Petr Nečas en Pologne pour réchauffer les relations tchéco-polonaises
En visite à Varsovie lundi avec une importante suite de ministres, le chef du gouvernement tchèque Petr Nečas a tenu à réchauffer les relations quelque peu tendues ces derniers mois entre la République tchèque et la Pologne. Partenaires économiques privilégiés et membres du groupe de Visegrád, les liens entre les deux voisins souffrent pourtant des litiges à propos de la qualité des aliments ou de l’entreprise énergétique Unipetrol.
« La coopération entre Prague et Varsovie a eu des effets positifs pour les deux pays et pour l’ensemble des pays du groupe de Visegrád, par exemple dans le cadre des négociations sur le budget européen à Bruxelles. Et je peux affirmer que la politique du premier ministre Petr Nečas et sa grande activité dans les négociations du budget communautaire ont permis à l’Europe d’obtenir un succès indiscutable. »
Le vote d’un budget européen au rabais peut apparaître comme un succès pour ces deux hommes proches politiquement ; Petr Nečas est le président du Parti civique démocrate (ODS) et Donald Tusk de la Plate-forme civique (PO), deux formations conservatrices et libérales. La bonne entente affichée entre les deux chefs de gouvernement cache cependant mal les tensions qui subsistent entre les deux pays, à commencer par la querelle sur la qualité des aliments.
Depuis le scandale du sel polonais non comestible, les produits alimentaires polonais jouissent d’une très mauvaise presse. A Varsovie, on considère qu’il s’agit d’une campagne de diabolisation menée dans le but de favoriser le marché intérieur tchèque. Certains médias polonais ont contre-attaqué en mettant en cause des pièces de bœuf tchèque, accusé d’être contaminées à la salmonelle. Ministre polonais de l’agriculture, Stanislaw Kalemba s’est agacé de la précipitation avec laquelle les supports d’informations relaient certaines de ces rumeurs :« Comme on le voit, il n’existe pas un pays qui n’aurait pas de problème avec ses aliments. Quand des produits sont mis en cause, il faut tout d’abord mener une enquête, obtenir des résultats certifiés et seulement ensuite en informer les médias. »
Stanislaw Kalemba et Petr Bendl, ministre tchèque de l’agriculture qui était également du voyage à l’instar de quelques autres ministres, ont prôné une harmonisation des normes et des mesures de contrôle sanitaire des aliments.
Autre sujet de discorde : la propriété de la société tchèque distributrice de carburants Unipetrol. C’est une société polonaise, PNK Orlen, qui en est l’actionnaire majoritaire, ce qui ne plaît pas au gouvernement tchèque, lequel aimerait disposer de plus d’influence sur cette firme stratégique. Les Polonais y sont opposés. Pourtant, Messieurs Nečas et Tusk ont vanté la qualité de leur coopération dans le domaine de l’énergie, avec le soutien commun porté à différents projets de gazoduc. On écoute le chef du gouvernement tchèque :
« Dans le domaine du gaz naturel, nous avons réussi à mettre en place des liaisons entre nos réseaux de gazoducs et nous voulons continuer à développer ce projet à l’avenir. »La volonté de faire table rase des malentendus et des menues tensions entre les diplomaties des deux pays s’est surtout exprimée à travers la proposition tchèque de participer à l’appel d’offres en vue de fournir des avions d’entraînement militaire à la Pologne. Prague soutient en effet une offre d’avions L-159 fabriqués par la société tchèque Aero Vodochody, une flotte aérienne qui pourraient bien symboliser le renouveau des relations tchéco-polonaises.