Foot – Euro 2016 : petit contretemps pour les Tchèques sur la route de la France

Václav Pilař (à gauche), photo: ČTK

L’équipe de République tchèque de football n’est pas parvenue à enchaîner une cinquième victoire consécutive dans sa campagne éliminatoire pour la phase finale du championnat d’Europe 2016. A Prague, samedi, la Reprezentace a concédé un résultat nul (1-1) contre la Lettonie. Malgré cette contre-performance, les Tchèques restent en tête du groupe A avec un point d’avance sur l’Islande et six sur les Pays-Bas à mi-parcours.

Václav Pilař  (à gauche),  photo: ČTK
« Bien sûr, je suis content d’avoir marqué et que ce but nous ait permis d’arracher ce petit point. Mais ce n’est pas suffisant et nous ne pouvons pas être satisfaits dans l’ensemble. Ce sont trois points que nous voulions et nous en avons un seul. »

Ainsi parlait Václav Pilař, l’auteur de l’unique but tchèque à la dernière minute du temps réglementaire, dans les couloirs du stade d’Eden, samedi soir, à la sortie de la douche. Ils le savent mieux que quiconque : sur la route de la France, où se tiendra la phase finale de l’Euro 2016, Petr Čech, Tomáš Rosický et leurs partenaires ont perdu deux précieux points qu’ils regretteront peut-être amèrement en octobre prochain au moment des décomptes finaux et de l’octroi des billets qualificatifs.

Ce n’est pas nouveau, le football est parfois un jeu paradoxal. Avant le coup d’envoi de ce République tchèque – Lettonie, les choses étaient claires : après avoir réalisé un sans-faute en battant successivement les Pays-Bas (2-1 à Prague), la Turquie (2-1 à Istanbul), le Kazakhstan (4-2 à Astana) et l’Islande (2-1 à Plzeň) lors des quatre premiers matchs de groupe, il était entendu que tout autre résultat qu’une victoire à domicile contre une des deux équipes objectivement les plus faibles du groupe serait considéré comme une mauvaise opération. On le sait, la tournure des événements n’a pas été celle escomptée. Et quatre-vingt-dix et quelques minutes supplémentaires plus tard, on en était même à se demander si ce partage des points n’était finalement pas un moindre mal. Menés pendant une heure et tout proches de la correctionnelle à certains instants en deuxième mi-temps, les Tchèques pouvaient presque s’estimer heureux d’être parvenus tant bien que mal à sauver les meubles. En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur Pavel Vrba, bien que légitimement déçu, ne cachait d’ailleurs pas qu’il était partagé entre deux sentiments :

Pavel Vrba,  photo: ČTK
« On saura ce que vaut ce point à la fin des éliminatoires. Peut-être dirons-nous alors que c’était un bon point de pris. Mais en attendant, c’était la première fois que nous étions favoris avant un match depuis le début des éliminatoires et nous n’avons pas répondu aux attentes. Notre ambition était bien de faire le plein et de continuer notre série de victoires. Cela ne doit pas non plus nous faire oublier que nous avons pris treize points sur quinze parfois contre des équipes contre lesquelles on ne nous attendait pas forcément. Le bilan après avoir disputé la moitié des matchs reste positif, même si, encore une fois, aujourd’hui nous voulions beaucoup plus qu’un point. »

Ces deux points de plus, les Tchèques ont pourtant bien failli les prendre. Dans le temps additionnel, dans la foulée de leur égalisation, ils ont eu encore une énorme occasion pour inscrire un second but et l’emporter. Mais comme le reconnaissait Pavel Vrba, un tel scénario aurait été par trop cruel pour un onze letton vaillant de bout en bout, bien organisé, plus audacieux et moins regroupé dans son camp qu’annoncé :

« Les Lettons ont mérité ce point du match nul. On peut même dire qu’ils auraient pu obtenir encore un peu mieux. Ils ont eu deux ou trois occasions qui auraient très bien pu finir au fond de nos filets avec un peu plus de réussite. Malheureusement pour nous, c’est un résultat équitable. »

David Lafata,  Igors Tarasovs,  photo: ČTK
Trop laborieux dans l’élaboration du jeu et l’approche du but letton, les Tchèques se sont pourtant mis seuls dans la difficulté en concédant un but-gag comme on en voit très peu à ce niveau de la compétition. Sur un corner en leur faveur tiré en retrait, Jaroslav Plašil, alors en position de dernier défenseur, perdait le ballon à une trentaine de mètres du but adverse, permettant ainsi à Aleksejs Višnakovs, lancé en profondeur par un partenaire, de traverser seul toute une moitié de terrain pour aller tromper un Petr Čech abandonné à son triste sort. On en était alors à une demi-heure de jeu et il restait encore un tour d’horloge complet d’abord pour recoller au tableau d’affichage puis pour renverser la vapeur, comme cela était le cas lors des matchs précédents à l’automne contre la Turquie et l’Islande. Seulement voilà, une heure précisément plus tard, les Tchèques venaient seulement d’égaliser, et ce n’était déjà pas si mal. C’est du moins ce qu’affirmait le gardien Petr Čech :

« Compte tenu de la physionomie du match, mieux vaut prendre un point que rien du tout. Nous avons été menés au score l’essentiel du temps, il faut donc nous contenter de ce match nul, même si nous aurions aussi pu gagner si nous avions marqué dans le temps additionnel. Les deux équipes ont eu les occasions pour l’emporter, c’est pourquoi je pense que, dans l’ensemble, nous n’avons pas à nous plaindre et que c’est plutôt un bon point. »

Capables donc de battre les Pays-Bas, la Turquie chez elle ou une Islande bien plus costaude que ne peuvent le penser ceux qui ne l’ont jamais vue à l’œuvre, les Tchèques peuvent donc aussi se satisfaire d’un partage des points avec la Lettonie. La preuve que l’équilibre reste fragile et que le renouveau observé à l’automne demande encore confirmation, ce dont les joueurs semblent les premiers conscients, à commencer par leur capitaine Tomáš Rosický :

« C’est une perte, c’est certain, mais je ne pense pas que ce résultat dévalue nos performances précédentes. OK, nous n’avons pas battu les Lettons et avons mal joué, mais ce n’est pas encore le moment de paniquer. Il faudra analyser ce qui n’a pas bien fonctionné aujourd’hui, nous remettre au travail et continuer. »

Et pour des Tchèques dont le salut passe d’abord par le collectif plus que par des performances individuelles, continuer, cela signifie revenir à certains fondamentaux, comme l’explique celui qui reste le meilleur d’entre eux dans le champ et leur indispensable meneur de jeu, Tomáš Rosický :

Tomáš Rosický,  photo: ČTK
« On ne peut pas penser que l’on va battre tout le monde avec la qualité de notre football. C’est l’impression que nous avons donnée en première mi-temps. Nous étions en retard dans tous les duels et les Lettons en voulaient plus que nous. J’ai trouvé que nous avons manqué de l’enthousiasme et de l’esprit de sacrifice des matchs précédents. C’est une petite claque pour nous, mais cela peut nous servir de leçon. En même temps, il ne faut pas paniquer, les éliminatoires sont encore longues. Il faut revenir à plus de combativité et à certaines valeurs qui ont fait notre force et nous ont réussi lors des matchs précédents. »

Et avant même le prochain match éliminatoire en Islande en juin prochain, on aura une première idée de ce retour aux sources et à certaines bases du jeu dès ce mardi lors du déplacement amical en Slovaquie.