Le festival international rom Khamoro débute ce lundi à Prague
C’est à partir de ce lundi que la musique et la danse rom s’emparent de la ville de Prague. Le festival international rom Khamoro, qui veut dire « Soleil » en rom, commence ce lundi et se poursuit jusqu’à dimanche. La quinzième édition du festival présentera non seulement de la musique traditionnelle et contemporaine rom, mais aussi des ateliers de danse, des expositions, des projections de films et le fameux défilé en costumes traditionnels à travers le centre de Prague. L’association Slovo 21 (Mot 21) est à l’initiative de ce festival.
« Cet évènement est un festival multi-genre, ce n’est pas uniquement un festival de musique, car il rassemble tout un programme l’accompagnant. Une messe pour une vie paisible des Roms sera célébrée à l’église Saint Martin-dans-le-mur et des prêtres interviendront mais pas seulement, il y aura aussi un rabbin et un imam. Nous somme très contents de cela, car les Roms du monde entier sont de confessions diverses. Ce ne sont pas uniquement des catholiques ou des chrétiens. »
En ce qui concerne la programmation musicale, les spectateurs pourront apprécier le groupe tchèque Kale, le groupe français Opus 4 ou encore le guitariste manouche Yorgui Loeffler, venu également de l’Hexagone. Ils évolueront aux côtés du groupe de flamenco espagnol Macarena Ramirez ou du groupe Oláh Gipsy Beats de Hongrie. Vendredi débutera un séminaire de deux jours qui traitera de la problématique des jeunes Roms en Europe. La coordinatrice de l’association Open Society Fund, qui organise ce séminaire avec l’aide de l’association Slovo21, Magdaléna Karvayová, étudiante et volontaire dans le cadre du festival, insiste sur les problèmes dont sont victimes les populations rom :« Je dirais que le gros problème en République tchèque est celui de la discrimination des Roms en général, et ce, non seulement sur le marché du travail mais aussi dans le domaine de l’éducation. Les enfants rom sont ségrégués dans des écoles primaires dites « pratiques » et ce non seulement en République tchèque mais aussi en Hongrie, ou en Croatie, dans la mesure où ces enfants sont éduqués dans le cadre d’un programme éducatif destiné aux enfants atteints d’handicaps mentaux légers. Par conséquent, il s’agit d’un système éducatif subalterne et inférieur, qui diminue leurs possibilités de se mettre en valeur sur le marché du travail. Car pour la plupart, les enfants issus de ces types d’écoles ne parviennent pas à intégrer le lycée, et encore moins l’université. »
Dans le cadre de cette association, Magdaléna Karvayová et ses collègues travaillent avec 170 étudiants et lycéens rom, pour lesquels ils cherchent des stages dans des entreprises correspondant à leur domaine d’études. Magdaléna Karvayová explique le pourquoi de son engagement, en soulignant que les médias sont aussi à l’origine des présupposés négatifs sur les Roms :« Etant donné que dès l’école primaire je me suis sentie évincée et exclue de cet environnement, je me suis dit qu’il était nécessaire de respecter davantage les enfants que je ne l’ai été moi-même, et qu’il fallait changer les choses. Or si ce n’est pas nous, qui amorcera le changement ? Donc c’est à partir de mes 10 ans environ que j’ai eu le sentiment de devoir aider d’une façon ou d’une autre la communauté rom, d’aider mes frères et sœurs. C’est pourquoi j’ai décidé d’étudier le droit que j’apprends à l’Université anglo-américaine. Et c’est ici que ma volonté de vouloir changer les choses s’est confirmée ».
Tout au long du festival, l’entraide au sein de la communauté rom sera accentuée par des workshops internationaux. Le premier, intitulé « Khamoro partagent ses expériences » évoquera l’organisation d’évènements culturels. Le second workshop, « Nous parcourons un long chemin », aura pour but de faciliter la rencontre entre les Roms de différents pays et la connaissance de leurs histoires croisées. Ce titre fait allusion à la légende rom « Le miroir des Roms ». Selon celle-ci, les Rom ont parcouru le monde entier à la mort de leur roi, jusqu’à un carrefour où ils sont tombés en désaccord. Lors de cette dispute, ils ont cassé un grand miroir, symbole de la nation rom. Les débris du miroir ont été répartis par les Roms dans le monde entier. Depuis lors, il est dit que si les débris du miroir sont de nouveau réunis, les Rom seront de nouveau une nation unifiée.Samedi soir, le festival se déplacera sur les quais de la Vltava. Il se terminera dimanche par l’installation d’un gâteau géant de l’artiste rom serbe Zoran Tairovič sur la place de la République et sera clôturé par un concert de gala à Sasazu.
Pour Magdaléna Karvayová, la force ne serait pas dans l’individu, mais dans l’unité. C’est pourquoi les jeunes Roms doivent aussi apprendre à rendre à leur communauté ce qu’ils ont appris, en continuant à l’aider quelle qu’en soit la manière.