Les deux otages tchèques libérées après deux ans de captivité
Capturées en mars 2013 dans la province du Baloutchistan au Pakistan et retenues deux années en captivité, Antonie Chrástecká et Hana Humpálová, âgées aujourd’hui de 27 ans, ont finalement été libérées. Les deux jeunes femmes sont rentrées samedi en République tchèque via la Turquie et sont pour l’heure suivies médicalement et tenues à l’écart des médias afin qu’elles puissent, à termes, reprendre une vie normale.
Fébrile mais heureuse, c’est ainsi qu’est apparue Antonie Chrástecká, pour sa première déclaration aux médias turcs. Aux côtés de représentants de l’organisation humanitaire turque d’inspiration musulmane IHH, laquelle aurait contribué à faciliter les négociations, les deux femmes, qui arboraient un hijab, ont semblé fatiguées, amaigries, mais visiblement en bonne santé. Un peu comme sur les deux vidéos publiées par leurs ravisseurs sur Internet à quelques mois d’intervalle et qui avaient permis de confirmer qu’elles étaient toujours en vie.
Le kidnapping des deux jeunes Tchèques remonte au 13 mars 2013, alors qu’elles se rendaient en Inde depuis l’Iran pour des raisons touristiques. Hana Humpálová raconte :
« Sur la route depuis Taftan, une ville à la frontière entre l’Iran et le Pakistan, nous étions dans un bus et un groupe d’hommes l’a arrêté et nous ont ordonné d’aller avec eux, de leur donner nos passeports et nos affaires. Le début a sans doute été le pire pour nous. Il s’agissait d’un grand changement et nous avions vraiment peur de nos ravisseurs. C’était la première fois que je voyais des armes et des gens qui semblent capables de les utiliser. »L’identité des ravisseurs n’est pas connue. L’information des médias turcs selon laquelle il s’agirait d’un groupe lié à Al-Qaïda n’a pas été confirmée. Dimanche, le vice-Premier ministre Pavel Bělobrádek a déclaré qu’il était question d’un groupe criminel et non pas de terroristes. Les deux ex-otages ont quant à elles indiqué qu’elles ne savaient rien de leurs kidnappeurs, qui « ne se seraient pas présentés ». Ce manque d’informations, réel ou factice, a une justification pour Izzet Sahin, le coordinateur diplomatique de l’association IHH :
« Ces deux filles ne sont pas le seul cas de personnes retenues en otage. Il y en a bien d’autres. Pour ne pas nuire à leur chance de libération, il est difficile de partager davantage de détails. »Les autorités tchèques ne se montent pas beaucoup plus loquaces. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka, a confirmé officiellement samedi matin la libération des otages. Il a fait part de sa joie et remercié l’organisation IHH. Un soulagement partagé par Miloš Zeman, qui ne compte toutefois pas rencontrer les deux femmes, auxquelles il a reproché l’imprudence qui a conduit les services de l’Etat à devoir se mobiliser. Une mobilisation qu’a évoquée le ministre de l’Intérieur Milan Chovanec, qui a au passage indiqué que la République tchèque n’avait pas payé de rançon pour obtenir la libération des deux jeunes femmes :
« Quand cela arrive à quel ressortissant tchèque que ce soit, l’Etat tchèque intensifie sa communication avec la mise en place de moyens diplomatiques de communication et ces informations ne sont pas rendues publiques. La règle est naturellement que la République tchèque ne négocie pas avec les terroristes et ne paie pas de rançon. »Le mensuel Respekt écrit cependant ce lundi que la question d’une rançon a au moins été discutée lors des négociations. Les ravisseurs auraient d’abord demandé 20 millions de dollars avant que les discussions ne portent plutôt sur une somme de 2 millions de dollars, plus de 50 millions de couronnes. Selon le quotidien Lidové noviny, le Qatar aurait joué un rôle important de médiateur. La République tchèque aurait sollicité les services de cet émirat du golfe Persique, dont les services de renseignements ont de solides contacts avec les groupes armés de la région et qui auraient localisé les deux jeunes femmes au sud de l’Afghanistan. Le ministère tchèque des Affaires étrangères a démenti toute collaboration avec les Qataris.
Logées dans un endroit tenu secret pour les préserver de l’intérêt médiatique, Antonie Chrástecká et Hana Humpálová ont pu revoir leurs familles et bénéficient aujourd’hui de soins médicaux et psychiatriques. Elles auront besoin de temps pour revenir à leur vie « normale » en République tchèque.