Festival de Karlovy Vary : un public nombreux pour des films exigeants

Photo: Kristýna Maková

Alors que réalisateur Oliver Stone arrivait à Karlovy Vary, Radio Prague, après y avoir passé quelques jours, se décidait quant à elle à quitter la ville thermale où se déroule la 48e édition du festival international du film. L’événement ne trahit pas ses promesses en offrant un cinéma populaire et exigeant dans un cadre agréable et festif. De retour à Prague, nous vous proposons un petit aperçu de ces délicatesses avec des acteurs francophones du festival.

Frédéric Boyer,  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
Un festival de cinéma ne se résume pas aux films présentés en compétition officielle. Frédéric Boyer, cinéphile et directeur artistique du festival new-yorkais de Tribeca est de cet avis. Il est cependant membre du jury chargé de récompenser l’une des quartorze oeuvres prétendant au Globe de cristal, le prix le plus prestigieux d’un festival qu’il apprécie, entre autres pour son directeur artistique, Karel Och :

« J’ai travaillé en fait pendant six ans dans le comité de sélection de la quinzaine des réalisateurs. Ensuite, j’ai été directeur de la quinzaine des réalisateurs à Cannes. Et au début, j’avais décidé de me spécialiser dans les pays de l’Est et la Scandinavie, c’était ma première demande. Donc, j’ai très vite été à Karlovy Vary, après j’ai été à Sarajevo, à Cluj, au Transilvania film festival. Et Karlovy Vary, j’y vais vraiment depuis des années. J’y suis d’autant plus attaché depuis que Karel Och a pris les rennes du festival. Parce que c’est un ami, on a des goûts communs et je l’invite aussi à mon autre festival qui est celui des Arcs en France (le Festival de cinéma européen des Arcs qui se déroule en décembre, ndlr). Il m’invite dans son jury et je suis évidemment très honoré d’y être. »

Photo: Kristýna Maková
Ainsi, en dehors de la sélection officielle, le festival propose 223 films répartis dans près d’une vingtaine de catégories, le tout projeté dans une douzaine de salles. Celles-ci sont pour la plupart situées sur les bords de la Teplá, la rivière d’eau chaude qui traverse la ville et parcourue, matin, midi et soir, par une foule compacte. Le centre névralgique du festival se situe à l’hôtel Thermal, un bâtiment d’une quarantaine d’années à l’architecture plutôt discutable. C’est là que Radio Prague a rencontré Wiktoria Szymańska, une artiste touche-à-tout venue à Karlovy Vary pour la projection de son second documentaire, une œuvre poétique consacrée au maître marrionettiste Michael Meschke. Saluant l’organisation du festival, elle appréhendait toutefois la toute première projection de son film devant un public inconnu :

'The Man Who Made Angels Fly',  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
« Je suis vraiment ravie d’être ici. Je trouve que l’équipe, l’organisation est vraiment aimable. C’est un très bon milieu pour montrer ce genre de films, pour se sentir très à l’aise. C’est toujours difficile de montrer un film sur lequel on a travaillé longtemps. Avoir le premier accueil du public, c’est un moment assez stressant pour la plupart des réalisateurs, ce n’est pas un moment de joie. »

'Le jour a vaincu la nuit',  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
Son film, The man who made angels fly est en compétition dans la catégorie documentaire. Une oeuvre française y est également représentée, elle est intitulée Le jour a vaincu la nuit. Membre du jury au festival pragois de documentaire One World en 2008, son réalisateur, Jean-Gabriel Périot, était présent à Karlovy Vary pour la projection de son moyen-métrage. Des prisonniers de la maison d’arrêt d’Orléans ont été invités à raconter un de leurs rêves face à la caméra. Si le cinéaste regrette de ne pouvoir découvrir les pays qu’ils traversent en coup de vent, il apprécie cependant la qualité du public tchèque à l’aune des deux festivals auxquels il a pu participer :

Jean-Gabriel Périot,  photo: Film Servis Festival Karlovy Vary
« Les deux choses peut-être qu’ont en commun ces deux festivals, One World et Karlovy Vary, qui sont très différents, c’est qu’il y a beaucoup de public et de vrai public dans les salles. Ce que l’on ne voit pas dans tous les festivals. Il y a quand même des festivals très professionnels ou bien il y a des endroits où les festivals de documentaires de type One World à Prague se passent dans des petites salles parce que cela n’intéresse strictement personne. Tandis qu’à One World, c’était plein tout le temps dans des grandes salles pour voir des films plutôt exigeants. Ici [à Karlovy Vary], toutes les salles sont pleines. Pour une large majorité, c’est du vrai public, pas des accrédités et ça c’est toujours un peu réjouissant quand on fait des films. »

Photo: Kristýna Maková
En effet, les salles obscures de Karlovy Vary ne désemplissent pas depuis vendredi. Rien, pas même la douceur de la météo, ne semble annoncer qu’elles pourraient se vider d’ici à samedi, quand le festival s’achèvera et que les noms des lauréats des différents prix seront connus. Plus tard et tout au long de l’été, vous pourrez découvrir sur Radio Prague au cours de divers entretiens les cinéastes rencontrés à Karlovy Vary et leurs oeuvres.