Disons les choses comme elles sont, ce n’est probablement pas l’événement sportif qui passionne le plus les foules, surtout que parallèlement se tiennent les Mondiaux de ski alpin en Autriche voisine. Néanmoins, ce sont quand même bien des championnats du monde que la République tchèque organise. Depuis jeudi et jusqu’à dimanche prochain, la petite ville de Nové Město na Moravě accueille pour la première fois l’élite du biathlon (combinaison du ski de fond et du tir à la carabine). Et ces Mondiaux ont plutôt bien commencé, puisque dans une enceinte pleine, les Tchèques, troisièmes derrière la Norvège et la France, ont décroché leur première médaille dès la première épreuve : le relais mixte.
Veronika Vítková, Jaroslav Soukup, Ondřej Moravec et Gabriela Soukalová, photo: CTK
C’est un peu en Allemagne, où comme dans les pays nordiques le biathlon est particulièrement apprécié du public, que l’on se serait cru pour l’ouverture de ces Mondiaux. C’est pourtant bien dans la Vysočina, le Plateau tchéco-morave plus habitué aux passages de la Coupe du monde de ski de fond, que les 27 000 spectateurs qui avaient rempli jusqu’à la dernière place le stade spécialement monté pour l’occasion, ont assuré une ambiance digne de l’événement. Il faut dire que leurs favoris ont eux aussi assuré. Dans une épreuve, le relais mixte, qui figurera pour la première fois au programme olympique lors des Jeux de Sotchi l’année prochaine, les Tchèques ont remporté une médaille de bronze qui, si elle n’était pas inespérée avant le départ, relevait néanmoins plus du domaine du possible que du probable.
Veronika Vítková, photo: CTK
Huitièmes et sixièmes après les deux premiers relais, puis quatrièmes après le troisième, le quatuor composé de Veronika Vítková, Gabriela Soukalová, Jaroslav Soukup et Ondřej Moravec a finalement terminé à la troisième place, à 32’’ des vainqueurs norvégiens et à 12’’ des Français, deuxièmes mais longtemps à la lutte pour la première place. Favoris, Russes et Allemands ont dû se contenter respectivement des décevantes 6e et 13e places, loin de leurs ambitions initiales. Ce bronze, les Tchèques le doivent à une performance d’ensemble de l’équipe régulière du départ à l’arrivée, même si c’est Ondřej Moravec, auteur d’un sans-faute au dernier passage au stand de tir, qui leur a permis d’assurer le podium en reléguant les Italiens, quatrièmes à 26’’ de ce même podium, suffisamment loin. Ondřej Moravec :
Ondřej Moravec, photo: CTK
« J’ai fait ce que j’ai pu pour faire abstraction du bruit et du public, mais bien sûr ce n’est pas tout à fait possible. Je me suis efforcé de me concentrer au maximum sur le tir, et on dirait que ça n’a pas trop mal réussi. »
C’est effectivement le moins que l’on puisse dire, et l’entraîneur tchèque Ondřej Rybář ne s’est d’ailleurs pas privé d’aller plus loin dans ses commentaires :
Gabriela Soukalová, photo: CTK
« Devant des tribunes pleines comme aujourd’hui et devant un public majoritairement tchèque, c’est quelque chose d’incroyable. C’est difficile à décrire à chaud, mais c’est pour vivre des moments d’émotion comme celui-là que vous faites du sport de haut niveau. Cela récompense le travail de plusieurs années et tous les sacrifices consentis. Les gens ne s’en rendent peut-être pas bien compte, mais jusqu’à la moitié du quatrième relais, douze équipes se tenaient en une minute. Dans une épreuve comme le relais, cela veut dire que tout le monde pouvait encore espérer terminer aux trois premières places. Mais au fil de la course et à l’approche de l’arrivée, nous avons eu l’assurance de terminer parmi les six premiers. Le finish d’Ondřej Moravec et son sans-faute au tir nous ont finalement permis de décrocher une médaille. Ce n’était pas évident pour lui dans ces conditions, je lui tire mon chapeau. Ce qu’ont réalisé les filles et les garçons est fantastique ! »
Jaroslav Soukup, photo: CTK
Cette première médaille lance donc parfaitement des Mondiaux qui suscitent un vif intérêt des médias et du public tchèques. Non seulement son organisation a été possible avec un budget raisonnable et apparemment respecté jusqu’au bout (7,7 millions d’euros pour l’organisation même + 11,2 millions d’euros d’investissements, dont 39 % en provenance des fonds publics), mais l’enceinte accueillant l’événement est également annoncée à guichets fermés pour les dix jours de compétition, qui réunissent 377 participants de 43 pays. Un succès populaire qui vaut assurément toutes les médailles et qui permet déjà d’affirmer que ces Mondiaux de biathlon en République tchèque, médailles supplémentaires ou pas après la première de jeudi, devraient être une belle réussite.
