Pas de rapatriement des Tchèques de Volhynie pour le moment
Jusqu’à récemment, le gouvernement tchèque se disait prêt à venir en aide aux Tchèques vivant dans l’oblast de Volhynie en Ukraine, mais la situation a quelque peu changé depuis ce mardi. Après réunion du Conseil de sécurité tchèque, le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek, a fait savoir qu’il n’existait pour l’heure pas de motifs de sécurité valables pour leur venir en aide. Du côté ukrainien, les Tchèques de Volhynie se sont dits « déçus » de cette position.
« Ce rapport indique qu’à l’heure actuelle, des aggravations des conditions de sécurité des habitants de la région n’ont pas été constatées. Nous excluons résolument que les Tchèques de Volhynie fassent l'objet d’attaques de la part de leurs concitoyens ukrainiens. Ils ont tenu à assurer eux-mêmes qu’ils vivaient côte à côte dans une ambiance amicale, cela a d’ailleurs été répété à plusieurs reprises. On dirait plutôt que la raison de cette aide est davantage économique et sociale. »
Le chef de la diplomatie tchèque a également fait savoir que certains Tchèques vivant en Volhynie étaient persuadés de l’existence d’un programme du début des années 1990 apportant une aide aux victimes de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Dans le cadre de ce programme, des ressources financières avaient été débloquées pour permettre aux Tchèques de Volhynie de trouver un logement et un emploi en République tchèque. Selon Lubomír Zaorálek, l’idée du maintien de ce programme avait été évoquée sur place en raison de l’aide de 50 millions de couronnes (1,86 millions d’euros) récemment accordée à l’Ukraine, suite aux violents affrontements ayant aggravé la crise ukrainienne au mois de janvier dernier. Le chef de la diplomatie tchèque a expliqué dans ce sens que le gouvernement ne comptait pas pour le moment mettre en place un autre programme d’aide financière. Lubomír Zaorálek :« Nous sommes persuadés qu’à l’heure actuelle la République tchèque offre aux personnes qui font partie de la communauté régionale, des moyens au-dessus de la norme, grâce auxquels elles peuvent demander la nationalité ou venir s’installer en République tchèque. Je tiens à assurer que ce régime est tout à fait avenant et bienveillant. »Pour Lubomír Zaorálek, entamer un rapatriement serait une manifestation de méfiance à l’égard du gouvernement ukrainien et de sa capacité à stabiliser la situation dans le pays. Si une immigration accrue n’a pas été enregistrée en République tchèque, le ministre de l’Intérieur, Milan Chovanec, a souligné qu’il existait toujours la possibilité de demander un permis de séjour permanent en République tchèque, sachant que certains Tchèques de Volhynie l’ont déjà en leur possession. A ce propos, Milan Chovanec a précisé :
« A l’heure actuelle, nous n’avons pas enregistré une augmentation significative du nombre de demandes de visas, que ce soit de la part de nos compatriotes ou de la part des Ukrainiens, qui n’ont pas de racines tchèques. Pour parler de chiffres concrets : il y a deux semaines, nous avons enregistré 1388 demandes de visas, et 892 d’entre elles ont abouti. Il s’agit d’une diminution de 1% par rapport à la semaine précédente. Il n’y a rien de dramatique. »En réaction à ces déclarations officielles, la présidente de l’Association des Tchèques de Volhynie, Ema Snidevyč, a fait savoir :
« C’est avec une grande déception, que nous avons suivi le discours du ministre des Affaires étrangères, qui n’a malheureusement pas tout à fait compris notre situation actuelle. Nous n’avons pas peur des Ukrainiens, ce sont nos voisins et nos frères, nous vivons côte à côte depuis des décennies, mais nous craignons que la guerre commence, et que nos hommes soient mobilisés. L’armée ukrainienne a été négligée pendant de nombreuses années et il lui manque des moyens de base. En cas de conflit militaire, l’armée ne pourra assurer que tout se passe bien. »Malgré ce relatif échec, les Tchèques de Volhynie gardent espoir et veulent renouveler une demande d’aide très prochainement. En cas de détériorations de la situation en Ukraine, le chef de la diplomatie tchèque a néanmoins affirmé que le gouvernement pourrait reconsidérer sa position.