Des cheikhs au roi de Norvège : le week-end sportif tchèque
Athlétisme, tennis et biathlon ont constitué l’essentiel de l’actualité sportive tchèque de ces derniers jours. En athlétisme, les Tchèques ont ramené cinq médailles, dont une d’or, des championnats d’Europe de Göteborg. Un bilan globalement honorable qui reste dans une bonne moyenne. En tennis, Tomáš Berdych a de nouveau échoué en finale. Une semaine après Tsonga à Marseille, c’est cette fois Djokovic à Dubaï qui a été plus fort que le Tchèque. Et puis en Coupe du monde de biathlon, Ondřej Moravec a remporté la première grande victoire de sa carrière à Oslo ; un succès qui lui a valu une audience auprès du roi de Norvège…
Athlétisme – Euro : Maslák en or, le reste en bronze ou chocolat
Cinq médailles, une d’or et quatre de bronze : c’est le bilan chiffré tchèque aux championnats d’Europe en salle qui se sont tenus à Göteborg de vendredi à dimanche. Cinq médailles, c’est une de plus que lors des précédents championnats d’Europe à Paris il y a deux ans, mais aussi un titre en moins. Si l’on ajoute à ce bilan les trois quatrièmes et deux cinquièmes places également obtenues dans diverses disciplines, la République tchèque arrive à la 6e place au classement par nations.Parmi les vingt athlètes tchèques en compétition, la meilleure performance de ce week-end suédois a été réalisée par Pavel Maslák. Déjà sacré en plein air la saison dernière, le sprinter tchèque a ajouté le titre en salle sur 400 mètres, dimanche. Net vainqueur en 45’’66 devant le Britannique Nigel Levine (46’’21) et l’Ukrainien Volodymyr Burakov (46’’79), Pavel Maslák a également amélioré de près de cinq dixièmes de seconde le record national. Il a ainsi partiellement effacé la déception née des quatrième et cinquième places de Zuzana Hejnová et de Denisa Rosolová dans la finale du 400 mètres féminin disputée quelques minutes auparavant :
« Je me doutais qu’il faudrait améliorer le record de République tchèque pour avoir une chance de gagner et c’est effectivement ce qui s’est passé. Même si les filles ont fini au pied du podium de leur finale juste avant moi, j’étais relativement confiant avant le départ. Mais c’est une course en salle et vous ne savez jamais ce qui peut arriver. Ce que je craignais le plus, c’était une collision au regroupement. Mais j’ai évité ça heureusement et tout s’est bien passé ensuite. »A Göteborg, Pavel Maslák a donc confirmé qu’il faisait bien partie des meilleurs athlètes tchèques actuels. Pour autant, à seulement 22 ans, le double champion d’Europe du 400 mètres reste mesuré dans ses propos. Même s’il a signé la deuxième meilleure performance mondiale de la saison en finale des championnats d’Europe, c’est les pieds bien sur terre qu’il abordera le début de la saison en plein air :
« Il est indispensable de croire en soi pour réussir. Je pense qu’il ne faut avoir peur d’avoir de grandes ambitions. Se contenter de peu ne permet pas de progresser. Mais je reste réaliste. Aux championnats du monde à Moscou cet été, mon objectif sera d’abord de me qualifier pour la finale, car le niveau sera beaucoup plus relevé qu’ici et la concurrence est toute autre. Une finale serait donc déjà pas mal et si j’y parviens, je m’efforcerai bien sûr de finir du mieux possible. »
A l’or de Pavel Maslák sur 400 mètres se sont donc ajoutés quatre médailles de bronze, décrochées respectivement par Ladislav Prášil au lancer du poids, Jaroslav Bába au saut en hauteur et les relais féminin et masculin (avec Maslák donc) sur 4 x 400 mètres. Autant de promesses avant les prochains championnats d’Europe en 2015 qui se tiendront à Prague...Tennis : Berdych échoue de nouveau en finale
Tomáš Berdych n’y parvient décidément pas. Comme la semaine dernière à Marseille où il avait été battu par Jo-Wilfried Tsonga, le Tchèque a de nouveau échoué en finale samedi, cette fois du tournoi de Dubaï. Et comme en quarts de finale de l’Open d’Australie en janvier dernier, Berdych a de nouveau été dominé par Novak Djokovic (5-7, 3-6). Mais à la différence de l’Open 13 la semaine dernière, où il avait échoué après avoir notamment bénéficié d’une balle de match, c’est cette fois sans trop de regrets que Berdych a quitté le court émirati, bien conscient de la supériorité du numéro un mondial :
« Je suis bien rentré dans le match, j’ai été agressif dès l’entame et j’étais en confiance, mais je dois reconnaître que ma performance d’ensemble n’a pas suffi. J’ai su lui poser des problèmes, le mettre sur le reculoir et le pousser à la faute dans le premier set, mais seulement pendant quelques jeux. C’était trop insuffisant. Novak était trop bon aujourd’hui, il est resté solide et il a mérité sa victoire. »Vainqueur de son deuxième tournoi après l’Open d’Australie, Novak Djokovic a indéniablement mérité sa victoire finale à Dubaï. Invaincu depuis le début de saison avec treize matchs gagnés d’affilée, le Serbe n’a pas non plus concédé le moindre set à ses adversaires durant le tournoi émirati. Et même si Tomáš Berdych a pris le meilleur départ samedi en réalisant le break pour mener 4 jeux à 2 dans le premier set, le numéro un mondial a ensuite recollé au score sans s’affoler et sûr de sa force de patron du circuit. Au bout du compte, le Tchèque a concédé sa treizième défaite en quatorze confrontations contre Djokovic, de quoi commencer à souffrir d’un sérieux complexe d’infériorité. Il a par ailleurs essuyé sa dixième défaite en dix-huit finales disputées depuis le début de sa carrière. Le 6e joueur mondial n’a donc pas remporté le neuvième titre de sa carrière et n’a pas imité sa compatriote Petra Kvitová, vainqueur, elle, à Dubaï la semaine dernière. Autant de statistiques qui agacent quelque peu Tomáš Berdych, même s’il ne désespère pas non plus :
« Oui, deux finales en deux semaines, c’est pas mal, c’est même super. Mais ce sont deux finales perdues… Ce que je souhaite, c’est gagner, remporter un autre trophée. Mais ce n’est pas facile, je ne suis pas le seul dans ce cas, tout le monde veut gagner et la concurrence est rude. Mais il y a deux grands tournois qui approchent et ce sera une bonne occasion. »
Malgré ses deux défaites d’affilée en finale, c’est en effet avec confiance que Tomáš Berdych peut aborder les semaines à venir et notamment donc les Masters 1 000 d’Indian Wells et de Miami qui se succèdent en mars au calendrier. Auteur d’un début de saison très convaincant, comme l’a encore confirmé sa victoire contre Roger Federer en demi-finale à Dubaï vendredi dernier, le Tchèque, mine de rien, se rapproche progressivement d’un Top 5 mondial dont il a fait un de ses objectifs pour cette année.
Biathlon : première pour Moravec
C’est quand même mieux que des quatrièmes places et que le bouquet de fleurs remis par le président de la République, celui-ci fût-il de son propre pays. Quinze jours après avoir terminé deux fois au pied du podium lors des championnats du monde qui se sont tenus à Nové Město na Moravě et avoir été à la fois félicité et consolé par le chef de l’Etat Václav Klaus, Ondřej Moravec a remporté le 15 kilomètres mass-start (départ en ligne) comptant pour la Coupe du monde de biathlon dimanche à Oslo, sur le site mythique d’Holmenkollen. Sur la ligne d’arrivée, le Tchèque a devancé de 13’’7 le Français de Martin Fourcade, quintuple médaillé lors des récents Mondiaux de Nové Město, et ainsi signé la première grande victoire de sa carrière :« Gagner une épreuve de Coupe du monde est quelque chose de fantastique, et ce d’autant plus à Holmenkollen, qui est un endroit spécial et symbolique pour le ski nordique. J’avais déjà terminé à plusieurs reprises à des places d’honneur cette saison que ce soit en Coupe du monde ou aux Mondiaux, et j’attendais donc cette victoire. C’est un petit soulagement, car gagner est quand même le but de tout sportif de haut niveau. C’est donc une belle satisfaction. »
Une satisfaction d’autant plus belle que, comme le veut la tradition à Holmenkollen, ce succès a valu à Ondřej Moravec une audience dans la loge du roi de Norvège Harald V à l’issue de la course.
Avant le début de cette saison, le meilleur résultat du Tchèque avait été une 12e place en Coupe du monde. Mais avec les progrès réalisés depuis en l’espace de quelques mois, c’est désormais avec des ambitions revues à la hausse que Moravec, à 28 ans, peut envisager la suite de sa carrière :
« Je l’ai déjà dit aux Mondiaux à Nové Město, mon but est de gagner une épreuve aux championnats du monde ou aux Jeux olympiques. Bon, gagner à Holmenkollen n’est pas mal non plus, c’est une belle consolation, surtout que j’ai été très agréablement surpris par le roi de Norvège. Il s’est comporté tout à fait normalement et si je l’avais croisé ailleurs que dans sa loge, je n’aurais jamais su que c’était le roi. Mais aussi belle soit-elle, une victoire en Coupe du monde ne vaut pas un titre de champion du monde. Je suis passé tout près dans deux courses à Nové Město, en plus devant le public tchèque, mon prochain objectif maintenant sera donc les Jeux olympiques. »
Lors des Jeux de Sotchi l’année prochaine, certains des espoirs tchèques de médaille reposeront donc partiellement sur les épaules d’un Ondřej Moravec dont le succès à Oslo a confirmé la nouvelle montée en puissance du biathlon en République tchèque. Tout le contraire en somme du ski nordique, et notamment du ski de fond, dont les championnats du monde à Val di Fiemme se sont achevés dimanche sans la moindre médaille tchèque…