à Roland Garros la même année, Lucie Šafářová avoisine alors le Top 20 mondial à seulement 20 ans. Entraînée par son père Milan, elle espère alors marcher sur les traces de ses idoles de jeunesse : Steffi Graf et Lindsay Davenport. Malgré cette entrée fracassante sur le circuit, les quatre années suivantes sont plus délicates et l’ancienne petite amie de Berdych, formée comme ce dernier à Prostějov, ne parvient pas à confirmer ses débuts remarqués. Preuve en sont ses échecs répétés dès les premiers tours dans les Grands Chelems mis sur le compte notamment d’un mental estimé friable. Cette éclipse relative ne l’empêche cependant pas de remporter deux Fed Cup, en 2011 et 2012, aux côtés de l’inévitable Petra Kvitová et au sein d’une équipe de République tchèque dont elle reste un pilier.
Mais, en 2014, sous la houlette de son nouvel entraîneur canadien Rob Steckley, Lucie Šafářová opère un retour au plus haut niveau à Wimbledon. Sur le gazon londonien, parvenant à se hisser jusqu'en demi-finales dans un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière, Šafářová est éliminée par sa compatriote Petra Kvitová, future gagnante du tournoi. Cette performance en forme de déclic permet à la Tchèque de grimper à la 17e place mondiale, son meilleur classement. En fin d’année, elle remporte même sa troisième Fed Cup avec l’équipe nationale. Cette dynamique positive, la talentueuse gauchère la conserve en 2015. Dès janvier, elle s’adjuge son tout premier titre du Grand Chelem en double à Melbourne avec l'Américaine Bethanie Mattek-Sands. Une victoire à deux bénéfique sur le plan de la confiance et de l’expérience en attendant un sacre individuel, « son rêve », affirme-t-elle depuis quelque temps… Mardi après-midi, sur le court Suzanne-Lenglen, le public a assisté à un âpre duel entre cogneuses. Il faut dire qu’en termes de jeu de fond de court, Garbiñe Muguruza connaît la musique. Déjà quart de finaliste en 2014, l’Espagnole a donné du fil à retordre à la Tchèque l’emmenant jusqu’au tie-break où elle a semblé s’essouffler après un peu plus d’une heure d’échanges intenses. Les joueuses, gênées par les fortes rafales de vent, se sont livrées à un combat plutôt équilibré dans un premier set accroché. Lucie Šafařová aurait pu l’emporter plus rapidement si elle avait su tirer profit d’une des quatre balles de break qu’elle s’est offerte à trois jeux partout, conséquence peut-être d’une petite nuit et du stress lié à l’enjeu, comme elle l’a admis à la sortie du court :« Je me suis endormie après minuit et je me suis réveillée très tôt ce matin. C’était une nuit un peu difficile : on pense à plein de choses…. Mais quand je suis rentrée sur le court, l’adrénaline et l’envie de gagner ont été plus fortes. La fatigue a vite disparu. »
Seule joueuse à ne pas avoir concédé le moindre set depuis le début du tournoi, la Tchèque est restée dans la dynamique et est sortie victorieuse de ce premier round (7-6).
Dès le début du second set, Lucie Šafářová a pris le service de Muguruza et a déroulé. La deuxième manche a alors pris des allures de formalité pour la 13e joueuse mondiale qui a conclu sans trembler dès sa première balle de match. Cette demi-finale lui assure d’ores et déjà d'intégrer pour la première fois de sa carrière le Top 10 du classement WTA, dès lundi prochain. Pour sa deuxième demi-finale en Grand Chelem en moins d’un an, Šafařová affrontera une autre revenante en la personne d’Ana Ivanovic. Issue de la même génération 1987, la Serbe, spécialiste de la terre battue, a remporté le tournoi en 2008 et a été finaliste en 2007 avant de traverser elle aussi une période de turbulences longue de cinq ans. Cette confrontation entre deux joueuses aux parcours similaires, désireuses de confirmer leur come-back parmi le gotha, sera donc à suivre jeudi. La saison dernière, Šafařová et Ivanonic s’étaient déjà affrontées à Roland Garros au 3e tour. Et à l’époque, c’est la Tchèque qui avait pris le dessus sur la Serbe. « Je sais comment m’y prendre avec Ana, je connais la recette pour la battre », a-t-elle-même assuré. On ne demande qu’à voir…