Tensions au sein du comité exécutif du parti social-démocrate
Alors que la République tchèque est gouvernée par la droite depuis sept ans, un boulevard semble s’ouvrir pour la social-démocratie à l’occasion des élections législatives anticipées qui devraient avoir lieu les 25 et 26 octobre prochains. Un programme est en cours d’élaboration et le candidat au poste de Premier ministre a été désigné : il s’agira de Bohuslav Sobotka, l’actuel président de cette formation politique. Pourtant ce week-end, un vote secret a eu lieu au sein du comité exécutif du parti pour confirmer ou infirmer ce choix, dévoilant les tensions qui tiraillent la social-démocratie entre les partisans d’un rapprochement avec les forces du président Miloš Zeman et ceux qui, autour de Bohuslav Sobotka, n’y sont pas favorables.
Encore faut-il savoir avec quel programme et avec quelle(s) alliance(s). Car seuls, les sociaux-démocrates ne pourront gouverner. Ils ont exclus une union avec des forces de droite, telles que TOP 09, une droite dont ils veulent défaire les mesures prises ces dernières années qui auraient « causé du tort au pays ». Les communistes pourraient être un allié de poids. Sans nécessairement entrer au gouvernement, ils pourraient soutenir un gouvernement social-démocrate minoritaire à la Chambre des députés. Seulement, il y a fort à parier qu’une partie de l’opinion, farouchement anti-communiste, y soit fortement opposée. Il y a aussi la possibilité d’un rapprochement avec le parti SPOZ du président Miloš Zeman, ce que certains souhaitent à la social-démocratie…
Ils le souhaitent d’ailleurs tellement que selon le journal Právo, un vote secret a eu lieu à la direction du parti ce week-end, à leur initiative, pour confirmer ou non la candidature de Sobotka au poste de Premier ministre. Celui-ci aurait même envisagé de démissionner, chose qu’il dément :« Je n’ai jamais songé à une quelconque démission. Il s’agit de pures spéculations. Si un tel vote de notre bureau politique avait eu lieu publiquement, j’aurais sans doute pu me vanter d’avoir obtenu 99% des voix. »
Car sur les 151 personnes présentes, il n’a en effet pu en réunir que 85 suffrages, un soutien relativement faible. Le politologue Lukáš Jelínek parle d’une opération suicide menée au sein du parti par l’action d’une de ses fractions ayant pour seul résultat son affaiblissement. Candidat social-démocrate à la présidentielle de janvier dernier, Jiří Dienstbier a, quant à lui, déclaré que sa formation politique avait survécu à une tentative de putsch et qu’il était satisfait qu’elle ait échoué.
Sans les citer explicitement, il vise, selon la Télévision tchèque, les partisans d’une gauche « zemanienne », celle qui est en faveur d’un rapprochement avec Miloš Zeman. Parmi eux, on trouverait Michal Hašek, vice-président de la social-démocratie, Marie Benešová, ou encore Zdeněk Škromach. Mais ce dernier renvoie la balle à Jiří Dienstbier :
« J’ai le sentiment que le seul putschiste au sein de la social-démocratie, c’est Jiří Dienstbier qui tente depuis bien longtemps d’affaiblir le parti de l’intérieur. »D’aucuns pensent surtout que le bon score de Jiří Dienstbier lors de la campagne présidentielle et sa popularité croissante ne lui ont pas valu que des amis au sein du parti social-démocrate. Cette formation doit également se concentrer sur le programme politique qu’elle a toute les chances de pouvoir appliquer. Selon les premières grandes lignes dévoilées par Bohuslav Sobotka, il s’agirait d’un programme plutôt orienté à gauche avec une volonté d’imposer davantage les revenus les plus aisés tout en aidant les ménages les plus pauvres. Ainsi, l’impôt sur le revenu passerait de 27 à 29% pour les personnes touchant un salaire supérieur à 100 000 couronnes (près de 4 000 euros) tandis que le salaire minimum serait rehaussé de plus de 40% et passerait ainsi de 8 500 couronnes à 12 000 couronnes (de 340 à environ 480 euros), permettant aux individus qui le touchent de dépasser le seuil de pauvreté.