Richard Siwiec : l’homme qui aurait dû être effacé de la mémoire tchèque et polonaise
Deux rappels historiques, un thème de société et un bref regard sur une mission humanitaire tchèque dans le nord de la Syrie sont au menu de cette régulière revue de presse.
« Riszard Siwiec a effectué son geste à Varsovie, en plein milieu de la traditionnelle fête de la moisson, une des plus grandes fêtes organisées dans la Pologne agraire. Le tout devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans un grand stade et devant les caméras de télévision... ‘Il s’est sacrifié pour ne pas que la vérité soit étouffée’, peut-on lire sur l’obélisque en granit qui se trouve aujourd’hui devant le stade. »
Comme le note l’auteur de l’article, bien avant déjà son acte héroïque, Riszard Siwiec s’était engagé activement contre le régime communiste, tout comme il avait lutté dans les rangs de l’Armée de l’intérieur (AK) contre le nazisme pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il note plus loin :
« La police d’Etat et les autorité communistes ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour garder cet acte et ses motifs secrets et les dissimuler au public. Diagnostiqué comme mentalement malade, Siwiec a été strictement gardé par la police, jusqu’à son décès survenu quatre jours plus tard. Père de cinq enfants, il est mort à 57 ans. La lettre d’adieux qu’il a adressée à sa femme n’est parvenue à sa destinatrice que vingt ans plus tard. »
Lidové noviny souligne que, longtemps resté effacé, Riszard Siwiec a d’abord été découvert par les Polonais avant de l’être également parr les Tchèques et les Slovaques au début des années 1990, notamment grâce au réalisateur polonais Maciej Drygas qui lui a consacré un documentaire. Finalement retrouvé par un heureux concours, un enregistrement de sept secondes de son immolation en fait partie. En conclusion, nous pouvons lire :
« En 2011, le président Václac Havel a décerné à Siwiec l’Ordre du Lion blanc in memoriam, tandis que d’autres disitinctions lui ont été décernées à leur tour par la Slovaquie et la Pologne. Une rue de Prague, où a été édifié un monument à sa mémoire, porte également son nom. »
Cette aristocratie qui n’a pas renoncé à son identité tchèque
« Le 17 septembre 1938, une délégation composée d’une douzaine de représentants de vieilles familles de l’aristocratie tchèque s’est rendue au Château de Prague pour déclarer au président Edvard Beneš, en leur nom et au nom de toute une série d’autres familles, leur décision de défendre l’intégrité de l’Etat et leur fidélité au pays menacé par son voisin nazi. » Le dernier supplément Orientace du quotidien Lidové noviny a rappelé dans ses pages cet événement. On peut y lire :
« 70% des aristocrates tchèques ont adhéré à l’identité allemande. Certains d’entre eux ont même soutenu activement Konrad Henlein et son mouvement totalitaire. Les autres cependant, bien que minoritaires, ont soutenu la République et nombreux ont été ceux qui se sont engagés dans la résistance antifasciste. »
Une partie de l’aristocratie tchèque a confirmé cette attitude au lendemain de l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale en repoussant la pression exercée sur elle. Au lieu d’adopter la nationalité allemande, elle a insisté, par le biais d’une lettre de František Schwarzenberg adressée en septembre 1939 au président Emil Hácha, sur son identité tchèque. Le journal rappelle en outre « la trace ineffaçable » laissée dans la résistance antifasciste par le comte Zdeněk Bořek-Dohalský, exécuté en 1945 à Terezin. En conclusion, l’auteur de l’article remarque :
« La partie de l’aristocratie qui n’a pas renoncé à son identité tchèque a partagé avec la société les pertes et les souffrances endurées pendant six ans sous l’occupation nazie. Les activités d’une partie de l’aristocrate tchèque dans les rangs de la résistance en sont une preuve irréfutable. Toutefois, cette image positive de l’aristocratie – à l’exception de l’aristocratie proallemande voire pronazie contrainte de quitter le pays et ses demeures après la guerre, de concert avec ses compatriotes sudétoallemands - est vite tombée dans l’oubli. Elle a cédé la place à un mythe datant du XIXe siècle reposant sur le prétendu côté perfide et étranger de l’aristocratie locale, mythe richement alimenté par le régime communiste. »
Répondre promptement aux besoins des nécessiteux
La dernière édition de l’hebdomadaire Týden a publié un long entretien avec Dagmar Fousková, qui a dirigé pendant six mois la mission de l’association humanitaire People in Need (Člověk v tísni) près de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Il s’agissait de l’une des premières missions humanitaires dans le nord de la Syrie. Dagmar Fousková remarque à ce sujet :
« Le fait que notre ONG ait été une des premières à s’engager dans la région me remplit de fierté. La situation sur place est désastreuse. Par exemple, la moitié des hôpitaux ont été détruits... En général, les gens ont apprécié que nous soyons venus si rapidement et que nous ayons été capables de réagir relativement promptement à leurs besoins immédiats. »
S’agissant de l’aide concrète accordée par People in need dans la région depuis août 2012, sa coordinatrice précise :
« La gamme d’aide est large : nous distribuons ce dont les gens ont besoin - couvertures, matelats, vêtements - nous soutenons les établissements scolaires. Actuellement, nous venons en aide à quatorze écoles, ce qui représente près de 5 000 enfants. Nous distribuons du pain gratuitement et donnons aux réfugiés les informations qui leur sont nécessaires. Nous participons également à l’organisation du ramassage des ordures, ce qui est un problème important du fait du démentèlement de tous les services. »L’association emploie dans la région plus d’une trentaine de collaborateurs étrangers. Concernant les questions sécuritaires, Dagmar Fousková explique :
« Nous sommes prudents et déployons le maximum d’efforts pour garantir la sécurité de nos collaborateurs. Dès que nous avons des informations sur l’éclatement d’une émeute ou sur un bombardement quelque part, nous évitons cet endroit. L’important pour nous est d’empêcher que les vies de nos employés soient mises en danger. Il est par ailleurs assez facile d’avoir des informations sur la situation actuelle dans les différentes localités : par les médias, par les réseaux sociaux, par les Syriens eux-mêmes. C’est une guerre, comme on le sait, qui est largement médiatisée. »
Le vélo – un moyen de transport en ville plus rapide que l’automobile ?
« Le vélo l’emporte sur la voiture, mais il est dominé par la peur. » C’est ce que titre le quotidien Mladá fronta Dnes qui se penche sur la situation des cyclistes et sur le vélo en tant que moyen de transports dans les grandes villes tchèques. Nous citons :« Le nombre de gens qui se déplacent à vélo en ville ne cesse d’augmenter. A Prague, par exemple, leur nombre ces deux dernières années a doublé, ce qui n’est guère étonnant. Comme l’ont prouvé cette semaine les activistes de l’association Auto*Mat, le vélo est souvent plus rapide que les moyens de transport en commun, voire même la voiture. Ceci dit, comparé à la situation dans les métropoles étrangères, le nombre de cyclistes dans les villes tchèques est nettement moins important, car ceux-ci ne se sentent pas en sécurité dans la circulation urbaine. Par ailleurs, cette année, ils ont causé, eux-mêmes, près de 1 900 accidents de la route. Finalement, seuls les gens braves et courageux s’engagent dans cette aventure. »
S’y ajoutent des règlementations illogiques ou encore les craintes des cyclistes de se faire voler leur vélo. L’auteur de l’article observe également que la situation varie d’une ville tchèque à l’autre. Pardubice, en Bohême de l’Est, sert d’exemple d’une ville dans laquelle les conditions pour cyclistes semblent idéales. Il y a aussi d’autres villes, comme Olomouc ou Hradec Králové, où les conditions sont favorables. Prague cependant, avec ses quelques 2% de cyclistes, a donc un grand retard à rattraper.