En visite à Prague, le président vietnamien veut séduire les entreprises tchèques

Trương Tấn Sang, photo: ČTK

La visite à Prague du président vietnamien Trương Tấn Sang, depuis lundi et jusqu’à mercredi, revêt une importance particulière puisque les Vietnamiens constituent le troisième groupe d’étrangers le plus représenté en République tchèque. D’autant plus que ce pays d’Asie du Sud-Est, en plein boom économique, suscite l’intérêt croissant des entreprises tchèques.

Trương Tấn Sang,  photo: ČTK
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, environ 57 000 Vietnamiens vivent en République tchèque, où ils bénéficient depuis 2013 du statut de minorité nationale, ce qui leur ouvre certains droits, par exemple celui de communiquer dans leur langue maternelle avec les services administratifs tchèques. Des données non officielles font même état d’une population plus importante encore.

Les prémices de cette immigration remontent à la période de la normalisation. Nombreux sont alors les Vietnamiens qui viennent suivre des études ou acquérir une formation professionnelle. Dans les années 1980, une autre vague de migration voit affluer des travailleurs, souvent peu qualifiés. Particulièrement visible dans le secteur du commerce de proximité, cette présence se manifeste par exemple à travers le grand marché Sapa, au sud de Prague, un secteur surnommé « la petite Hanoï ».

Aussi, si les pouvoirs du président sont relativement limités dans le système politique vietnamien, la visite officielle de Trương Tấn Sang et de sa femme n’en constitue pas moins un réel évènement et elle ne peut, à ce titre, qu’enthousiasmer le président de la Société tchéco-vietnamienne, Marcel Winter :

Marcel Winter,  photo: Archives de Radio Prague
« C’est une visite tout simplement exceptionnelle, notamment parce que nous avons célébré en février dernier le 65e anniversaire de l’ouverture de relations diplomatiques avec le Vietnam et que de très nombreuses actions sont organisées tout au long de l’année dans le cadre de l'année de la culture vietnamienne en République tchèque. La visite d’Etat du président est réellement un événement très important pour les Vietnamiens qui vivent chez nous. Un tel voyage ne se fait pas tous les jours et jusqu’à aujourd’hui on se souvient d’ailleurs du président vietnamien qui a fait une visite en Tchécoslovaquie en 1956. Il s’agissait d’Hô Chi Minh. »

Le leader communiste, héros de l’indépendance du Vietnam, a donné son nom à la ville de Saïgon, rebaptisée Hô-Chi-Minh-Ville, métropole de près de huit millions d’habitants, symbolisant aujourd’hui le dynamisme économique d’un pays où la croissance, grâce une population jeune, se maintient à un rythme annuel supérieur à 5%.

C’est sous l’angle de ce dynamisme économique, dont les Tchèques voudraient profiter, qu’il convient avant tout de lire la visite du président Trương Tấn Sang, alors qu’est parallèlement organisé à Prague un forum économique tchéco-vietnamien. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, le social-démocrate Jan Mládek, estime en effet que le marché vietnamien est riche de perspectives :

Hô-Chi-Minh-Ville,  photo: Mstyslav Chernov,  CC BY-SA 3.0 Unported
« C’est un pays qui compte encore un grand nombre d’habitants dans le secteur de l’agriculture (environ 50%, ndlr) et qui commence à s’industrialiser. Et quand un pays s’industrialise, il y a une très importante croissance économique et de nombreuses opportunités. De nombreux agriculteurs deviennent des ouvriers de l’industrie et le niveau de vie, les salaires, le PIB augmentent, créant une demande pour des biens que fournit l’industrie tchèque. »

Pour l’heure, la République tchèque est cependant très largement déficitaire dans ses échanges économiques avec le Vietnam. L’an dernier, les importations représentaient ainsi 652 millions de dollars, contre seulement 84 millions de dollars pour les exportations. Après sa rencontre lundi après-midi au château de Prague avec son homologue tchèque, le président vietnamien a annoncé vouloir mettre fin aux tracas administratifs que peuvent rencontrer les entreprises tchèques désireuses de s’implanter dans son pays. Une décision qui pourrait contribuer à changer la donne.