Les organisations féminines de quatre partis politiques veulent l’introduction de quotas pour les femmes dans la politique tchèque
Cinq organisations de femmes au sein de quatre des principaux partis politiques tchèques demandent au gouvernement de soutenir un amendement à la loi électorale, visant à imposer la parité dans la vie politique. La République tchèque est de ce point de vue en retard par rapport aux autres pays européens, avec seulement 20% de femmes parmi les élus.
En effet, les femmes sont aujourd’hui très largement sous-représentées dans le monde politique en République tchèque. Selon Michaela Marksová-Tominová, ministre du Travail et des Affaires sociales qui soutient cette « loi à zip », il n’y a pourtant pas de désintérêt des femmes, qui représentent entre 25 et 50% de la base des partis, vis-à-vis de la politique :
« Un grand nombre de femmes s’intéressent à la politique, mais elles doivent faire face à de nombreux obstacles lorsqu’elles veulent s’y impliquer. Les quotas sont un bon moyen d’augmenter le nombre de femmes sur les listes de candidats. »
Près de cent ans après l’obtention du droit de vote pour les femmes, les conditions de leur activité dans la vie politique restent pourtant inégales. Souvent considérée comme un domaine purement masculin, la politique ne favorise pas, de façon efficace, l’harmonisation du travail et de la vie familiale. Michaela Marksová-Tominová poursuit en indiquant qu’il est nécessaire de changer ces stéréotypes enracinés dans la société, appauvrissant la politique tchèque de différentes expériences de vie qui pourraient s’avérer précieuses :« Les femmes apportent un point de vue neuf sur les choses, grâce aux expériences qui leurs sont propres, comme la maternité ou l’éducation des enfants. Malheureusement, ces particularités leur posent souvent problème dans leur carrière. »
Le déficit de femmes dans les instances politiques porte en outre atteinte à la représentativité de celles-ci par rapport à la société tchèque, puisque les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes dans le pays. Ministre des droits de l’Homme, le social-démocrate Jiří Dienstbier pointe ce phénomène et estime que l’égalité théorique des droits politiques entre les hommes et les femmes ne suffit plus :
« Il n’y a pas de raison pour que la proportion de femmes en politique soit différente de celle dans la société. L’argument voulant que les quotas ne soient pas nécessaires puisqu’une égalité formelle entre les hommes et les femmes existe déjà n’est pas valable. Même si cette égalité existe effectivement, elle n’est pas mise en pratique. C’est pourquoi il est bon de prendre des mesures pour atteindre la parité en politique. »Le parti social-démocrate a pour sa part déjà pris les devants par rapport à cette loi, en imposant un quota de femmes sur ses propres listes électorales. Une initiative dont se félicite Michaela Marksová-Tominová :
« Je crois que le parti social-démocrate a fait un important pas en avant en obligeant ses listes de candidats aux élections régionales et parlementaires à compter au moins 40% de femmes. Actuellement, le ministère de l’Intérieur présente un projet d’amendement à la loi électorale qui veut rendre obligatoire cette règle adoptée par les sociaux-démocrates pour tous les partis politiques sous peine de voir diminuer leurs subventions. »
L’amendement envisagé impose aux partis politiques de mettre un homme et une femme aux deux premières places qui figurent sur la liste des candidats, et puis, au moins une femme par chaque groupe de trois candidats. En cas de non-respect de cette règle, la subvention pourrait être diminuée jusqu’à 30%.
Selon l’organisation Forum 50%, qui lutte contre l’inégalité de sexes aux postes décisionnels, l’introduction de tels quotas, qui existent déjà dans plus de 70 pays du monde, représentent le moyen le plus rapide et le plus efficace pour atteindre la parité en politique. Néanmoins, il faudrait désormais repenser l’adoption des mesures aussi dans d’autres domaines du travail, comme dans la direction des administrations et des entreprises, où la participation des hommes et des femmes n’est, elle non plus, pas équilibrée.