L’intérêt des Tchèques pour les œuvres caritatives augmente
Cette semaine, c’est l’hebdomadaire Respekt qui nous a servi de source principale de sujets pour cette revue de la presse. Le magazine s’est penché par exemple sur la manière dont les Tchèques participent aux œuvres caritatives. Il a aussi cherché une réponse à la question de savoir si la Tchèquie a aujourd’hui besoin de personnalités jouissant d’une grande autorité. Nous avons également retenu une des réactions aux récents propos, aussi informels que déplacés, du Premier ministre Jiří Rusnok au sujet des funérailles de Nelson Mandela. Nous vous informerons également d’une initiative étudiante qui vise à réduire le doublage de films.
« Des statistiques précises sur les recettes générées en Tchéquie par les projets caritatifs n’existent pas, à l’exception des données du ministère des Finances sur la base des déclarations d’impôts. Celles-ci montrent clairement que ces dernières années, la charité intéresse et attire de plus en plus de monde. »
Pourtant, ce secteur a connu une évolution assez dramatique. L’article explique pourquoi :
« Tandis qu’il existait près de 2 000 fondations dans le pays avant la Deuxième Guerre mondiale, seule la fondation Hlávka a survécu après la guerre. C’est pourquoi les dons sont restés un tabou pendant une quarantaine d’années. Après la chute du régime communiste, le renouveau de ces organisations a été difficile, et ce d’autant plus que parmi les milliers de nouveaux projets et de nouvelles fondations, sont aussi apparus ceux qui avaient un caractère frauduleux. Aujourd’hui, la situation s’est stabilisée. Plus transparents qu’au début, les fondations et le secteur à but non lucratif se sont professionnalisés. »
Le donateur tchèque typique serait une femme qui verse régulièrement de petites sommes à des organisations proches de chez elle et auxquelles elle fait confiance. Répandu et très réussi est le système de dons sous forme de SMS, en général d’une valeur de trente couronnes, qui a été introduit en 2001 et qui est considéré comme une invention et une spécificité tchèques. Le journal indique également à qui les dons des Tchèques profitent le plus :
« On peut dire que les Tchèques aiment accorder une aide d’urgence aux victimes des catastrophes. Ainsi, les deux collectes les plus réussies ont été celles organisées après le tsunami en Asie et le séisme en Haïti. Les inondations locales soulèvent également un fort élan de solidarité. En revanche, des moyens sont difficilement réunis lorsqu’il s’agit d’une aide aux Roms, aux sans-abri, aux anciens détenus ou aux drogués. Les conflits de guerre ne suscitent pas non plus une grande solidarité parmi les Tchèques. C’est ce qu’a confirmé tout dernièrement la collecte organisée pour le conflit en Syrie, qui n’a apporté que des résultats très médiocres. »
La Tchéquie en manque de personnalités jouissant d’une grande autorité
Vit-on à l’heure de la fin des personnalités comme on l’entend souvent dire ? Dans l’éditorial du dernier numéro de Respekt, nous avons pu lire à ce sujet :« Aujourd’hui, il n’y a sans doute plus de personnalité pouvant être comparée à Václav Havel. Mais on ne peut pas non plus prétendre qu’il manque d’exemples à suivre et de sources d’inspiration. Qui sait, nous vivons peut-être à une époque qui profite pleinement à des personnalités jouissant d’une autorité locale plus qu’à celles de notoriété nationale... Ce sont justement les personnalités qui ne sont connues que d’un cercle restreint qui peuvent jouer un rôle important et qu’il faut apprécier à leur juste valeur. »
Un autre article consacré à ce sujet donne la parole aussi à plusieurs experts qui estiment que des personnalités reconnues et respectées à l’échelle de toute la société sont nécessaires afin de transmettre des valeurs positives, comme la tolérance ou l’honnêteté. Il cite par exemple le sociologue Pavol Frič, qui affirme :
« Personnellement, je ne peux pas imaginer une société dépourvue de telles personnalités. Si tel était le cas, on pourrait s’attendre à ce que l’absence de personnalités jouissant d’une grande autorité morale donne bientôt lieu à l’émergence d’autorités négatives. Autrement dit, cela risque d’offrir un grand espace aux extrémistes de tous bords. L’échec des personnalités entraîne l’échec de tout le reste. »
Selon les résultats d’une enquête mentionnée dans cet article, près de la moitié des Tchèques souhaiteraient un leader fort qui « mettrait de l’ordre dans le pays ». Il ne s’agit pas pour autant d’un dictateur, mais d’une personne spécialisée dans un domaine précis dont le crédit reposerait sur de solides bases morales. En même temps, ils préfèrent que cette personne soit « populaire ». En effet, tout indique que « les Tchèques acceptent mieux les leaders réputés plébéiens que ceux appartenant à la haute société. »
Les Tchèques sont-ils indifférents aux grandes idées ?
« A en croire les échos sur les réseaux sociaux, le principal événement de ces derniers jours en Tchéquie aurait été la récente conversation qu’a eue le Premier ministre Jiří Rusnok avec le ministre de la Défense Vlastimil Picek. » C’est ce que constate le journaliste Martin Šimečka sur le site Respekt.cz. Rappelons que lors de cette conversation informelle enregistrée sur le sol parlementaire à l’insu de ses protagonistes, le chef du gouvernement a confié qu’il n’avait aucune envie de participer aux funérailles de Nelson Mandela, pimentant ses propos de quelques vulgarismes. Des propos pour lesquels Jiří Rusnok s’est ensuite excusé. L’auteur de l’article remarque :« A travers cette conversation, le Premier ministre a fait preuve de cynisme en montrant que Mandela et tout ce que celui-ci symbolisait lui étaient indifférents, que la liberté et les sacrifices à faire pour l’obtention de celle-ci ne valaient rien pour lui... Tout cela est embarrassant mais pas dangereux. La liberté dont profite la société tchèque, aussi mécontente celle-ci puisse-t-elle être, n’est pas menacée à cause d’un tel cynisme. Cette mégarde n’est qu’un petit épisode qui anime la grisaille ennuyeuse de la démocratie tchèque... Le vrai drame, c’est plutôt en Ukraine qu’il se joue. Et c’est précisément en suivant les événements de Kiev que l’on prend pleinement conscience de l’ampleur de l’indifférence tchèque à l’égard des grandes idées. Hélas, plus qu’une exception, Rusnok est le représentant typique de cette indifférence. »
Les étudiants veulent moins de films doublés à la télé
Le quotidien Lidové noviny a récemment évoqué une initiative qui réclame une importante réduction du nombre de films doublés diffusés à la télévision, et ce afin de permettre aux jeunes de perfectionner leur maîtrise de l’anglais. Le journal précise :« Cette initiative a été lancée par l’Union des étudiants du cycle secondaire, fondée au printemps dernier. Pour la première fois peut-être, les étudiants eux-mêmes déclarent leur volonté d’élargir leurs connaissances en dehors du cadre scolaire. Pour cela, ils suggèrent que les programmes télévisés soient prioritairement diffusés en version originale et sous-titrés. Cette demande concerne bien entendu les programmes en anglais ».
Les étudiants ont déjà présenté leur initiative aux représentants de la Télévision publique tchèque. Mais si ces derniers ont manifesté un certain intérêt pour la question, ils n’y ont cependant pas donné suite en raison de moyens techniques insuffisants, sans oublier qu’une suppression du doublage déplairait fortement à une grande partie de la population. La Tchéquie se range parmi les onze pays européens où prédomine le doublage des programmes télévisés.