Le départ étroitement suivi de Václav Klaus
A quelques jours de l’investiture du nouveau president de la République, Miloš Zeman, ce vendredi, les journaux ont largement commenté tout ce qui avait trait à l’ère de son prédécesseur, Václav Klaus. Leur intérêt a porté notamment sur la toute récente décision du Sénat de poursuivre le président sortant devant la Cour constitutionnelle qui devra le juger pour haute trahison. Cinq motifs d’accusation figurant sur la plainte, celle-ci divise tant la scène politique que les opinions parues dans la presse. Nous avons choisi quelques extraits de commentaires et d’analyses qui ont alimenté à ce sujet de nombreuses pages. Nous avons également lu quelques réactions aux dernières attaques de pirates informatiques qui ont touché la Tchéquie.
« Pour cette raison, il est jugé par l’opinion publique et il le sera probablement aussi par l’histoire. Mais je ne partage pas le jugement catégorique de sénateurs qui considèrent que Klaus est coupable de haute trahison... »
L’auteur s’interroge également sur les retombées de cette affaire sur la carrière future de Václav Klaus. Il écrit :
« Je pense que si la Cour donne une réponse négative à cette plainte, cela profitera à Klaus et à son avenir. Dans le passé, ce dernier a toujours su prendre un nouveau souffle lorsqu’il avait à affronter une situation délicate. En politicien habile, il réfléchit déjà, sans aucun doute, sur la meilleure façon d’interpréter cette histoire et pour faire passer la décision des sénateurs comme une tentative de putch. On va voir s’il y réussira ».
Jiří Leschtina du quotidien économique Hospodářské noviny estime que la plainte déposée par une partie des sénateurs n’est pas la conséquence d’un ensauvagement du Sénat. « A partir de cinq points de violation de la Constitution, les sénateurs ont le droit, voire le devoir de déposer une plainte, d’autant plus qu’aucune autre institution ou citoyen ne peuvent le faire », écrit-il et ajoute :
« Le Sénat a ouvert la chance de préciser ce que le président de la République peut ou ne doit pas se permettre à l’égard de la Constitution et du pouvoir juridique. Et, notamment, à l’égard des citoyens auxquels sa fonction doit servir... L’important n’est pas de savoir si le comportement de Klaus se définit comme une haute trahison ou comme un délit constitutionnel. Il s’agit désormais de confirmer que personne, y compris le président, n’est censé être placé au-dessus de la loi. »
« Le Sénat a débloqué une arme nucléaire », titre l’éditorial de ce mardi du quotidien Lidové noviny comparant la plainte pour haute trahison déposée par les sénateurs à une arme nucléaire du droit constitutionnel. Son auteur énumère ensuite les ‘pour’ et les ‘contre’ relatifs à cette plainte avant de conclure :
« On peut s’attendre à ce que la Cour constituionnelle ne donne pas suite à cette plainte, venue trop tard, et qu’elle trouve ses arguments insuffisants. Mais cette arme telle qu’elle a été sortie, le nouveau président Miloš Zeman sera appelé à en tenir compte et à faire preuve de respect. »
Cette même édition du journal a donné également la parole à Jiří Payne, un des conseillers de Václav Klaus. Celui-ci dénonce cette habitude tchèque d’exécuter les hommes politiques sortants et de les diaboliser. Cette exécution se déroulerait, selon lui, au sein des partis politiques, dans les médias et aux yeux du public.
« Rien ne s’arrête, on continue ». C’est ce que Václav Klaus a récemment déclaré en justifiant son amnistie controversée. Ces paroles ont inspiré un commentaire publié sur le serveur aktualne.cz et dans lequel son auteur Jan Lipold insiste sur le fait que Klaus devrait quitter, tant bien que mal, la scène politique. Il explique :
« Václav Klaus s’est inscrit dans l’histoire non seulement en étant l’objet d’une plainte pour haute trahison, mais aussi en tant qu’homme politique qui s’est maintenu au sommet du pouvoir plus longtemps qu’aucun de ses prédécesseurs, tchèque ou tchécoslovaques, ne l’a fait... Près d’un quart de siècle avec Václav Klaus, c’est assez. Klaus disposer d’une occasion unique de montrer qu’il maîtrise l’art de partir, aussi difficile soit-t-il. Il a encore une chance ».
La durée de l’ère de Václav Klaus qui a commencé en 1990, lorsque celui-ci est devenu chef du Forum civique, constitue effectivement un phénomène unique à l’échelle de l’Europe centrale. Selon l’auteur du commentaire, les opposants de Klaus et l’ensemble de la société en sont las. Il écrit :
« Les polémiques que Klaus inspire et provoque son désormais déplacées. Elles n’apportent rien à la société, ne contribuent pas à entretenir le débat... Le traitement Klaus est obsolète depuis bien longtemps, on ne prescrit pas les médicaments périmés ».
En conclusion Jan Lipold rappelle que la cote de Václav Klaus auprès du public tchèque a été pendant de longues années très élevée et qu’il a fallu l’affaire du « stylo chilien » et l’histoire de l’amnistie pour qu’elle tombe au plus bas. Et de signaler que « cela ne veut pas dire qu’il veuille se retirer de la politique ». Par ailleurs, Václav Klaus lui-même demeure à ce sujet laconique, donnant libre cours à toute sorte de spéculations.
Ces derniers jours, plusieurs serveurs d’informations, des sites d’un certain nombre de grandes banques et d’opérateurs de téléphonie mobile ont été successivement les victimes d’une cyber-attaque. Cette attaque a fait la une de plusieurs journaux ce jeudi. Pour Lidové noviny, il s’agissait d’une « attaque mystérieuse contre la Tchéquie ». Dans son éditorial, nous avons pu lire :
« On ne fait que spéculer sur les motifs de cette attaque s’étendant sur plusieurs jours. Il se peut qu’elle soit l’œuvre d’un groupe de pirates informatiques, mais on ne peut pas exclure que ces cyber-attaques innocentes représentent un prélude à une action d’une plus grande envergure ».
Les responsables des banques attaquées admettent qu’une pareille attaque peut se reproduire à tout moment. Vladimír Neff, journaliste et écrivain, a consacré à cet événement un long commentaire, dans lequel il écrit :
« Tout indique, et c’est inquiétant, que les attaques sont menées de l’étranger, probablement de Russie... Elles sont examinées par l’Office national de sécurité, car il s’agit d’une chose grave avec des perspectives graves... Il peut s’agir d’une tentative de paralyser l’économie cybernétisée. Ou il s’agit d’un avertissement, d’une manifestation de force. Ou encore on a tout simplement affaire à quelque chose initié par un groupe de pirates informatiques. De toute façon, il faut prendre cette situation au sérieux, car rien n’indique qu’elle puisse s’améliorer très prochainement ».
Le journal signale que, de l’avis des experts, la Tchéquie peut devenir aujourd’hui assez facilement la victime d’une cyber-attaque. C’est une loi sur la sécurité cybernétique qui devrait doter le pays, dans ce sens, d’une plus grande sécurité, définissant entre autres les éléments de la dite infrastrucutre critique – entreprises et institutions – dont l’Etat a impérativement besoin pour son fonctionnement. La loi sera soumise au gouvernement cet été.
Cet hiver a été en Tchéquie, tout comme d’ailleurs dans toute l’Europe centrale, plus nuageux que jamais. C’est ce que constate une des éditions de cette semaine du quotidien Mladá fronta Dnes qui précise :
« En attendant la fin de la saison hivernale, les météorologues annoncent un nouveau record. Depuis l’an 1919, date où l’intensité de la lumière solaire est mesurée, celle-ci n’a encore jamais été aussi faible que cette fois-ci. Dans les villes de Prague et d’Ostrava, par exemple, le soleil ne s’est présenté que pendant 35 à 40 heures ce qui représente 30 % de la moyenne enregistrée. Contrairement à l’habitude, les régions montagnardes n’avaient pas, elles non plus, assez de soleil. ».
Ceci dit, le journal remarque qu’à l’échelle de toute l’année, l’intensité de la lumière solaire a tendance à augmenter régulièrement, ceci depuis l’an 1970. Ainsi, compte tenu du nombre annuel d’heures solaires, les gens peuvent aujourd’hui profiter de plus de rayons de soleil que leurs prédécesseurs. Aussi, la quantité d’énergie solaire a augmenté de près de 10% durant cette période.