La blogueuse Yoani Sánchez, invitée d’honneur du festival Jeden svět à Prague
C’est son premier voyage hors de Cuba. La blogueuse et dissidente cubaine Yoani Sánchez est arrivée il y a quelques jours en République tchèque, invitée d’honneur du festival sur les droits de l’Homme Jeden svět. L’occasion pour elle de parler de la situation dans son pays, notamment lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires Etrangères Karel Schwarzenberg.
« Quand beaucoup de gouvernements et de ministères des Affaires étrangères plaçaient leurs intérêts économiques dans l’île au-dessus de la défense des droits de l’Homme des Cubains, le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade tchèques ont maintenu une attitude de solidarité et d’exigence. Ils savent très bien ce que nous vivons, ils savent très bien l’importance de dire que les citoyens d’un pays sont avec nous, qu’ils ne nous ont pas abandonnés, qu’ils ne détournent pas les yeux. »
Invitée à l’occasion de la quinzième édition du festival Jeden svět, Yoani Sánchez en profite pour remettre les pendules à l’heure concernant la situation cubaine. Malgré la réforme migratoire votée en janvier 2013 qui permet dorénavant aux citoyens cubains, et notamment à elle, de voyager à l’étranger, la situation intérieure du pays n’a pas changé.« C’est une plaisanterie que Raul Castro se présente aujourd’hui comme un homme qui ne veux rester en fonction que deux mandats. Tout le monde sait en même temps qu’il est exactement comme son frère Fidel, responsable de tout ce qui s’est passé durant les cinquante dernières années. Ce ne serait absolument pas une surprise qu’il soit encore une fois président. Le mandat de Castro est inscrit dans une lignée héréditaire et pas dans le désir des électeurs cubains. Je pense qu’il va tenter d’utiliser les cinq prochaines années pour maintenir son pouvoir et assurer son contrôle sur l’appareil politique et répressif. Pour qu’il puisse transmettre le fauteuil présidentiel de telle manière que le pouvoir militaire se maintienne au gouvernement. »
Dans ce contexte de fausse apparence de changement, sa visite de Prague et sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, grand défenseur des droits de l’Homme, prend une valeur toute particulière.« Je remercie le ministère des Affaires étrangères et particulièrement monsieur Shwarzenberg pour leur accueil. Il était très intéressé et a posé des questions particulièrement sur le supposé processus de réforme en cours à Cuba et sur sa véracité. Il a exprimé sa très grande solidarité avec les forces démocratiques cubaines et a confirmé la continuation du soutien de la République tchèque aux dissidents et opposants. Globalement je pense que ma visite de Prague a été très enrichissante, car j’ai eu l’opportunité de voir ce qui se passe dans un pays qui a vécu une transition entre un régime totalitaire et la démocratie. Tout ce que j’espère c’est que je pourrai transmettre cette expérience à mes compatriotes et qu’ils viendront sur place se rendre compte par eux-mêmes. »
Pendant que Yoani Sánchez continue sa tournée mondiale, elle invite les Tchèques à se rendre à Cuba sans « les lunettes des touristes » pour y voir la réalité d’une liberté qui reste bridée par la censure et la répression, malgré les bonnes apparences que se donne le régime.