Presse : la cherté du logement, un problème ignoré

Pourquoi les programmes électoraux des partis politiques tchèques omettent-ils le fait que les logements sont actuellement trop chers en Tchéquie? Quelques éléments de réponses dans cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée. A son menu évidemment le retentissement du sommet de Genève de ce mercredi. Autre sujet traité : la faible parité femmes-hommes en Tchéquie et en Slovaquie. Le magazine portera enfin un regard inédit sur le succès de la Tchèque Barbora Krejčíková aux Internationaux de France et évoquera la fin des cabines téléphoniques publiques en Tchéquie.

« Qu’allez-vous faire avec le problème du logement devenu trop cher ? » Telle est la question que les politiciens tchèques appréhendent le plus dans la perspective des élections législatives d’octobre. C’est ce qu’indique un texte publié dans l’édition de ce mercredi du journal Hospodářské noviny :

« Le logement est censé être le principal sujet des élections de cette année, car il s’agit d’un problème particulièrement brûlant. Il suffit de consulter les données et les statistiques pour découvrir qu’être propriétaire d’un appartement ou d’une maison devient inaccessible en Tchéquie, et ce même pour la classe moyenne. Les prix de l’immobilier y augmentent de façon vertigineuse, soit le plus à l’échelle de l’Europe. De même, les prix des loyers augmentent ces dernières années beaucoup plus rapidement que les salaires. »

Or, le logement devrait figurer à la une de l’ensemble des programmes électoraux, ce qui n’est pas pourtant le cas. Le commentateur explique :

« En manque d’idées et de propositions par rapport au problème, les politiciens l’évitent. Ils font comme s’il n’avait aucun intérêt pour les Tchèques. Ainsi, le Premier ministre Andrej Babiš raconte des histoires liées à de prétendues hordes de migrants prêts à menacer le pays. Les sociaux-démocrates quant à eux veulent faire croire que c’est l’augmentation du salaire minimal qui nous pèse le plus. Et même les deux coalitions anti-Babiš favorisées par les derniers sondages, demeurent à cet égard très réservées, misant prioritairement sur la lutte contre la corruption. »

« C’est effectivement l’incapacité des politiciens qui rend le problème du logement plus grave encore », conclut le commentateur de Hospodářské noviny.

Le sommet de Genève vu de Tchéquie

« EU-Russie : la crise continue », « Personne ne veut une guerre froide », « Le sommet Biden-Poutine était un succès, tout simplement parce qu’il a eu lieu », « Sommet : un optimisme prudent », « Le sommet n’a pas brisé la glace, mais le climat s’adoucit ». Tels sont quelques-uns des titres dans les journaux locaux de ce jeudi en lien avec le sommet de Genève. Le commentateur du quotidien Deník.cz a écrit  à ce propos:

Joe Biden et Vladimir Poutine | Photo: Denis Balibouse,  ČTK/AP

« Le président américain Joe Biden et son homologue russe Vladimir Poutine ont déclaré leur volonté d’essayer d’améliorer les relations mutuelles. Mais cette entente n’a concerné que très peu de choses, éludant les questions comme les droits de l’homme, la démocratie ou l’Ukraine. Pourtant, le sommet dont personne n’attendait grand-chose a été important, car il s’est déroulé au moment où tant Washington que Moscou caractérisent leurs relations comme les plus mauvaises dans l’histoire de l’existence de la Fédération russe, soit depuis les années 1990. Un autre point positif : il n’a pas abouti à une brouille. »

L’auteur d’un texte intitulé « Deux ennemis pragmatiques se sont rencontrés dans le calme à Genève » et publié sur le site de l’hebdomadaire Respekt constate que, comme prévu, le sommet n’a apporté que très peu de résultats concrets. Le retour des ambassadeurs des deux pays à leurs postes en semble être un des plus marquants. L’occasion pour lui d’observer également :

« Une chose est certaine. Ce n’est pas la Russie, aussi provocateur son comportement soit-il, mais c’est la Chine qui, aujourd’hui, constitue pour les Amérciains le problème numéro un. Par son potentiel économique et technologique, la Russie ne représente pas pour l’Amérique un défi stratégique réel et à long terme. C’est effectivement la Chine qui a l’ambition et le potentiel de détrôner les Etats-Unis de leur position de pays le plus influent de la planète. »

Néanmois, comme le remarque le commentateur, Biden est sensibilisé aux inquiétudes des Européens liées à la Russie. Un fait qui est pour eux « encourageant ».

La Slovaquie et la Tchéquie à la traîne sur la parité femmes-hommes

Depuis deux ans déjà, la Slovaquie a à sa tête une femme, Zuzana Čaputová. Durant la décennie écoulée, elle a aussi eu une cheffe de gouvernement, Yveta Radičová. Pourtant, l’engagement des femmes dans la vie politique n’est pas meilleur qu’en Tchéquie qui, elle, n’a vu jusqu’ici aucune femme à un poste aussi important. Un constat dressé dans un article publié sur le site aktualne.cz qui a suivi ce phénomène dans les deux pays de l’ancienne fédération tchécoslovaque :

Source: geralt,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« Selon le dernier classement annuel du Forum économique mondial Gender Gap Report, la durée nécessaire pour atteindre la parité femmes-hommes  s’annonce un peu plus favorable pour la Slovaquie. Cela dit, par rapport aux autres pays de l’Europe de l’Est et de l’Asie centrale, l’un et l’autre pays se présentent assez mal, laissant derrière eux huit Etats seulement, dont par exemple le Kazachstan, la Fédération russe, la Roumanie ou la Hongrie. S’agissant de pays de l’Union européenne, la Tchéquie et la Slovaquie figurent parmi les moins bien placés. »

De l’avis de politologues cités dans l’article, cette situation serait le fruit de la culture sociale et politique, de l’évolution historique et, aussi, d’une certaine tradition. L’organisation Forum 50, qui s’emploie à imposer une représentation égale des femmes et des hommes dans la politique et à laquelle le texte se réfère également, voit le problème autrement. Il serait causé par l’absence de la deuxième vague de féminisme et l’interruption de la tradition féministe dans le milieu tchécoslovaque après la Deuxième Guerre mondiale.

Barbora Krejčíková ou un souffle de normalité

Le succès de Barbora Krejčíková aux Internationaux de France où elle a remporté les titres en simple et en double a eu un grand retentissement même dans les périodiques locaux dont le sport ne représente pas le cœur de leur intérêt. L’hebdomadaire Reflex, par exemple, s’est penché sur le comportement et la façon de se présenter de la joueuse tchèque « qui sont remarquables et qui contredisent les maniérismes de certaines stars sportives » :

Barbora Krejčíková,  la nouvelle reine tchèque de Paris | Photo: Thibault Camus,  ČTK/AP

« Durant tout le tournoi de Roland Garros, Barbora Krejčíková a rappelé ses origines et ses débuts dans une petite ville morave, tenant à exprimer sa reconnaissance à sa famille, à son entraîneuse, l’ancien numéro un en double Jana Novotná, aujourd’hui décédée, à ses collaborateurs. Son ouverture donne à croire qu’elle ne l’a pas faitpour émouvoir ou pour plaire, qu’il ne s’agissait pas d’un simple calcul marketing. Elle semble représenter une forme de célébrité différente de celles que l’on peut voir dans l’actuel univers du tennis mondial où l’exhibionnisme et l’arrogance sont assez souvent présents. »

Parfois, on voit émerger des légendes sportives qui s’imposent, malgré des conditions initiales peu favorables pour leur évolution, grâce à leur persévérance et leur talent. « Barbora Krejčíková en fait partie. Et tout comme beaucoup d’entre elles, même au meilleur moment de sa carrière, elle arrive à se comporter normalement, sans excès, sans manières et sans orgueil », souligne le commentateur de Reflex.

La fin des cabines téléphoniques en Tchéquie

Hlubyně, une petite commune de Bohême centrale, a été ce jeudi le théâtre d’une cérémonie officielle qui accompagnait le démontage de la dernière cabine téléphonique publique en Tchéquie. Le journal Lidové noviny a précisé  à ce sujet:

Photo: Musée de poste

« L’histoire des cabines téléphoniques sur le territoire tchèque est vieille de 110 ans. Leur plus grand boom remonte au début des années 1990 où le pays en comptait près de 30 000. L’année dernière en revanche, il n’en restait plus qu’un millier. Le ‘fossoyeur’ des cabines téléphoniques en Tchéquie, c’est évidemment, comme ailleurs dans le monde, le téléphone mobile. A l’heure actuelle, le pays enregistre près de 14 millions de numéros mobiles actifs, les réseaux mobiles couvrant un territoire habité par plus de 99% de la population. »

Le journaliste de Lidové noviny rapporte que les cabines téléphoniques qui ne servent plus à leur but initial peuvent être utilisés à d’autres fins : une petite bibliothèque publique, une vitrine de pancartes ou d’annonces communales. Une possiblité dont profitent des dizaines de communes.