Biathlon : des Mondiaux historiques pour les Tchèques
Les championnats du monde de biathlon se sont presque achevés de la même manière qu’ils avaient commencé pour les Tchèques. Dix jours après l’or remporté en ouverture dans le relais mixte, Ondřej Moravec a décroché l’argent de la mass-start en clôture. Avec un bilan de quatre médailles, le meilleur de son histoire, la République tchèque termine ainsi les Mondiaux au quatrième rang du classement par nations. Une performance qui confirme encore un peu plus l’ampleur du phénomène qu’est devenu le biathlon en République tchèque.
Le meilleur biathlète tchèque a été une nouvelle fois Ondřej Moravec. Déjà sacré dans le relais mixte le premier jour de compétition, le 6 mars, et troisième du 20 kilomètres individuel, Moravec a complété sa collection de médailles en décrochant l’argent de la mass-start (15 kilomètres départ en ligne) dimanche. Comme à Sotchi il y a un an, c’est donc avec trois breloques autour du cou que le Tchèque quitte ces Mondiaux finlandais :
« Je n’avais de grandes ambitions en début de saison pour ce qui est des médailles. J’avais pour objectif principal de terminer parmi les dix premiers au classement général de la Coupe du monde, ce qui signifiait faire de bons championnats du monde. Je crois pouvoir affirmer que c’est un objectif que j’ai atteint, même si on peut toujours penser que cela aurait pu être un peu mieux encore. Au moins, j’ai les trois médailles différentes et je peux me consoler comme ça, même si je suis d’abord très heureux d’avoir répondu présent au grand rendez-vous de la saison. »
Dimanche, il s’en est fallu d’une petite seconde pile poil pour que le bilan soit « un peu mieux encore ». Devancé au sprint par le Slovène Jakov Fak qui avait conservé plus de forces que le Tchèque dans la dernière ligne droite au terme des 15 kilomètres, Ondřej Moravec aurait pu décrocher le premier grand titre de sa carrière dans une épreuve individuelle. Mais bien conscient qu’il aurait tout aussi bien pu terminer au pied du podium d’une course très disputée jusqu’au bout que les dix-huit premiers concurrents ont finie avec des écarts inférieurs à une minute, Ondřej Moravec ne faisait pas trop la fine bouche à l’arrivée :« Je savais que ce serait très compliqué de battre Jakov Fak. Déjà dans la poursuite, il avait montré qu’il n’est certes pas le plus rapide, mais qu’il est extrêmement dynamique notamment dans les lignes droites. Je pense qu’il était dans une excellente forme. Samedi, la veille de la course, j’avais d’ailleurs dit à la télévision slovène que je lui souhaitais une médaille. Bon, si j’avais pu prendre l’or à sa place et lui terminer avec l’argent, je ne m’en serais pas plaint. Mais je suis quand même content pour lui. »
Satisfait, et même très satisfait, c’est également ce qu’était l’autre Ondřej de l’équipe de République tchèque de biathlon à l’heure du bilan. Entraîneur en chef de l’équipe nationale, Ondřej Rybář voit plusieurs raisons à la réussite tchèque de ces dernières saisons :
« Comme je le dis toujours, le secret ou la recette est que nous avons des sportifs débrouillards et talentueux. L’équipe est costaude et possède un potentiel qui permet d’obtenir des résultats. Mais la marge est minime entre le succès et ce qui est parfois considéré comme un échec ou une déception. Pourtant, même sans forcément décrocher de médaille, nos représentants ont fini d’autres courses à ces championnats parmi les cinq premiers, comme Michal Šlesingr et Gabriela Soukálová ce week-end. A l’exception d’une épreuve, nous avons lutté pour une médaille dans dix des onze courses inscrites au programme de ces Mondiaux. Et puis nous avons le soutien du public. Les gens et les médias au pays s’intéressent désormais beaucoup à nous. Forcément, cela nous aide aussi à obtenir de bons résultats. »S’ils ne sont donc pas le fruit du hasard, ces résultats satisfont d’autant plus Ondřej Rybář qu’ils ont été signés en une saison post-olympique pas toujours évidente à gérer :
« On termine quatrièmes au classement des pays, ce qui signifie qu’il est toujours possible d’aller encore plus haut et de nous améliorer. Mais cela n’enlève rien au fait que ce sont effectivement des Mondiaux particulièrement positifs pour nous. Repartir avec quatre médailles relève presque du domaine du rêve. Il ne faut pas oublier d’où nous venons : avant, le biathlon était un sport pratiquement inexistant chez nous. Ce qui est bien, c’est d’avoir la confirmation que les Jeux olympiques n’ont pas constitué une exception ou un accident et de voir que nous pouvons continuer de la sorte. »Bref, alors que se profile le printemps et avec lui enfin le retour des beaux jours, on en serait presque à souhaiter que l’hiver cette année en République tchèque se prolonge encore un peu… Mais même si on aime tous les sports, on se contentera d’une semaine supplémentaire jusqu’à la finale de la Coupe du monde de biathlon à Khanty-Mansiysk, dans le froid sibérien, de jeudi à dimanche prochains.