Pour les Tchèques, l’Euro 2016 a déjà commencé
L’aventure « Euro 2016 en France » pour l’équipe de République tchèque de football a débuté officiellement ce lundi. Deux jours avant de s’envoler pour un stage d’une semaine dans le Tyrol autrichien et quatre jours avant un premier match de préparation contre Malte, la majorité des vingt-cinq joueurs convoqués par le sélectionneur Pavel Vrba se sont rassemblés à Prague. Cette fois, le compte à rebours est bel et bien lancé…
« Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus eu une équipe sous mes ordres pendant trois semaines. Cela sera forcément quelque chose de différent que lorsque vous ne disposez des joueurs que pour quelques jours comme lors des rassemblements pour les matchs éliminatoires ou amicaux. Je suis donc très impatient de pouvoir me mettre au travail, de pouvoir être sur le terrain avec les joueurs, car cela fait déjà plusieurs mois que nous nous préparons pour ce rendez-vous. Cela sera très certainement une période positive, qui nous laissera le temps de bien nous préparer, de peaufiner certains détails et qui nous sera très utile. »
Dès vendredi, soit le lendemain de l’annonce de la sélection, Pavel Vrba a réduit de vingt-huit à vingt-cinq le nombre d’éléments composant son groupe (la liste doit encore être réduite à vingt-trois d'ici le 31 mai). Un groupe dans lequel, à l’exception peut-être du gaucher universel du Sparta Prague Martin Frýdek, révélation de la saison écoulée mais blessé, ne manque aucun de la plupart des joueurs qui ont participé à la qualification de la Reprezentace pour le championnat d’Europe. Petr Čech dans les buts, Tomáš Sivok (Bursaspor) et Marek Suchý (FC Bâle) en défense, Vladimír Darida (Hertha Berlin), Jaroslav Plašil (Bordeaux) et Bořek Dočkal (Sparta) dans l’entrejeu ou encore David Lafata, cinq fois meilleur buteur des derniers exercices de la Synot Liga, en attaque… Tous sont bien là, y compris Tomáš Rosický. Considéré, à raison et à la quasi-unanimité, comme indispensable en équipe nationale, le capitaine et meneur de jeu revient juste à temps à l’issue d’une saison à Arsenal presque blanche gâchée une nouvelle fois par les blessures à répétition. De retour sur les terrains depuis quelques semaines, Tomáš Rosický s’entraîne désormais normalement et retrouve progressivement la forme. Malgré ses 35 ans et son extrême fragilité physique, celui qui était surnommé « Le petit Mozart » au début de sa carrière au Sparta (son club formateur dans lequel il pourrait revenir la saison prochaine) ne pouvait raisonnablement pas manquer à l’appel, comme en convient Pavel Vrba, bien conscient du cas à part que constitue Rosický :« Lorsque j’ai été nommé sélectionneur, j’ai dit que seuls les joueurs régulièrement titulaires dans leur club seraient appelés en équipe nationale. De ce point de vue-là, je reconnais que la nomination de Tomáš Rosický peut surprendre. Mais je suis récemment allé le voir jouer à Londres, et même si ce n’était qu’un match avec les juniors d’Arsenal, ce que j’ai vu par rapport à son état de santé et de forme m’a rassuré et convaincu de le convoquer. »Même avec Tomáš Rosický dans leurs rangs, les Tchèques, ne serait-ce que sur le papier, feront figure d’outsiders en France dans un groupe qui les verra affronter successivement l’Espagne (le 13 juin à Toulouse), la Croatie (le 17 à Saint-Etienne), puis la Turquie (le 21 à Lens). Mais c’est là un statut auquel la Reprezentace, qui participera à son sixième Euro consécutif, est habituée et qui ne préoccupe pas outre mesure son sélectionneur :
« Je me sens comme avant le début des éliminatoires. Nous avions déjà été placés dans un groupe très difficile (avec notamment les Pays-Bas, la Turquie et l’Islande, ndlr) et tout le monde savait que nous qualifier serait compliqué. Et je dirais que nous sommes aujourd’hui dans la même situation qu’à l’époque. Nous ne serons pas favoris de notre groupe en France et peu de monde croit en nos chances. Mais nous attaquons la compétition avec envie et ambition. Je suis persuadé que nous avons les moyens de faire bonne figure et de faire plaisir à nos supporters. Les résultats sont une chose, mais il n’y a pas que ça. Nous voulons nous présenter avec un jeu attractif qui puisse nous permettre de nous qualifier, ce que je considérerais déjà comme un succès. »
Sans même remonter jusqu’au sacre de la Tchécoslovaquie du légendaire Antonín Panenka en 1976, la Reprezentace, finaliste malheureuse en 1996 (défaite 1-2 contre l’Allemagne à Wembley après avoir concédé un but en or en prolongation) pour sa première participation à une compétition internationale en tant que République tchèque, demi-finaliste encore plus malheureuse en 2004 (défaite 0-1 contre la Grèce après prolongation) ou encore quart-de-finaliste lors de la dernière édition (défaite 0-1 contre le Portugal), est une équipe à laquelle l’Euro réussit plutôt bien. Et malgré certaines limites notamment techniques de son équipe, Pavel Vrba entend bien à ce qu’il en soit de même cette année :« La façon dont se déroulera le tournoi sera très importante. Il se peut que nous ne parvenions pas à nous qualifier. Mais si nous sortons la tête haute et que nos supporters n’ont rien à nous reprocher, il faudra l’accepter sportivement. Tout le monde sait parfaitement que la décision en football se fait parfois sur des détails, d’autant plus à ce niveau de la compétition. Cela ne m’empêche de penser qu’une qualification pour les huitièmes de finale est dans nos cordes. Et si ensuite nous parvenions encore à passer un ou deux tours, ce serait déjà, je pense, un résultat fantastique. »
Sans voir encore si loin, Radio Prague, qui suivra les trois matchs de groupe de la République tchèque à l’Euro, vous proposera, tout au long du mois de juin, de nombreux reportages et interviews sur cette aventure de la Reprezentace en France.