Tennis – Coupe Davis : et de trois !
Vainqueur de l’Argentine (3-2) ce week-end à Prague, l’équipe de République tchèque de tennis s’est qualifiée pour une nouvelle finale de Coupe Davis. Un an après leur triomphe contre l’Espagne, Tomáš Berdych et Radek Štěpánek disputeront, à la mi-novembre prochain, leur troisième finale en cinq ans ! Ce sera contre la Serbie de Novak Djokovic, à Belgrade, dans un affrontement qui promet déjà beaucoup et qui, en République tchèque tout du moins, fait déjà saliver les amateurs de tennis.
Trois victoires à zéro et neuf sets à un : tel était donc le bilan avant les deux derniers simples de dimanche, deux matchs perdus par les remplaçants tchèques Lukáš Rosol et Jiří Veselý et qui ont permis aux Argentins de corriger le score final. Avant cela, dès vendredi, Radek Štěpánek avait dominé Juan Monaco en trois sets (7-6, 6-3, 6-2) et Tomáš Berdych Leonardo Mayer en quatre (6-4, 4-6, 6-3, 6-4), apportant les deux premiers points à leur équipe. Ne serait-ce que depuis les tribunes, rarement demi-finale de Coupe Davis n’a semblé aussi facile ; un sentiment toutefois seulement partiellement partagé par Radek Štěpánek :
« Même si les scores pourraient faire penser le contraire, chaque match de Coupe Davis est extrêmement difficile. Vendredi, Leonardo Mayer a joué de façon fantastique contre Tomáš pendant deux sets. Il était bien au-dessus de son niveau habituel. Mais c’est ça, la Coupe Davis. Il faut savoir se surpasser, chacun joue pour son pays. Alors, nous qualifier en gagnant les trois premiers matchs et en laissant l’impression que c’était facile prouve notre qualité ce week-end et que nous étions parfaitement préparés, notamment au niveau du choix de la surface. »En choisissant une surface dure au rebond bas et extrêmement rapide, les Tchèques, en plus du soutien du public, avaient mis, il est vrai, tous les atouts de leur côté pour recevoir des joueurs argentins traditionnellement spécialistes de la terre battue. Mais pour le capitaine Jaroslav Navrátil, les raisons du succès tchèque se trouvent encore ailleurs :
« J’ai la chance de travailler avec les deux meilleurs joueurs de l’histoire de notre tennis. Les autres capitaines avant moi ont disposé de bons joueurs aussi, et peut-être même de meilleurs joueurs encore, que ce soit Petr Korda ou Ivan Lendl, mais Tomáš et Radek forment la meilleure équipe tchèque que nous ayons jamais eue. Ils s’entendent et fonctionnent bien ensemble comme avec tout le reste de l’équipe et de l’encadrement. Ils sont très complémentaires, ils forment une vraie équipe et c’est ce qui fait notre force. »
Cet état d’esprit irréprochable, c’est ce sur quoi s’appuieront de nouveau les Tchèques lors de la finale. Même s’ils espéraient plutôt un déplacement au Canada, c’est finalement en Serbie, vainqueur de l’autre demi-finale dans le cinquième match décisif, qu’ils se rendront. Une perspective qui n’enchante pas spécialement Jaroslav Navrátil :« Pour moi, Novak Djokovic est le joueur numéro un, et plus encore chez lui devant son public. Les garçons, que ce soit Tomáš ou Radek, ont un bilan très défavorable contre lui. Aller en Serbie avec pratiquement deux points de retard dans les bagages sera très compliqué. »
Les mots du capitaine tchèque peuvent surprendre. Mais les statistiques ne mentent pas et confirment ses propos. En seize confrontations contre Novak Djokovic, Tomáš Berdych s’est incliné quatorze fois, tandis que son compère Radek Štěpánek ne s’est lui imposé qu’une seule fois pour huit défaites contre l’actuel meilleur joueur mondial.
A cet aspect sportif s’ajoute aussi la réception probablement hostile à laquelle les Tchèques s’attendent à Belgrade. Jaroslav Navrátil sait de quoi il parle. En 2010, ses hommes s’étaient inclinés en demi-finale à Belgrade dans le cinquième match décisif et dans une ambiance particulièrement chaude :« On sait où on met les pieds… C’est un des pires environnements possibles. Les Serbes ne sont pas des supporters de tennis, comme ceux auxquels on est habitués chez nous ou ailleurs, mais des supporters de foot. On a déjà vécu cette ambiance il y a trois ans et ce n’est pas toujours facile à gérer. Il va falloir s’adapter et faire avec, mais cela peut aussi souder les garçons encore un peu plus. Il faudra être bien préparé pour avoir une chance de gagner. »
Souvent transcendé par la Coupe Davis et ses ambiances, Radek Štěpánek croit dur comme fer que les Tchèques sont en mesure de conserver le Saladier d’argent. A bientôt 35 ans et fort de son expérience de joueur parmi les plus âgés du circuit professionnel, le héros de la finale victorieuse contre l’Espagne l’année dernière en a vu d’autres et ne redoute pas plus que ça l’accueil serbe :
« Je pense que le plus important, c’est ce que nous allons faire nous sur le court. La Serbie sera chez elle avec l’un des meilleurs joueurs du monde de son côté, nous ne serons donc pas favoris. Mais si nous sommes dans notre meilleure forme à ce moment-là, tout est possible. Pour ça, il faudra être au maximum de nos moyens et donner tout ce que nous avons. »
Et ça, effectivement, en Coupe Davis, Štěpánek comme Berdych savent faire. Reste à savoir s’ils le sauront aussi contre Djokovic et sa bande. Mais pour une équipe qui s’apprête à disputer sa troisième finale en cinq ans, même la conquête de Belgrade ne semble pas un défi insurmontable.